Beaucoup d'informations dans cette période incertaine que nous traversons.
Des questions: comment en sommes nous arrivés là?.. Responsabilité de l'Allemagne?.. le jeu de l'Europe?..
La grande difficulté de reconnaître ses erreurs...!!
Interview de notre expert qui éclaire un peu plus la situation ubuesque du fonctionnement erratique des énergies renouvelables intermittentes en Allemagne.
(Pour compléter l'article de JP Riou envoyé la semaine dernière qui a suscité à juste titre beaucoup d'intérêt)
Un échec patent que les pays du nord ne souhaitent pas partager
« C’est la foudre nordique qui s’abat sur l’Energiewende » JP Riou (Interview)
Nouvelle déconvenue pour la transition énergétique allemande que l’Europe entière commence à connaitre sous le nom d’Energiewende. Le 6 novembre 2024, toute sa production éolienne s’est brutalement effondrée en fournissant moins de 1 GW pendant plus de 30 heures, une situation qui vient de se reproduire le 12 décembre … et tout cela malgré les 71920 MW éoliens installés. La conséquence de ce phénomène appelé Dunkelflaute est l’explosion des prix à court terme de l’électricité (marché spot), mais également, un risque de désorganisation du marché européen de l’électricité notamment avec les pays nordiques : ce qui a été immédiatement dénoncé par Terje Aasland, ministre norvégien de l’énergie, et également par Ebba Busch, la ministre suédoise de l’énergie. Pour comprendre en détail les mécanismes de ce jeu de dominos Jean-Pierre Riou, chroniqueur indépendant sur les thématiques énergie a bien voulu répondre à nos questions.
The European Scientist : L’Allemagne vient d’être affectée par deux épisodes prolongés et tant redoutés sans vent ni soleil, qu’elle nomme « Dunkelflaute ». Aurait-elle pu éviter une rupture d’approvisionnement sans le secours de ses voisins ?
Jean-Pierre Riou : Oui. L’Allemagne sait parfaitement qu’en cas de pic de consommation, elle ne peut compter sur aucune production solaire et que l’éolien ne saurait garantir plus de 1% de sa puissance installée. C’est la raison pour laquelle elle dispose d’un doublon intégral pilotable. Contrairement à la France, elle a fait le choix de subventionner des centrales thermiques en réserve du réseau avec l’interdiction pour elles de vendre sur le marché. C’est notamment le cas de la centrale à gaz d’Irsching pour laquelle son exploitant Eon, qui perdait de l’argent malgré les subventions, a menacé d’aller en justice pour obtenir le droit de fermer (1), mais n’a pas obtenu gain de cause face aux injonctions du gestionnaire de réseau. (2)
Le scénario de référence de l’institut Fraunhofer (désormais nommé « ouvert aux technologies ») ne prévoit d’ailleurs aucune réduction de la puissance pilotable installée. Au contraire, cette puissance est supposée passer de 86 GW en 2025 à 146 GW en 2045 sous forme de centrales à gaz. La principale différence avec le précédent scénario étant la proportion importante d’hydrogène, avec 96 GW, contre 1 ou 2 dans « référence ».
En tout état de cause, l’Allemagne disposait donc de la puissance nécessaire, et a dû redémarrer les centrales les plus coûteuses qui ont déterminé le prix du marché. D’où son envolée à presque 1000 €/MWh.
TES.: Ce n’est donc pas le nucléaire français qui a sauvé le système allemand ?
JPR.: Effectivement, on ne peut pas le prétendre. Mais ce n’est pas pour autant que les lois du marché l’ont empêché d’acheter chez ses voisins où le cours était inférieur. Du moins jusqu’à ce que les interconnexions soient saturées. Car pendant plus de 30 heures où les 78,5 GW éoliens installés n’ont même pas atteint la puissance d’1 GW, l’Allemagne importait en permanence, notamment de la France, plus de 10 GW et même 17 GW le 12 décembre à 8h30. Le différentiel des cours qui s’est creusé avec ses voisins à partir de 3 h du matin est d’ailleurs le symptôme de cette saturation des interconnexions.
TES.: Mais alors, pourquoi les cours ont-ils également flambé en Suède, et surtout en Norvège où l’électricité est hydraulique pour plus de 90 % ?
JPR.: Le grand marché interconnecté de l’électricité est destiné à exporter les surproductions aléatoires des énergies renouvelables mais permet également de mutualiser les problèmes. C’est la raison de la colère de Terje Aasland, ministre norvégien de l’énergie, qui a qualifié cette situation de « absolument merdique » (“It’s an absolutely shit situation.”) En effet, les interconnexions ont permis à l’Allemagne et au Danemark, qui subissait la même panne de vent, de « siphonner » la production des réservoirs hydrauliques norvégiens qui étaient alors pleins, ainsi que l’explique le média spécialiste de l’énergie OilPrice (3), et de contaminer ainsi le marché norvégien de l’électricité avec 898 €/MWh à 17 heures, alors que le pays ne connaissait même pas de vague de froid.
