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Brèves du 26/09/23 efficacité énergétique - éolien offshore - prix EnR en hausse - RTE - etc...

Quelques infos et brèves :


Trois choses à savoir sur le potentiel inexploité des réseaux de chaleur

par Johanna Ayrault chercheuse postdoctorale au Centre de gestion scientifique de l'école MINES Paristech

En bref

  • Aujourd’hui, le chauffage et la climatisation représentent près de la moitié de l’énergie consommée par l’UE, dont 90 % sont de l’énergie fossile.

  • Le chauffage urbain est un système de chauffage collectif, propriété des autorités publiques locales, considéré comme de l'énergie propre.

  • Ces systèmes publics de chauffage urbain ne représentent que 9 % de la demande mondiale, mais ont le potentiel d’en couvrir plus.

  • Ils sont donc un levier majeur de production de chaleur durable à grande échelle.

  • Ces systèmes méconnus et invisibilisés dans les sphères publiques et politiques restent largement sous-exploités.

Dans le secteur de l’énergie, le chauffage est et restera une part importante de la consommation d’énergie (environ la moitié de la demande d’énergie dans les bâtiments). Le chauffage urbain, qui permet d’intégrer à grande échelle des énergies propres pour répondre à la demande de chauffage, est un formidable vecteur de la transition énergétique. Cependant, son potentiel reste très sous-exploité puisque 90 % de la chaleur fournie par les réseaux est encore d’origine fossile (75 % en Europe, le continent le plus avancé en matière d’intégration des énergies renouvelables dans les systèmes de chauffage urbain), et que seulement 9 % de la demande mondiale de chauffage (industriel et bâtiments) est assurée par le chauffage urbain.

#1 Le chauffage urbain existe déjà dans de nombreux endroits

Le chauffage urbain est un système collectif de distribution de chaleur. En France, il englobe généralement aussi les centrales de production. Dans les centrales de chaleur, un fluide – vapeur ou eau – est chauffé par la chaleur d’incinération, les chaudières à biomasse ou la géothermie. Ce fluide chaud est ensuite transporté par des tuyaux isolés jusqu’à des sous-stations, qui relient le système de chauffage urbain aux systèmes secondaires. Le système secondaire correspond au système de distribution à l’intérieur des bâtiments – par exemple, les tuyaux qui traversent les bâtiments depuis la sous-station jusqu’aux radiateurs. Ce système secondaire est distinct du chauffage urbain et n’est pas régi par le même contrat. Le type de bâtiments alimentés par le chauffage urbain peut varier d’un pays à l’autre.

Dans la plupart des cas, le chauffage urbain est développé dans des zones où il y a déjà des bâtiments qui consomment beaucoup de chaleur, comme les hôpitaux, les centres commerciaux, les immeubles de bureaux ou les logements sociaux. Les logements privés, comme les logements collectifs ou individuels, peuvent également être raccordés au système, mais ce n’est pas le cas dans tous les pays. En France, les plus anciens systèmes de chauffage urbain datent d’avant les années 1950 dans certaines grandes villes comme Paris, Strasbourg ou Grenoble1. Par exemple, Paris a eu son chauffage urbain en 1927. Il est toujours en service et fonctionne à la vapeur. Entre les années 1950 et 1970, des systèmes de chauffage urbain ont été mis en place dans de nombreuses villes, mais principalement dans les nouveaux quartiers ou autour des usines d’incinération afin d’utiliser la chaleur. Dans les années 1980, la crise pétrolière a conduit au développement du chauffage urbain basé sur la géothermie, comme en région parisienne. Toutefois, ces systèmes sont rapidement devenus économiquement non viables en raison de la concurrence du gaz.

Le chauffage urbain, en tant que service énergétique, est un service public. L’autorité publique locale est propriétaire du système et responsable de son exploitation. En France, l’exploitation et la maintenance sont souvent déléguées à un opérateur privé par le biais d’une délégation de service public. Ces contrats peuvent durer des décennies (généralement environ 25 ans), et l’opérateur privé supporte les investissements2. Cependant, de plus en plus d’autorités publiques locales considèrent leur système de chauffage urbain comme un formidable levier pour la transition écologique.

