19/05/25 Renouvelable intermittent : une pause s'impose ! Courrier adressé à l'ensemble de nos élus
- Vent Contraire en Touraine & Berry
- 19 mai
- 6 min de lecture
Le 19 mai 2025
Objet : Energies renouvelables intermittentes, une pause s’impose !
A l’attention de Mesdames et Messieurs les Maires
Mesdames et Messieurs les Conseillers municipaux
Chers élus,
Le 29 avril le CEREMA a produit un document reprenant les zones d’accélération d’énergies renouvelables (ZAER), remontées par les communes dans le cadre de la loi APER. Vous trouverez la synthèse en annexe 1.
Que constate-t-on ?
L’éolien qualifié de 1% des ZAER, en réalité, n’atteint même pas ce pourcentage. Signe d’un rejet massif de cette énergie destructrice et coûteuse, qui s’est traduit par un report vers le photovoltaïque. Cette fuite en avant n’est pas pour autant raisonnable pour la stabilité des réseaux et eu égard à son coût pour les Français.
A ce jour, selon la sage décision du Premier Ministre, la PPE3 n’est pas passée par décret, face aux protestations et à l’indignation de nombreux experts, scientifiques, élus, chefs d’entreprises. *
Les évènements lui donnent raison.
Sans un socle solide d’énergie pilotable (nucléaire, hydraulique, thermique ..) la menace est grande pour la stabilité des réseaux, comme cela avait été mis en évidence par les alertes de l’ENTSO-E (réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité) bien avant l’épisode du « blackout espagnol »
A cette menace, s’ajoute celle pesant sur la sécurité des installations et les risques de cyberattaques. En novembre 2024, la Suède a renoncé à la construction de13 usines éoliennes en mer Baltique pour des raisons de sécurité.Le 8 mai dernier le média « Révolution énergétique » titrait : « l’European Solar Manufacturing Council (ESMC) a lancé, le 30 avril, une alerte sur les risques de cybersécurité posés par les onduleurs solaires connectés, en particulier ceux d’origine chinoise »
Il est important de préciser que sur l’ensemble de la chaîne mondiale de production des panneaux solaires, la Chine détient 85% du marché (source Statista)
Or, on ne peut que déplorer notre forte dépendance aux pays étrangers pour notre approvisionnement en matériels nécessaires au développement des énergies renouvelables intermittentes (EnRI), que ce soit l’éolien ou le solaire !!
Mais les EnRI sont-elles nécessaires pour répondre à nos besoins en électricité ?
NON !Car après une période de 8 ans de stabilité, notre consommation d’électricité baisse depuis 2018(Source EDF).En 2024 nous avons exporté une surproduction de 89,1 TWh à 56 € le MWh, alors qu’EDF a acheté la production des énergies renouvelables en moyenne à 175,7 € le MWh (tableau CRE annexe 2), et vendu 100TWh à 42 € le MWh, dans le cadre de l’ARENH à ses concurrents (100 TWh = 100 000 000 MWh) Les Français ont payé pour la décarbonation de leurs voisins !
Enfin, l’éolien s’inscrit dans une tendance de baisse de production en Europe confirmée par le GIEC. (Voir tableau Atlas mondial des vents annexe 3.)D’ailleurs, les résultats 2024 de l’éolien illustrent ce fait, avec un facteur de charge** en baisse à 21,6%, une production en baisse de 8,4% malgré une hausse de la puissance installée de 7,1%. Le schéma est le même en Allemagne !
Quelle est la situation des EnRI en Europe ?..
Extrait d’un article de Transitions et Energies du 14 mai 2025 :
La transition menacée par la fragilité des réseaux
Un rapport encore plus récent, en date du 13 mai, réalisé par Beyond Fossil Fuels, en collaboration avec Ember, E3G et l’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) va encore plus loin. Selon lui, près de 1.700 GW de projets d’énergie renouvelable (solaire et éolien) ou hybrides (avec stockage) sont en attente de raccordement au réseau électrique dans 16 des 28 pays européens étudiés. Un chiffre tellement énorme qu’il semble improbable. Car cela représente le triple de la capacité de production jugée nécessaire pour atteindre les objectifs climatiques de l’Union européenne d’ici 2030
Une telle situation doit être éclaircie et mérite un moratoire immédiat, car c’est un risque considérable pour la sécurité des réseaux et un coût énorme en perspective qui résultent d’une fuite en avant irraisonnée vers toujours plus d’EnRI.
Les EnRI permettent-elles de réduire notre production de CO2 ?
NON !Rappelons d’abord que la France ne génère que 0,7% Du CO2 mondial.En France, les EnRI sont prioritaires sur le réseau.Le nucléaire produit 4,1g de CO2 par KWh.L’éolien terrestre 14,1g, l’offshore 15,6g, les panneaux solaires 43,9g.Chaque fois que le nucléaire s’efface pour laisser la priorité aux EnRI, la production de CO2 augmente.
Les EnRI contribuent-elles à améliorer le pouvoir d’achat des Français ? Et la compétitivité de nos entreprises ? ..