TES.: Quel enseignement pensez-vous devoir tirer de cette situation ?
JPR.: La Norvège, tout comme la Suède sont des modèles de mix électrique. Non pas pour leurs promesses, comme l’Allemagne, mais pour les performances climatiques bien réelles de leurs mix quasiment exempts d’émission de CO2. La Norvège grâce à 90% d’électricité hydraulique la Suède avec 40% hydraulique et 30% nucléaire. Ce sont ces 2 pays qui ont tiré depuis plusieurs années l’enseignement que vous sollicitez. L’un comme l’autre a décidé de se replier sur le réseau nordique et manifesté leur volonté de se déconnecter du reste de l’Europe pour éviter d’être affecté par les errements de sa politique énergétique. Refusant ces nouvelles interconnexions, le gouvernement suédois a considéré que le marché allemand qui « ne fonctionne pas de manière efficace » risquait de contaminer le marché nordique. Le réseau (4) nordique permet des échanges avec la Finlande, le Danemark, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie. Avec ceux de la Finlande, qui a également développé l’hydraulique parallèlement au nucléaire, les barrages norvégiens et suédois ont largement la capacité d’amortir les aléas de la production danoise qui, avec une trentaine de TWh par an, représente moins du tiers de la production annuelle de chacun d’eux. Mais le développement des interconnexions les expose désormais aux aléas d’un grand pays comme l’Allemagne.
Ce repli s’est manifesté à plusieurs reprises par le refus de nouvelles interconnexions, mais aussi par celui de renouveler les interconnexions existantes, avec l’Allemagne ou la Grande Bretagne, mais également avec leur voisin danois, lui-même fortement interconnecté avec le reste de l’Europe, particulièrement avec l’Allemagne.
TES.: Pensez-vous que cette prise de distance nordique peut influer sur la politique énergétique européenne ?
JPR.: Cette politique européenne s’apparente à une fuite en avant dont la viabilité repose sur une mutualisation toujours plus large et plus lointaine des problèmes générés par la priorité donnée au développement de l’intermittence. Le coût de ces interconnexions se chiffre en centaines de milliards d’euros, pour les conséquences qu’on vient notamment de voir en Suède et en Norvège. Ils sont nécessaires à la poursuite de cette politique dogmatique car personne n’ignore qu’en cas de météo favorable, le marché allemand ne saurait suffire à absorber les 779 GW éolien-solaire prévus dans le scenario Fraunhofer pour 2045. Mais plus qu’une restriction des débouchés vers le nord, j’y vois le signal fort de 2 pays cumulant la réussite climatique de leur mix électrique et une situation économique enviable, qui préfèrent tourner le dos à la poursuite de nos dangereuses chimères pour se consacrer au maintien de leur compétitivité. Selon Bloomberg (5), l’économie allemande aurait atteint un point de non-retour et s’écroulerait désormais de façon « irréversible » au moment où l’Europe aurait le plus besoin d’elle. L’augmentation du coût de l’énergie en serait la principale raison. Les prochaines élections pourraient bien rebattre les cartes avec l’arrivée de Friedrich Merz, favorable au redémarrage des réacteurs nucléaires (6). Mais parvenu à un tel bilan, qu’il doit être difficile de déclarer que l’Allemagne s’est trompée !
(2) Notons qu’après la prolongation de leur obligation de rester en réserve du réseau jusqu’à avril 2019, ces 2 groupes Irsching4 et Irsching5, dont le rendement de 61% est le meilleur d’Allemagne leur exploitant a annoncé leur retour sur le marché le 1er octobre 2020, et la construction d’une nouvelle unité de 300 MW (Irsching 6) dédiée à la réserve du réseau. Selon Gas to Power Journal, ce projet aurait alors été « stipulé par le législateur allemand . » Force est de regretter que le peu d’heures de fonctionnement de ces centrales à gaz (respectivement 7h et 33h équivalentes de fonctionnement en 2019) ait été préféré au remplacement du lignite (6490h en moyenne en 2018) selon Energy & Hydrogen qui dénonce la raison économique de la balance commerciale des matières premières
Tous les liens sont disponibles dans https://lemontchampot.blogspot.com/2024/12/energiewende-une-situation-absolument.html
Extrait d'un article du monde sur les conséquences de l'énergie chère en Europe
L’Europe étranglée par l’énergie chère, Le Monde, 17/12/2024 EXTRAIT
« L’Europe décroche ». Depuis la guerre en Ukraine, le prix du gaz européen oscille entre trois et cinq fois celui des Etats-Unis, étouffant le tissu industriel. Quant à la transition énergétique, censée réduire la dépendance, elle se traduit mal dans les prix, faute d’interconnecteurs entre les pays.