#2 Les systèmes de chauffage urbain sont bénéfiques pour la transition écologique

Le chauffage et la climatisation représentent environ la moitié de l’énergie consommée dans l’Union européenne3, mais ils sont actuellement dominés par les combustibles fossiles4. Le chauffage urbain pourrait favoriser la production de chaleur durable à grande échelle. En effet, au lieu de demander à des milliers de familles de changer leur vieille chaudière à combustible, tout le quartier peut passer des combustibles fossiles à l’énergie durable en changeant l’usine de production à base de combustible pour, par exemple, une usine à base de biomasse. De plus, en abaissant la température du fluide et en ajoutant des stockages thermiques, il est plus facile d’intégrer une plus grande variété de moyens de production locaux et durables : chaleur résiduelle industrielle, énergie géothermique peu profonde, pompes à chaleur à grande échelle, etc. Le chauffage urbain est également un excellent coéquipier : il peut être couplé à un système de refroidissement ou être utilisé comme moyen de stockage de la production d’électricité renouvelable.

En intégrant une variété de ressources locales, le chauffage urbain est un formidable levier pour de nombreuses transitions locales. Il permet aux autorités publiques locales d’agir sur la décarbonisation, la pollution de l’air, la pauvreté énergétique, etc. Il peut même devenir un objet de démocratie locale si les citoyens sont intégrés à sa planification et à sa gouvernance. Il peut également promouvoir la souveraineté énergétique locale en garantissant un approvisionnement énergétique local et en réduisant la dépendance énergétique. Par exemple, Dunkerque est le plus grand système de chauffage urbain français basé sur la récupération de chaleur industrielle. Depuis la crise pétrolière, la municipalité souhaitait disposer d’une plus grande souveraineté énergétique et être en mesure de contrôler les prix de la chaleur. Elle a donc développé en 1986 un système de chauffage urbain récupérant la chaleur résiduelle d’Arcelor-Mittal, un important fabricant d’acier. Grâce à cette récupération, Arcelor-Mittal doit brûler moins de gaz, ce qui améliore la qualité de l’air et l’attractivité locale.

En 2009, le Fonds chaleur, une subvention publique française soutenant le développement de la chaleur renouvelable, a été mis en place. Il vise à rendre la chaleur renouvelable et de récupération compétitive par rapport aux solutions basées sur le gaz. Il a participé à la sécurisation des réseaux de chaleur géothermiques restants et a aidé au développement de nouveaux réseaux, basés sur au moins 50 % de chaleur renouvelable ou de récupération. Grâce à cette nouvelle dynamique, la France compte aujourd’hui 898 systèmes de chauffage urbain en fonctionnement, avec 62,6 % de production de chaleur renouvelable ou de récupération en moyenne5.

#3 Le potentiel du chauffage urbain est plus important que sa visibilité actuelle

Vous avez probablement déjà entendu parler de l’électricité verte produite par des éoliennes ou des panneaux solaires. Vous avez probablement entendu parler du biogaz, des gaz verts et de l’hydrogène. Mais avez-vous entendu parler des systèmes de chauffage urbain durables ? Pouvez-vous citer une entreprise qui fournit du chauffage urbain ?

Le chauffage urbain est sous-représenté dans le secteur de l’énergie et peu d’institutions défendent ces systèmes de manière visible. Le principal réseau européen de promotion du chauffage urbain s’appelle Euroheat & Power… Un nom qui ne donne aucune indication explicite sur son orientation vers l’énergie urbaine. De nombreuses entreprises françaises fournissant du chauffage urbain sont également des actrices majeures des marchés de l’électricité et du gaz, ce qui peut entraîner des conflits d’intérêts internes. En outre, certains pays – comme la France – ont historiquement fait le choix politique de développer les réseaux de gaz et d’électricité au niveau national.

Le chauffage urbain est sous-représenté dans le secteur de l’énergie et peu d’institutions défendent ces systèmes de manière visible.

Avec ces deux services en place et la sous-représentation du chauffage urbain, il peut être difficile pour les autorités publiques locales 1) d’acquérir des connaissances sur le chauffage urbain, 2) de justifier le développement d’un nouveau service énergétique alors que deux services sont déjà pleinement opérationnels et capables de fournir de la chaleur. Pour ajouter au deuxième point, un système de chauffage urbain doit avoir un niveau élevé de demande de chaleur et de densité pour être économiquement viable. Dans les endroits où il n’y a pas de connexion obligatoire au système, il peut être difficile d’atteindre et de garantir ce niveau de demande. En effet, il existe de nombreuses solutions – durables ou non – pour obtenir du chauffage et de l’eau chaude : chaudières individuelles au gaz ou au fioul, chauffage électrique, pompe à chaleur individuelle, panneaux solaires thermiques, etc. Certaines de ces solutions sont également soutenues par les politiques publiques, comme la mise en place de pompes à chaleur individuelles ou le chauffage électrique – un moyen de chauffage très peu efficace, mais assez développé en France en raison du faible prix de l’électricité et des politiques de soutien à l’électricité d’origine nucléaire.