NON !Tous les pays qui ont développé fortement les EnRI ont vu grimper les prix de leur électricité.La gratuité du vent ou du soleil est une fable pour naïfs. Les subventions aux EnRI, les coûts induits : création de lignes, postes sources, systèmes sophistiqués pour gérer l’intermittence, les backups thermiques pour palier l’intermittence, les pertes d’EDF obligé de baisser sa production quand le vent souffle ou le soleil brille, la rémunération des exploitants à partir d’un facteur de charge surévalué quand EDF leur demande de stopper leur production d’électricité... Tout cela nous coûte une fortune.Rien que pour le réseau, RTE et Enedis prévoient 200 milliards d’investissement d’ici 2040, à la charge des consommateurs.En France, concernant les ménages, les prix de l’électricité ont augmenté de 116% de 2010 à 2024 (Tableau annexe 4). A propos de la PPE3, Vincent Berger, le Haut-Commissaire à l’Energie atomique estime qu'à ce rythme-là, « les ménages pourraient voir leur facture d’électricité doubler d’ici à 2035. » Conséquence : une précarisation galopante ! ... Entre 2012 et 2023, elle a doublé. Passant de 6% à 12,1% (tableau annexe 5). Avec une électricité chère tout augmente.
Pour les entreprises françaises, mais aussi européennes, le prix de l’électricité, entre 2 et 3 fois plus cher qu’aux USA, est une cause majeure de la perte de compétitivité de nos entreprises. Les délocalisations et les pertes d’emplois sont le prix à payer. Cette hémorragie doit être stoppée !!Mme Lauvergeon dans son livre « Un secret si bien gardé » met en évidence la sous exploitation de notre nucléaire, et la conséquence gravissime pour les prix de l’électricité :Ainsi le facteur de charge** du nucléaire en France est de 67%, alors qu’il est de 91 /92% aux USA et entre 85 et 95% en Europe.
Nos campagnes sacrifiées sur l’autel des EnRI !
Paysages, patrimoine, économie locale, attractivité touristique, biodiversité, lien social, risques sanitaires...nos campagnes paient un lourd tribut aux EnRI, sans en tirer un bénéfice.N’oublions pas que les revenus des EnRI s’accompagnent d’une baisse des dotations d’Etat (Annexe 6 : question de Mme la Sénatrice Bonnefoy).
Aujourd’hui, par un réflexe bienveillant, tout à fait compréhensible, certains pensent que transformer le métier d’agriculteur en producteur d’énergie pour assurer un revenu décent ou un complément de retraite, est une bonne solution... Cela peut en être une individuellement. Mais ne serait-il pas plus judicieux que le problème des revenus des agriculteurs soit enfin considéré comme il doit l’être ? ... Plutôt que d’ajouter des EnRI inutiles, dangereuses et coûteuses.
Les promoteurs qui écument nos campagnes ont bien compris la situation parfois périlleuse de nos communes et de nos agriculteurs. Il en est de même des investisseurs qui achètent des centaines d’hectares, à des prix inaccessibles pour les jeunes agriculteurs, pour les couvrir de photovoltaïque. Est-ce cela l’avenir ?
Chers élus, soyons réalistes tous ensemble et opposons-nous aux énergies renouvelables intermittentes. Développons les énergies renouvelables pilotables : bois, géothermie, méthanisation maîtrisée, pompes à chaleur... Elles permettent de créer des emplois non délocalisables et profite à l’économie locale, ce qui n’est pas le cas de l’éolien et du solaire qui créent très peu d’emplois pérennes. La production de chaleur en particulier, qui représente un lourd budget pour les ménages et les communes est un enjeu important pour les factures d’électricité et le bien-être de tous. Continuons à faire pression pour une PPE3 réaliste et respectueuse de nos territoires.
Nous nous tenons à votre disposition si vous avez des questions ou si vous souhaitez nous rencontrer pour approfondir ce sujet. Nous sommes à votre écoute.Dans cette attente, nous vous prions chers élus d’agréer nos très respectueuses salutations.
Maggy Ernst Présidente
Dominique Vandeweghe Vice-président
Patrick Pelletier Vice-présidentDéléguée FED I&L
*_ le 1/12/24 lettre ouverte au 1er ministre de 10 anciens dirigeants, élus, scientifiques experts_13/1/25 demande d’un moratoire par 80 parlementaires_ le 11/3/25 lettre de 164 sénateurs au premier ministre _ Le 8/4/25 avis de l’Académie des sciences ...............
**Le facteur de charge est le rapport entre l'énergie électrique effectivement produite sur une période donnée et l'énergie qu'elle aurait produite si elle avait fonctionné à sa puissance nominale durant la même période.
Copie :
-Madame le Préfet de région- Mesdames et Messieurs les Préfets de l’Indre et Loire, de l’Indre et du Cher- Monsieur le Président de région-Nos Députés et nos Sénateurs de l’Indre et Loire, de l’Indre et du Cher - Nos Conseillers régionaux et départementaux- Nos Présidents de Communautés de Communes
Annexe au courrier :





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