Presque trois ans après le début de la guerre en Ukraine, les répliques du choc gazier n’en finissent pas de se propager à travers l’Europe. Bien sûr, la grande crainte du black-out de 2022, quand le président russe, Vladimir Poutine, a unilatéralement mis fin à l’essentiel de l’approvisionnement en gaz, a disparu. Les stocks sont, aujourd’hui, bien remplis, et les risques de pénurie faibles. Mais la panique a été remplacée par un problème beaucoup plus profond : celui de l’érosion de long terme de la compétitivité européenne.
« Tant que les entreprises paieront plusieurs fois le prix de l’énergie des Etats-Unis ou de la Chine, il sera impossible d’être compétitif », avertissait Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), lors d’une conférence, en octobre, à l’Agence internationale de l’énergie. Son rapport remis à la Commission européenne, en septembre, souligne que le prix du gaz en Europe est désormais trois à cinq fois plus élevé que celui des Etats-Unis, contre deux à trois fois avant la guerre en Ukraine. En cette mi-décembre, il tourne autour de 14 dollars par BTU (environ 13,3 euros par British thermal unit, une unité de volume), contre 3 dollars outre-Atlantique.
Le choc gazier – comme on parlait des chocs pétroliers dans les années 1970 – n’a pas été un phénomène passager, mais un changement de long terme. L’Europe consomme encore un peu de gaz russe, mais celui-ci ne représente plus que 12 % de ses importations, contre 50 % avant la guerre. Le Vieux Continent est donc dépendant du gaz naturel liquéfié importé essentiellement des Etats-Unis et du Qatar. « Malheureusement, il va falloir s’habituer à dépendre de la volatilité des prix du gaz », constate Szymon Kardas, du groupe de réflexion European Council on Foreign Relations (ECFR, Conseil européen pour les relations internationales).
Fermeture des usines
Une à une, les entreprises en tirent les conséquences. A l’automne 2022, Svein Tore Holsether, le patron de Yara, numéro un mondial des engrais azotés, estimait que son industrie en Europe était « comme le textile dans les années 1990 ». Comprendre : sur le point d’être décimé. Deux ans plus tard, le processus de délocalisation est engagé. Yara, dont le siège est en Norvège, utilise comme matière première le gaz naturel, qu’il transforme en ammoniaque, un liquide utilisé ensuite pour fabriquer les engrais. Dans la panique de l’hiver 2022, l’entreprise a été contrainte de fermer certaines unités de production qui étaient devenues déficitaires. L’une d’entre elles, en Italie, est restée éteinte plus d’un an.
Après l’urgence, l’heure est à la restructuration. Yara vient d’annoncer la fermeture du site de production d’ammoniaque de Tertre, en Belgique. Son usine de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), ferme également – même si celle-ci ne fabriquait pas directement de l’ammoniaque, mais l’importait. A la place, Yara délocalise sa production. « Nous sommes dans une situation privilégiée, parce qu’on peut produire de l’ammoniaque dans d’autres parties du monde », vante M. Holsether.
Il étudie un très gros investissement aux Etats-Unis. D’après ses calculs, en incluant les aides de l’Etat américain pour mettre en place un système de capture du CO2, le prix pour produire de l’ammoniaque outre-Atlantique sera quatre fois moins cher qu’en Europe. « Heureusement qu’on est présent à l’international, cela permet de soutenir nos résultats quand le flot de trésorerie est faible en Europe », conclut-il.
Une longue liste d’entreprises suit le même chemin, se retirant d’Europe pour mieux s’étendre dans le reste du monde. L’allemand BASF, mastodonte de la chimie, a réduit son activité sur son site historique de Ludwigshafen (Rhénanie-Palatinat), tout en réalisant le plus gros investissement étranger de son histoire en Chine.
Le sidérurgiste ArcelorMittal envisage une expansion en Alabama, alors qu’il ferme ses sites de Reims (Marne) et de Denain (Nord). Le chimiste américain Celanese a annoncé la fermeture de trois usines en Europe (en France, en Espagne et en Belgique), alors qu’il s’étend au Texas et à Nankin, en Chine. Son concurrent allemand Evonik a mis en place un plan de suppression de 2 000 emplois, essentiellement en Allemagne, et envisage la vente de son usine de Ham (Somme), mais se développe à Charleston (Caroline du Sud) pour des produits destinés aux pneus.