Deux éléments rendent encore plus difficile la visibilité du chauffage urbain. Tout d’abord, son invisibilité ! Tout le système est souterrain, et la chaleur n’est pas aussi visible dans nos paysages que l’électricité. Les seules parties visibles sont les plantes, ce qui peut conduire à une opinion plutôt impopulaire sur le chauffage urbain… Deuxièmement, la déconnexion avec les utilisateurs finaux. Comme nous l’avons déjà mentionné, le chauffage urbain est distinct du système secondaire. Les clients sont les propriétaires des bâtiments, et non les utilisateurs finaux, et il n’y a pas de lien direct entre les utilisateurs de chaleur et les acteurs du chauffage urbain. De nombreux clients ne savent même pas qu’ils sont approvisionnés en chaleur par le chauffage urbain !


Efficacité énergétique : la nouvelle directive européenne est publiée

Onze ans après la publication de sa version initiale, la directive sur l'efficacité énergétique prévoit une réduction de la consommation finale d'énergie d'au moins 40 % d'ici à 2030 (par rapport à 2007) en Europe, au lieu de 32,5 % jusqu'à présent.

Energie | 21.09.2023 | F. Gouty

© MiguelAngelLes dispositions de l'EED III devront être transposées par l'ensemble des États membres d'ici à octobre 2025.

« Cette publication marque la dernière étape du processus législatif entamé par le paquet "Fit-for-55", proposé par la Commission européenne en juillet 2021, puis renforcé par les objectifs du plan RePowerEU en mai 2022 », affirme Bruxelles. Le 20 septembre a été publiée la nouvelle version de la directive sur l'efficacité énergétique (DEE ou EED III), cinq ans après sa première révision en 2018 et onze ans après sa publication initiale en 2012. Cela étant, il reste au Conseil de l'Union européenne à valider définitivement la nouvelle directive sur les énergies renouvelables (RED III), puis à la Commission à la publier à son tour pour achever ce chantier.

Une baisse progressive jusqu'en 2030

Les dispositions de l'EED III entreront officiellement en vigueur le 10 octobre prochain et devront être transposées par l'ensemble des États membres d'ici à octobre 2025. La principale fixe une réduction de la consommation finale d'énergie d'au moins 11,7 % en Europe d'ici à 2030 (par rapport à 2020). Cela correspond à une baisse de 40 % par rapport à 2007. L'EED II, jusqu'ici en vigueur, tablait sur une réduction de 32,5 % à la même échéance. Cela représente une réduction annuelle de 1,5 % en moyenne (au lieu de 0,8 % actuellement). L'Union européenne opte néanmoins pour un rythme progressif : - 1,3 % par an en 2024 et en 2025, - 1,5 % jusqu'en 2028, puis - 1,9 %.

Sur le plan national, elle attend de chaque État membre de définir des « contributions indicatives reflétant les particularités nationales » orientées vers l'atteinte de ces objectifs globaux. Si sa contribution s'avère insuffisante ou n'est pas respectée, l'État membre devra impérativement proposer à la Commission européenne des mesures pour combler cet écart. À titre indicatif, entre 2021 et 2022, la France a réduit sa consommation finale d'énergie de 1,7 % (après une hausse sur la période précédente) – ne respectant pas, à peu de choses près, la cible prévue par la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

À commencer par le secteur public

La nouvelle directive comprend également d'autres mesures et sous-objectifs d'efficacité énergétique. Elle impose, notamment, un rythme de réduction de la consommation énergétique des bâtiments du secteur public de 1,9 % par an, qu'elle associe à un rythme de rénovation énergétique de 3 % des édifices de l'administration publique chaque année. Elle introduit, en outre, une obligation de suivi du rendement énergétique de tous les centres de données, comprenant la publication des bilans dans une base de données à l'échelle européenne.

Le texte prévoit, par ailleurs, la remise au Parlement et au Conseil européens d'un état des lieux de la réalisation de ces objectifs en octobre 2028, dans l'optique d'une éventuelle révision supplémentaire. D'ici là, les États membres sont sommés de respecter « le premier principe de l'efficacité énergétique », à savoir inciter à la sobriété à tous les échelons possibles. La Commission européenne se propose de fournir, en avril 2024, un cadre général pour accompagner cette politique.


