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Lettre ouverte à M. BÉCHU Ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires

Dernière mise à jour : 1 nov. 2023

Le 23/10/2023

Lettre ouverte à Monsieur BECHU Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires


Monsieur le Ministre,

Vous nous faites l’honneur de venir en Indre et Loire pour rencontrer les élus. Nous nous en réjouissons.


Les associations de défense du patrimoine et de l’environnement n’étant pas conviées, il nous semble utile de vous faire part de notre inquiétude concernant la pression que subissent nos territoires ruraux pour le développement des énergies renouvelables intermittentes.


La noble mission de votre ministère priorise le développement durable qui est notre credo:


Le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement dans les domaines du développement durable, de la cohésion des territoires, de la lutte contre les inégalités territoriales…


Ainsi on peut attendre de votre part :


- Le soutien et l’aide au développement économique de nos zones rurales avec des modes de production respectueuses de l’environnement, prenant en compte les ressources et l’économie locales, source de création d’emplois


- Le soutien à la préservation de notre environnement, que ce soit la protection des milieux et des ressources, donc la protection de l’ensemble du vivant (biodiversité et humains) et la protection des paysages et du patrimoine.


- Le soutien à la cohésion sociale, si importante dans nos territoires ruraux qui ne bénéficient pas de toutes les facilités des milieux urbains, avec en perspective l’épanouissement des êtres humains, dans le respect de leur santé et de leurs biens.


Or aujourd’hui, malgré les annonces de Madame Pannier Runacher devant les deux assemblées, sur l’assurance que le dernier mot appartient aux élus dans le processus en cours de la loi APER, nous constatons que, concernant la majorité des projets éoliens, les promoteurs exercent une pression sur les communes, hors de contrôle.


Notre Fédération qui travaille étroitement avec les grandes associations du patrimoine reconnues d’utilité publique, n’est pas opposée au développement des EnR. Au contraire, nous prônons la mise en œuvre prioritaire d’actions en faveur des EnR thermiques qui représentent 84,5% des EnR, et de l’hydraulique. Elles permettent d’exploiter des ressources locales : biomasse, géothermie, cours d’eau, PAC…, de créer des emplois qui soutiennent l’économie locale, d’économiser l’électricité délivrée par le réseau. Elles génèrent peu de CO2 à l’inverse des EnR intermittentes qui nécessitent du gaz ou du charbon pour pallier leur production fatale, et consomment peu d’espace.


Regardons le modèle allemand et son Energiewende dont l’échec est patent en matière d’émission de CO2 et de coût :


_ L´intensité carbone du mix électrique allemand en 2022 s´élevait à 434 g CO2/kWh, versus 2021 : 410 g CO2 /kWh (Source Harmut Lauer 13/7/23)


_ L’intensité carbone du mix électrique français en 2022 s’élevait à 56g CO2 /kWh soit 7,75 fois moins. (Source RTE)


Le développement des EnR intermittentes doit rester mesuré pour cette raison du besoin de gaz ou charbon que nous devons acheter (dépendance énergétique et sécurité d’approvisionnement), mais aussi pour des raisons environnementales.


Si le photovoltaïque peut être une source d’énergie complémentaire sur des friches, des bâtiments, des ombrières… ou par le biais de projets agrivoltaïques sérieusement étudiés, il n’en est pas de même pour l’éolien terriblement destructeur pour l’environnement, les paysages, les habitants, leur santé, leurs biens et la biodiversité…


_ Peut-on parler de respect de nos communes rurales quand un projet d’éoliennes de 200 m peut passer à 240 m sans nouvelle étude d’impact ou enquête publique, comme ce fut le cas à Plaisir dans la Vienne récemment ? .. La loi autorisant d’augmenter la hauteur de 10% à 50% si ce n’est pas considéré comme une « modification substantielle ».


_ Peut-on parler de respect de nos communes rurales quand une décision de justice de 2011 confirme que tout un territoire du Sud Touraine ne peut accepter d’éoliennes (en annexe) et qu’aujourd’hui les projets se multiplient sur ce même territoire ?.... Le non-retour sur la chose jugée est-il à géométrie variable ?


_Peut-on parler de respect de nos communes quand un projet abandonné au nord du département, pour co-visibilité avec la vallée de la Loire classée au patrimoine mondial de l’Unesco, ressurgit au risque de faire perdre le label UNESCO. Quand on sait que les tours operators choisissent les sites UNESCO en priorité. C’est notre patrimoine commun et notre histoire qui sont bafoués, c’est tout un pan de l’économie qui est menacé. L’Indre et Loire est l’un des départements parmi les plus riches en patrimoine historique :867 monuments et à ce titre, bénéficie d’une attractivité importante.


_ Peut-on parler de respect des élus et des habitants, quand une majorité s’oppose à un projet éolien avec des éléments factuels : dépréciation immobilière, atteinte au patrimoine, à la biodiversité, atteinte à l’économie locale (tourisme, second œuvre), risque sanitaire reconnu par un arrêt du 8 Juillet 2021 de la Cour d'Appel de Toulouse qui légitime «le syndrome éolien »… et qu’en dépit de tous ces éléments, le projet est accepté. Tout ça pour détruire de l’emploi en France (matériel importé), et détruire de la valeur au profit d’intérêts privés, étrangers pour la plupart. Et là nous ne parlons pas que de valeur quantifiable : patrimoine, valeur immobilière, tourisme, économie locale... Nous parlons aussi de biodiversité, de santé des riverains, de captation de la beauté des paysages, de bien-être des habitants. Tout ce qui n’a pas de prix et qui favorise l’épanouissement humain et du vivant en général.


_ Quel peut être le sentiment des ruraux face à tout cela ?..


_Peut-on parler de cohésion sociale et de solidarité entre les territoires ?...


La région Centre produit 4 fois plus d’énergie qu’elle n’en consomme avec ses 4 centrales nucléaires. N’est-elle pas solidaire des autres régions qu’elle alimente ?


Le sujet n’est pas épuisé Monsieur le Ministre et nous nous tenons à votre disposition pour l’évoquer plus à fond.


Votre tâche est des plus importantes. Elle nécessite clairvoyance et bienveillance pour respecter l’équilibre fragile des zones rurales, tout en promouvant une transition écologique JUSTE. Nous osons espérer que la voix des ruraux que nous sommes, qui souvent on fait le choix de vivre et faire revivre les communes, ne sera pas méprisée.

Nous vous invitons à consulter l’enquête Opinionway de mars 2022, pour Sites et Monuments, « Les Français et l’impact des éoliennes ». Une enquête très transparente et très éclairante sur le sujet.

L’opposition à l’éolien n’est pas un mythe et est fondée sur des réalités sociales, économiques et environnementales. En fait sur les valeurs du développement durable.


Nous vous remercions de l’attention que vous voudrez bien porter à ce courrier et vous prions d’agréer Monsieur le Ministre l’expression de notre très haute considération.


Maggy Ernst Présidente

Dominique Vandeweghe Vice-président

Patrick Pelletier Vice-président


Copie : Monsieur le Préfet d’Indre et Loire Les élus d’Indre et Loire


© (Photo archives NR, Jean-André Boutier)

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