Lent déclin historique
La casse sociale commence à être violente. En mars, environ 850 000 emplois dans l’industrie avaient déjà été perdus en quatre ans à travers l’Union européenne (UE), selon une étude de l’European Trade Union Institute. L’Allemagne, qui demeure la colonne vertébrale industrielle de l’Europe et emploie 7,5 millions de personnes dans ce secteur, est le premier pays à subir le choc. Depuis un point haut fin 2017, sa production industrielle a chuté de 17 %, et celle des industries énergivores de 23 %, avec un effondrement soudain depuis la guerre en Ukraine. La réindustrialisation tant revendiquée par les autorités européennes ressemble pour l’instant à une désindustrialisation.
Pour Helen Thompson, professeure d’études internationales à l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, il s’agit de la poursuite d’un lent déclin historique du Vieux Continent. « L’Europe occidentale a dominé le XIXe siècle grâce au charbon. Ensuite, on est entré dans l’ère du pétrole, mais celui-ci a longtemps été peu cher. Les chocs pétroliers des années 1970 y ont mis fin, mais cet effet a été adouci par le gaz russe. C’est terminé. Et dans le même temps, les Etats-Unis sont redevenus exportateurs nets de gaz et de pétrole. » Cet appauvrissement européen se résume en deux chiffres : en 2019, la facture d’importation d’énergies fossiles de l’UE s’élevait à 341 milliards d’euros ; en 2023, c’était 416 milliards d’euros, alors même que la consommation de gaz avait baissé.
Voilà pour le secteur industriel. Le choc est cependant loin de s’y limiter, parce que les prix du gaz dictent aussi ceux de l’électricité. Pour les ménages, la facture a doublé en moyenne, en zone euro, entre 2021 et 2023, avant de légèrement reculer depuis un an.
« On a complètement manqué l’occasion de réformer le marché de l’électricité », s’agace Natalia Fabra, spécialiste de l’énergie à l’université Charles-III de Madrid. Ne pouvant pas – ou mal – se conserver, la production d’électricité doit en permanence s’adapter à la demande. Cela nécessite d’avoir des centrales prêtes à entrer en fonction pour répondre aux besoins. En Chine, cet ajustement se fait par les centrales à charbon ; en Europe, il vient du gaz. Et comme c’est la dernière centrale à entrer en fonction qui dicte les prix, toute l’électricité européenne fluctue avec les marchés du gaz.
Jusqu’à l’absurde, souligne M. Draghi : « Le gaz ne produit que 20 % de l’électricité européenne, mais dicte les prix 63 % du temps. On a absolument besoin de découpler l’un de l’autre. » « L’Europe a failli, confirme Mme Fabra. Alors que nous avons du nucléaire et des renouvelables, nous payons notre électricité au prix du gaz. Quelles que soient nos ressources en bas carbone, les consommateurs n’en voient pas les bénéfices. »
Victoire des défenseurs de la biodiversité
France Nature Environnement traîne EDF en justice pour la mort de centaines de faucons au pied des éoliennes d'Aumelas
De Guillaume Roulland
C'est une première en France. L'association France Nature Environnement est parvenue à emmener EDF devant un tribunal pénal pour destruction d'une espèce animale protégée. Cette affaire a été jugée hier devant le tribunal correctionnel de Montpellier. Et EDF risque gros dans l'affaire...
France Nature Environnement, association de protection de la biodiversité, a saisi la justice en citation directe, car elle tient EDF et sa filière Energies Renouvelables pour responsable de la mort de plusieurs centaines de faucons crécerelettes sur le causse d'Aumelas.
En cause, sept parcs éoliens exploités par EDF
Entre 2017 et 2021, ce sont en effet plus de 300 oiseaux qui ont été retrouvés morts au pied de ces éoliennes. Car EDF n'aurait pas pris toutes les précautions nécessaires pour éviter ce véritable massacre.
Dans ces réquisitions, le parquet a frappé plutôt fort en réclamant 750.000 euros d'amende (dont 500.000 avec sursis) ainsi qu'un arrêt de l'activité pour chacune des sociétés exploitantes travaillant pour EDF. Le procureur a aussi requis six mois de prison avec sursis et 150.000 euros d'amende (dont 100.000 avec sursis) pour le PDG d'EDF Renouvelable, Bruno Bensasson, absent à l'audience, mais représenté par son avocat.
Aurélien Besnard, bio-statisticien au CNRS et spécialiste de l'impact des activités humaines sur le monde animal, a été cité comme témoin par l'association FNE dans ce procès. Et il est donc venu témoigner des dégâts faits par les éoliennes sur les faucons crécerelettes.