Eoliennes en mer : la cour des comptes européenne alerte sur un « dilemme écologique »

Eoliennes en mer : la cour des comptes européenne alerte sur un « dilemme écologique »

L’organe de contrôle européen a publié un audit relatif au déploiement des énergies marines renouvelables. Le manque d’évaluation des conséquences sur l’environnement et les problématiques de cohabitation avec les pêcheurs sont pointés du doigt.

Ouest-France Jean-Marie CUNIN.Publié le 19/09/2023 à 16h59

L’Union européenne met-elle la charrue avant les bœufs ? Dans le domaine florissant des énergies marines renouvelables (EMR), la réponse de la cour des comptes européenne semble être oui . Cet organe, créé en 1977 et basé à Luxembourg, a publié son audit sur ce sujet lundi 18 septembre 2023. Et sa conclusion est limpide : « Dans l’ensemble, les auditeurs craignent que l’essor des EMR en Europe se fasse au détriment du milieu marin, au-dessus comme au-dessous du niveau de la mer », écrivent-ils dans un communiqué.

Ces énergies en mer, qui comptent surtout les éoliennes fixes ou flottantes, sont inégalement développées dans l’Europe. Nous avons analysé quatre pays. L’Allemagne et les Pays-Bas sont à la pointe. La France a inauguré son premier parc récemment (celui de Saint-Nazaire) et l’Espagne préfère investir dans d’autres technologies, résume Nikolaos Milionis, le rapporteur principal.

17 milliards d’euros en 15 ans

Mais une chose semble acquise : l’Europe compte beaucoup sur leur développement pour atteindre son ambition de neutralité carbone en 2050. L’audit de la cour des comptes rappelle les sommes investies dans les EMR : près de 17 milliards d’euros d’aide […] ces 15 dernières années .

En France, l’éolien en mer fait partie des solutions privilégiées pour accomplir la transition énergétique : en février 2022, Emmanuel Macron annonçait un objectif de 40 gigawatts (GW) en 2040. Nous en sommes aujourd’hui, avec cet unique parc ligérien, à… 0,48. Cette capacité française […] est à mettre en perspective avec les 7,7 GW d’éolien en mer en Allemagne et les 12,7 GW au Royaume-Uni, rappelle dans une note publiée en avril 2023 le cabinet d’audit KPMG.

Au niveau européen, l’objectif est d’atteindre 340 GW en 2050, dont 300 pour le seul éolien, le reste étant composé d’énergie dite océanique , comme l’exploitation des mouvements de la houle.

Flottante plutôt que fixée

Mais ces ambitions ne semblent pas s’accompagner d’assez d’efforts pour analyser les conséquences, regrettent les experts. Tout d’abord, la Commission européenne n’a pas évalué les effets potentiels de ces technologies sur l’environnement. Ceux-ci vont du déplacement d’espèces aux changements dans la structure des populations, en passant par l’évolution des aliments disponibles ou la modification des schémas de migration, liste les auditeurs.

Concernant plus précisément les éoliennes, celles flottantes sont une technologie prometteuse pour les pays possédant des eaux profondes. Selon certaines études, elles permettent d’éviter la phase de construction, qui est la plus destructrice, analyse l’une des autrices du rapport (la cour des comptes européennes requiert de ne pas la nommer).

En France, la seule éolienne flottante raccordée se trouve juste à côté du parc d’éoliennes posées de Saint-Nazaire. Une ferme pilote de trois éoliennes est aussi en cours d’assemblage à une vingtaine de kilomètres au large de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône).

Environnement : faut-il mettre en place un "ISF vert" ?

Floatgen, la seule éolienne flottante en France, située au large du Croisic (Loire-Atlantique). | OUEST-FRANCEVoir en plein écran

Cohabitation avec les pêcheurs

Le manque de recul sur les conséquences sociales est aussi pointé du doigt, notamment le partage des façades maritimes avec les autres activités. Et elles sont nombreuses en Europe : le fret intense en mer du Nord, les efforts de préservation de l’environnement, et bien sûr la pêche, liste cette auditrice.

Les conflits avec les pêcheurs en particulier restent souvent dans l’impasse, et l’opposition aux EMR se ravive dès qu’un projet est évalué, notent les auditeurs européens. La Commission n’a encore jamais quantifié les principaux effets économiques qu’aurait le développement des EMR sur la pêche, assènent-ils dans le rapport d’audit. En France, les consultations sur les futures zones pouvant accueillir des projets ne suffira probablement pas à empêcher les conflits, qui se raviveront dès que les projets seront attribués individuellement à telle ou telle entreprise, alerte la coautrice du rapport.