"Pour le parc d'Aumelas, on a des chiffres assez précis sur la mortalité" explique à la barre le scientifique. "Les calculs qu'ont a fait montrent que la population de faucons crécerelettes serait deux fois plus importante aujourd'hui s'il n'y avait pas les éoliennes."
Simon Popy, président de FNE OcMed (Occitanie Méditérranée) a suivi lui, sans intervenir mais avec beaucoup d'attention les débats. Ce procès est une grande première en France et il doit désormais et selon lui servir d'avertissement.
"Ça fait plus de dix ans qu'on se bat pour faire respecter le code de l'environnement sur ce causse d'Aumelas. On attend qu'EDF comprenne qu'à partir de maintenant, il doit le respecter !"
Le jugement sera rendu le 17 mars 2025.
Le président de l'Agence International de l'Energie (AIE) expose les 3 erreurs de l'Europe
Industrie : voici les trois erreurs de l’Europe selon l’AIE, Économie Matin, 11/12/2024
Fatih Birol, directeur exécutif de l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), a dressé un constat préoccupant sur l’état de l’industrie européenne qu’il estime être lourdement pénalisée par les prix de l’énergie sur le Vieux Continent. Lors d’une intervention au colloque de l’Union française de l’électricité (UFE) le 10 décembre 2024, il a exprimé son inquiétude face à une situation énergétique qui, selon lui, menace l’avenir de la compétitivité et du poids économique du continent.
Industrie : un prix du gaz bien trop cher en Europe
« Le prix du gaz naturel en Europe est cinq fois plus élevé que celui des États-Unis et le prix de l'électricité en Europe est trois fois plus élevé qu'en Chine », a-t-il déclaré, estimant que ce sont entre autres ces disparités dans les prix de l’énergie, dont l’industrie est plus que friande, qui affaiblissent l’industrie européenne sur la scène internationale. Ces coûts, inégalés ailleurs, rendent difficile pour les industriels du continent de rivaliser avec leurs homologues américains ou chinois, notamment dans des secteurs stratégiques comme la métallurgie, la chimie ou l’aluminium.
Fatih Birol a souligné que cette crise énergétique est exacerbée par des décisions stratégiques qui se sont avérées, avec le recul, dévastatrices pour l’Europe. Il a rappelé que « l'Europe a commis trois erreurs stratégiques » : une trop grande dépendance au gaz russe, un désintérêt pour l'énergie nucléaire et l'abandon des investissements dans le solaire. Ce dernier point est particulièrement frappant, car « la Chine fabrique aujourd'hui 80 % des panneaux solaires, il y a 20 ans, la France était le leader ».
Le désintérêt pour le nucléaire est un cas d'école : la seule usine au monde capable de recycler et ré-enrichir l’uranium des réacteurs nucléaires français se trouve à Tomsk en Russie. Or, si cette situation ne présentait jusque-là pas vraiment de problèmes, l'attaque de la Russie contre l'Ukraine suivie de la guerre qui dure depuis plus de deux ans remet tout en question. La Commission européenne pourrait décider de sanctionner l'armateur et l'assureur du bateau qui transporte l'uranium usagé des centrales nucléaires européennes, donc en particulier les françaises, vers l'usine russe. Ce qui, de fait, pourrait mener l'Europe dans une impasse.
Un nouveau plan pour l’industrie
Au-delà du constat, Fatih Birol appelle à une prise de conscience urgente et à une mobilisation sans précédent. « L'Europe doit se pencher d'urgence sur ces questions et élaborer un nouveau plan directeur pour l'industrie », a-t-il affirmé, tout en soulignant que les solutions doivent être ambitieuses, coordonnées et tournées vers l’avenir. Selon lui, il est impératif de soutenir les industries existantes tout en investissant massivement dans les technologies propres, comme les électrolyseurs, les batteries et les infrastructures solaires et éoliennes.
Le directeur de l’AIE a également insisté sur l’importance de réfléchir à une stratégie commerciale plus affirmée pour protéger les intérêts de l’Europe. « Il est peut-être nécessaire d'avoir une politique commerciale plus musclée de l'Europe », a-t-il déclaré, en référence aux pressions concurrentielles internationales qui fragilisent les positions européennes dans de nombreux secteurs.
L’Europe entre dans une période « décisive »
Cette période est, selon Fatih Birol, un moment décisif pour le continent. « L'industrie européenne, ou plus précisément l'industrie manufacturière, entre dans une période décisive qui pourrait avoir des conséquences importantes pour l'économie européenne, le poids de l'Europe dans les affaires étrangères et la sécurité de l'Europe », a-t-il averti. Il lance de fait une véritable alerte sur l’urgence d’agir pour éviter que l’Europe ne perde encore davantage de terrain dans la course mondiale.
Le message de Fatih Birol est clair : l’Europe doit non seulement répondre à la crise énergétique actuelle, mais aussi transformer cette menace en une opportunité de réinventer son modèle industriel. Mais pour ce faire, il faut une révision de ses priorités stratégiques, des investissements massifs dans les technologies de demain, et une vision politique forte pour consolider son avenir.
Un peu d'histoire avec l'interview d'Hervé Machenaud, ancien directeur exécutif d'EDF
Hervé Machenaud : « Nous dépendons de l’étranger, alors qu’avec le nucléaire, nous étions presque indépendants à 100 % », Epoch Times, 12/12/2024
ENTRETIEN – Dans un entretien accordé à Epoch Times, l’ancien directeur exécutif d’EDF, Hervé Machenaud revient sur les conséquences de la politique de développement des énergies intermittentes pour la France. Il analyse également comment l’Allemagne cherche, depuis des années, à imposer son modèle de transition énergétique à ses voisins.
Epoch Times – Dans une lettre ouverte publiée dans Le Point le 1er décembre, vous dénoncez, ainsi que d’anciens dirigeants d’entreprises, ministres, parlementaires, hauts-fonctionnaires la poursuite de « la politique de développement accéléré des énergies intermittentes » prévue par le projet de Programmation Pluriannuelle de l’Énergie. Quelles ont été, selon vous, les conséquences les plus graves de cette politique ? La perte de souveraineté ?
Hervé Machenaud – Derrière ce développement accéléré des énergies intermittentes, se cache en réalité une politique antinucléaire. Si le nucléaire avait été considéré, objectivement comme une énergie permettant de produire de l’électricité de manière propre et pilotable, nous n’aurions jamais eu besoin des énergies renouvelables.
Malheureusement, les Allemands, rejetant le nucléaire, ont mis en œuvre explicitement une politique de transition énergétique (energiewende en allemand) qui a conduit à développer massivement les énergies renouvelables.
En France, tout s’est fait de manière plus sournoise : depuis François Mitterrand, l’énergie, l’industrie et l’environnement ont été le plus souvent rassemblés dans un seul ministère. De plus, la plupart des ministres de l’Environnement de ces quarante dernières années, jusqu’au revirement de 2022, ont été notoirement antinucléaires. Je pense notamment à Corinne Lepage, Dominique Voynet, Yves Cochet, Ségolène Royal, Nicolas Hulot et Barbara Pompili.
Cette politique implicite antinucléaire a atteint son paroxysme sous le quinquennat de François Hollande quand ce dernier a annoncé la fermeture de quatorze centrales pour faire plaisir aux écologistes.
Ensuite, il fallait trouver un substitut au nucléaire : le renouvelable. Mais à partir de là, nos dirigeants et pas seulement eux, se sont racontés et nous ont raconté un roman. On nous a annoncé la construction d’une filière industrielle du renouvelable avec des entreprises comme Alstom, Areva etc. Évidemment, rien n’a été fait.
Aujourd’hui, on ne peut que constater notre affaiblissement en termes de souveraineté énergétique. Des pays comme la Chine ont un avantage compétitif majeur sur nous, et même les États-Unis et l’Allemagne, sur le renouvelable. Les Chinois construisent plusieurs centaines de gigawatts d’éolien et de solaire par an. C’est considérable.
Maintenant, nous dépendons de l’étranger, alors qu’avec le nucléaire, nous étions presque indépendants à 100 %.
Comment avez-vous vécu tout au long de votre parcours à EDF le développement de cette politique ? EDF avait-il alerté nos dirigeants sur les dangers qu’elle représentait ?
À l’occasion de différentes réunions du Comité Exécutif (Comex), j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur cette politique.
J’ai même dit une fois, il y a une quinzaine d’années qu’elle constituait une impasse et qu’elle conduirait la France à la ruine. Mais on m’a fait comprendre que c’était comme ça et pas autrement.
Vous dénoncez également dans la lettre ouverte les « directives européennes qui « refusent la prise en compte de la contribution de l’énergie nucléaire à la décarbonation et sanctionnent financièrement la France, pour imposer le modèle de transition énergétique allemand d’« Energiewende ». Peut-on affirmer que l’Allemagne, à travers l’UE, a cherché à imposer son modèle aux autres pays membres de l’UE ?
C’est tout à fait clair ! Aujourd’hui, la politique énergétique de l’UE est une politique allemande.
D’ailleurs, les Allemands sont obligés de l’imposer parce qu’ils ont 200 gigawatts d’énergie renouvelable qu’ils ne peuvent pas absorber quand il y a du vent et du soleil. Ils sont donc contraints d’en exporter vers les pays voisins.