Le n°1 de l’éolien offshore annonce que le prix de l’énergie renouvelable va augmenter : « La hausse des taux est dramatique »

ÉNERGIE BUSINESS AM (EXTRAIT)

Par Olivier Daelen Publié le Vendredi 22 septembre 2023 à 17:45 • Il y a 22h

Les grands acteurs européens de l’éolien se plaignent depuis des mois de la situation sur le Vieux continent. Mais ce n’est pas mieux aux États-Unis, déplore le patron du géant danois Orsted. Le secteur est asphyxié par la hausse des taux d’intérêt.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que les responsables politiques occidentaux ne cessent de vanter les mérites des énergies renouvelables, ses principales figurent leur reprochent de ne pas leur offrir le meilleur environnement pour prospérer. Et c'est un euphémisme. Car certains sont vraiment dans de sales draps.

Dans l’actu : le pessimisme du patron d’Orsted.

  • Le CEO du premier développeur mondial de parcs éoliens offshore a profité du Climate Week NYC pour faire franchir l’Atlantique aux alertes émises depuis des mois par le secteur en Europe.

Les détails : qu’a-t-il dit ?

  • Les principaux « nuages sombres » qui sont apparus dans le ciel du secteur du renouvelable sont les taux élevés, selon Mads Nipper. Passés rapidement de 0 à plus de 4%, ils ont eu un « un impact très dramatique », a-t-il regretté.

  • « Car le carburant de l’industrie renouvelable est le capital », a-t-il expliqué dans des propos rapportés par Reuters. « Nous n’avons pas besoin de gaz, de pétrole ou de charbon. Mais bien de capital, et c’est devenu du jour au lendemain beaucoup plus cher », a déploré le patron d’Orsted.

  • En parallèle, Nipper a rappelé que le renouvelable est confronté à bien d’autres obstacles, que le secteur ne cesse de pointer du doigt. Inflation, goulots sur la chaîne d’approvisionnement, concurrence chinoise de plus en plus féroce, … En résumé, il n’y a pas grand-chose qui va.


Réveil douloureux pour les géants de l'éolien en mer

L'inflation, la hausse des taux d'intérêt, les tensions chez les équipementiers entraînent des remises en cause en cascade de projets dans l'éolien offshore. Les acteurs du marché demandent aux Etats de muscler les subventions au secteur, sous peine de manquer des objectifs clés pour la transition énergétique.

EXTRAIT LES ECHOS

Plusieurs développeurs de projets éoliens en mer reconsidèrent leur participation à certains projets. (Michael Dwyer/Ap/SIPA)

Publié le 21 sept. 2023 à 6:30Mis à jour le 21 sept. 2023 à 7:04

La bagarre entre énergéticiens et pétroliers pour gagner les projets éoliens offshore mis sur le marché par les Etats engagés dans la course aux énergies verte aura fait long feu… Depuis la fin de l'été, les signaux d'alertes se multiplient sur le coup de frein à venir dans cette industrie si stratégique pour la transition énergétique.

Le leader mondial du secteur, le danois Orsted, a ouvert le bal en annonçant fin août un risque de dépréciation de ses actifs éoliens maritimes américains de 2,35 milliards de dollars. « La situation de l'éolien offshore aux Etats-Unis est grave », a déclaré le directeur général du groupe danois, Mads Nipper précisant qu'il « étudie ses options pour sortir » de certains de ses projets américains.



Géothermie : «Il est crucial d’investir massivement dans la formation et le recrutement»

Un entretien avec Guillaume Tarnaud. Ingénieur de formation, Guillaume Tarnaud est l’un des fondateurs du groupe Arverne, le grand spécialiste français de la géothermie. Après de nombreuses années à forer des puits à travers le monde pour le compte d’un grand groupe pétrolier français, il a pris les commandes, à la création d’Arverne il y a cinq ans, des activités de forage. Propos recueillis par Gil Mihaely. Article publié dans le numéro 18 du magazine Transitions & Energies.

-T&E Pouvez-vous présenter le groupe Arverne ?