Mais quand il n’y a pas de vent et de soleil, ce qui est le cas en ce moment, ils doivent importer massivement. En réalité, le système énergétique des Allemands est fondé sur l’imposition de leur modèle aux autres pays européens.
Au-delà de l’Europe, l’énergie nucléaire a fait l’objet d’une forte opposition en France, notamment de la part d’une partie de la classe politique. Comment expliquez-vous ce « nucléaire bashing » ?
L’École de guerre économique a produit une excellente analyse sur le sujet. Le mouvement antinucléaire est né en Allemagne après la Seconde Guerre mondiale. Voyant ce qui était arrivé aux Japonais, les Allemands ont imaginé que la bombe nucléaire aurait pu tomber sur eux.
Par conséquent, en pleine guerre froide, au moment du plan Marshall et de l’installation envisagée de missiles nucléaires en Allemagne pointés vers la Russie, une espèce d’angoisse s’est emparée de la société, plus particulièrement des partis de gauche. À l’époque, les Soviétiques ont utilisé cette opposition pour empêcher l’implantation de missiles en Allemagne et ont encouragé et même financé par l’intermédiaire d’ONG le mouvement antinucléaire.
D’ailleurs, dans les années 1980, peu de temps après que la France ait lancé son programme nucléaire, la violence des mouvements antinucléaires, essentiellement alimentés par l’Allemagne, était extrêmement forte. Encore plus forte qu’elle ne l’est aujourd’hui.
À l’époque, le directeur de l’équipement d’EDF en charge du programme nucléaire, se déplaçait dans une voiture blindée. Son épouse emmenait ses enfants à l’école tous les jours dans une voiture différente, en empruntant un itinéraire différent. Il y a également eu un attentat au domicile du président d’EDF. L’hostilité à cette énergie ne date pas d’hier.
Néanmoins, de nos jours, l’anti-nucléarisme est alimenté par le poids économique du renouvelable : des milliards d’euros de profits sont réalisés par des promoteurs qui sont subventionnés par le contribuable français. Il faut d’ailleurs comprendre que derrière ces promoteurs se trouve l’industrie du gaz. Ce n’est pas moi qui le dit, mais le PDG de Total Energies Patrick Pouyanné : « Derrière chaque éolienne, il y a du gaz ».
Quelle politique énergétique devrait être mise en œuvre, à l’heure actuelle, en France qui soit à la fois, respectueuse de l’environnement et pertinente sur le plan économique ?
Il faut impérativement relancer une politique nucléaire digne de ce nom, en employant également l’hydraulique et marginalement le gaz.
L’avantage du nucléaire est double : il constitue le meilleur moteur de la réindustrialisation de la France, en plus d’être pilotable et complètement décarboné, notamment par rapport à l’éolien ou le solaire.
Le kilowattheure nucléaire représente trois grammes de CO2 par kilowattheure, alors que nous sommes à 9 grammes pour l’éolien et environ 25 pour le solaire.
Mme Pannier Runacher défend le nucléaire à Bruxelles.
Dommage qu'elle soit adepte du en "même temps" et prône le développement des EnR intermittentes
La Commission européenne n’a pas renoncé à saboter la stratégie nucléaire française
par La rédaction
C’est une constante depuis plus d’une décennie à Bruxelles. La tentative permanente de remettre en cause le modèle énergétique français construit sur le nucléaire par une alliance inédite d'eurocrates et de politiques « progressistes ». Leur ambition est d'imposer à tous et par tous les moyens le modèle allemand du tout renouvelables. Peu importe, s'il s'agit d'un échec cinglant qui s'est traduit par une envolée des prix de l’électricité, les plus élevés d’Europe, des performances médiocres de baisse des émissions et une menace grandissante de pénuries. Cela fait deux mois que faute de vent, l'Allemagne importe massivement l'électricité nucléaire française. Dernier épisode en date de la bataille souterraine à Bruxelles, une passe d’armes entre le tout nouveau Commissaire européen de l'énergie, le Danois Dan Jørgensen, adversaire historique du nucléaire, et la Française Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de l'Écologie et de l'Énergie.
C’est un feuilleton qui se poursuit depuis des années à Bruxelles dans les couloirs de la Commission européenne et dans ceux du Parlement européen. Technocrates et politiques « progressistes » entendent par tous les moyens imposer leur stratégie de transition énergétique qui passe par le tout renouvelables. Peu importe que cette stratégie soit un échec comme le montre de façon éclatante l’exemple allemand de l’Energiewende. Après avoir investi 600 milliards d’euros dans les renouvelables, l’Allemagne se retrouve avec l’électricité la plus chère d’Europe et quand il y a peu de vent et de soleil, comme depuis plusieurs semaines, elle est contrainte d’importer massivement… l’électricité nucléaire française.
Mais à Bruxelles l’idéologie et les calculs politiques ont pris le pas depuis longtemps sur les réalités physiques et économiques. Ce qui explique d’ailleurs le rejet croissant des institutions européennes. Avec la stratégie qu’elles imposent depuis plus d’une décennie, les gains en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas au rendez-vous et l’intermittence des renouvelables éolien et solaire contraint à avoir des moyens de production d’électricité dits pilotables qui sont la plupart du temps fossile, au gaz ou au charbon.
La Commission ne reconnait jamais ses errements
Cela se traduit par la nécessité d’avoir des capacités de production bien plus importantes que la demande, ce qui rend les investissements dans les équipements de substitution peu ou pas rentables et en outre, cela déstabilise les marchés de l’électricité. Car quand les conditions météorologiques sont favorables aux renouvelables intermittents, la production est trop importante et les prix s’effondrent et quand elle est insuffisante, en général en fin de journée quand la demande est la plus forte, les prix s’envolent…
Le nucléaire apporte une solution à ce problème, même si elle n’est pas techniquement optimale car le fonctionnement des réacteurs n’a pas la souplesse des turbines à gaz. Mais le nucléaire fournit une production dite de base, abondante, totalement décarbonée et non intermittente sur laquelle il est plus facile de construire un système électrique fiable et avec des prix prévisibles et à peu près maîtrisés.
Mais la Commission européenne persiste dans l’erreur. Nouvelle illustration, la passe d’armes qui n’augure rien de bon entre le tout nouveau commissaire européen de l’énergie, le Danois Dan Jorgensen, adversaire historique du nucléaire, et la Française Agnès Pannier-Runacher, ministre démissionnaire de l’Ecologie et de l’Energie.
La tentative de tromperie du nouveau Commissaire européen à l’énergie
Lors d’un Conseil des ministres européens de l’énergie, qui s’est tenu le 16 décembre, celle-ci a dû intervenir pour empêcher une modification importante d’un texte essentiel sur les objectifs énergétiques européens. Le diable se cache dans les détails. La lettre de mission de Dan Jørgensen, qui précise ses priorités politiques, avait été modifiée à la dernière minute lui demandant de « soumettre une initiative pour booster le déploiement du stockage de l’énergie et des énergies renouvelables, y compris en proposant un objectif pour les renouvelables en 2040 ». Cela ne figurait pas dans la version de la même lettre de mission soumise le 17 septembre lors des auditions des commissaires par le Parlement européen.
Agnès Pannier-Runacher a indiqué qu’il était hors de question que l’Union européenne impose un objectif précis de parts des énergies renouvelables dans la production électrique d’ici 2040. « Une telle cible semble contredire le principe de neutralité technologique […] et crée un risque de discrimination », a-t-elle fait valoir.
Deux mois sans vent en mer du nord
La France ne veut pas que l’objectif, déjà inatteignable et irréaliste, de 42,5% de renouvelables dans le mix énergétique en 2030 imposé aux Etats de l’Union soit encore augmenté… pour le seul bénéfice de la communication politique de la Commission et du Commissaire.
« Cela fait deux mois qu’il n’y a pas de vent en mer du Nord et que les éoliennes produisent peu, tous les pays du Nord importent massivement de l’électricité nucléaire française. Pourquoi se fixerait-on un objectif qui dépend de facteurs qu’on ne contrôle pas », souligne-t-on au cabinet de la ministre française. Et de mettre en avant l’échec allemand, ce qui est presque trop facile. En 2023, la France qui n’est pas sortie du nucléaire comme l’Allemagne était à 22,2% d’énergies renouvelables dans son mix énergétique, mieux que l’Allemagne avec 22%…
Après avoir tenté de faire modifier subrepticement sa lettre de mission, Dan Jørgensen a semblé faire machine arrière. « Nous devons évidemment formuler les politiques pour atteindre cet objectif [sur les renouvelables] d’une manière qui ne porte pas préjudice à la possibilité d’utiliser également d’autres technologies propres, des technologies neutres en carbone comme par exemple le nucléaire », a-t-il déclaré. Il doit tenir compte, à défaut de la réalité énergétique, des rapports de force politique. L’Alliance du nucléaire qui regroupe 12 pays européens (et 3 observateurs) et a été lancée en février 2023, notamment à l’initiative d’Agnès Pannier-Runacher, s’est réunie le 16 décembre, en marge du Conseil, en présence de Dan Jørgensen…
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