G.T. C’est un jeune groupe industriel créé en 2018 par des professionnels du sous-sol avec l’ambition de devenir l’un des leaders de la géothermie, d’abord en France puis en Europe. Les fondateurs d’Arverne Group, pour la plupart issus de l’exploration et de la production pétrolière, ont choisi de mettre leurs compétences au service de ce projet résolument ancré dans la transition énergétique.

La géothermie, c’est la récupération d’une partie de la chaleur produite par le noyau terrestre via un ouvrage qu’on appelle le puits. Cette activité est divisée en deux domaines : la géothermie de faible profondeur ou de surface, matérialisée schématiquement pas des puits qui vont jusqu’à 200 mètres de profondeur, et la géothermie profonde avec des puits de 1 000 mètres à 4 à 5 km pour les plus profonds. La première donne accès à des ressources à basse température pour intégrer des solutions bas-carbone de chauffage ou de refroidissement pour des logements, des bureaux ou encore des bâtiments industriels, la seconde permet d’avoir accès à des températures de 70 °C à plusieurs centaines de degrés permettant un apport de calories à disposition de processus industriels ou, dans certains cas, permettant la production d’électricité.

Notre stratégie industrielle est de maîtriser les deux extrémités de la chaîne de création de valeur. Pour l’une, il s’agit des travaux de forage. Pour l’autre, il s’agit de la production et de la commercialisation de la ressource : des calories, bien sûr, mais également les minéraux dissous dans ces eaux géothermales lorsqu’ils sont d’intérêt, comme le lithium par exemple. C’est l’objet de Lithium de France, une de nos sociétés installées en Alsace.


Guillaume Tarnaud

-Où en est la géothermie en France aujourd’hui ?

-On l’ignore souvent mais la France est le leader européen de la géothermie en réseau de chaleur urbain ! Nous devons cette situation au bassin sédimentaire en Île-de-France et en particulier à la présence du Dogger, un aquifère souterrain chaud situé entre 1 600 et 2 000 mètres de profondeur. Cette ressource est exploitée au moyen de plusieurs dizaines de forages alimentant des réseaux de chaleur qui chauffent plusieurs dizaines de milliers de personnes en région parisienne par une solution bas-carbone complétement intégrée. A contrario, la géothermie de surface est encore sous-développée en France et très en deçà des larges développements qu’elle connaît depuis de nombreuses années en Suède, en Allemagne ou encore en Suisse pour ne citer qu’eux.

Globalement et jusqu’à maintenant, l’intégration de la géothermie au mix énergétique français reste timide et méconnue, en particulier au regard des autres solutions de production des énergies renouvelables, telles que le solaire et l’éolien. Aujourd’hui, nous avons enfin le vent en poupe après de longues années d’activité cyclique n’ayant pas permis à la filière de s’organiser pour faire face aux ambitions du Plan national géothermie annoncé par la ministre Agnès Pannier-Runacher en février 2023. En conséquence, nous sommes confrontés à une raréfaction des ressources humaines et des compétences. Il est crucial d’investir massivement dans la formation et le recrutement.

-Comment allez-vous faire face à ce défi ?

-Nous nous en donnons les moyens – capitaux, structuration et équipements. Le plus délicat reste l’accès à la ressource humaine, en nombre et en compétence. Aujourd’hui, les sociétés de forage détenus par Arverne Group représentent environ une centaine de collaborateurs. Nous serons plus de 300 en 2026.

En France, la géothermie de surface est dominée par de nombreuses TPE. Sauf exception, ces structures ne sont pas en mesure de répondre à la demande croissante de projets à fort volume. Pour cette activité et au cours des trois à cinq années à venir, nous estimons le besoin à plus d’une centaine d’ateliers (une machine et son équipe), c’est-à-dire, a minima, doubler la capacité de production de sondes géothermiques. Quand on parle d’un atelier de géothermie de surface, c’est deux à trois collaborateurs sur site, à quoi s’ajoute le back-office nécessaire pour leur permettre d’opérer. Cela représente plusieurs centaines de collaborateurs à recruter et à former d’ici 2026.

Pour la géothermie profonde, on parle d’autres profils et d’autres moyens matériels, bien plus lourds, à mettre en œuvre. Une cinquantaine de personnes aux métiers spécialisés, travaillant en cycle continu et nécessitant une quarantaine de semi-remorques et plusieurs grues pour une installation de site qui durera une bonne semaine, afin de livrer, in fine, un doublet (un puits producteur et un puits injecteur) de géothermie profonde à l’issue de plusieurs mois de travail. La capacité actuelle des acteurs français permet de construire moins d’une dizaine de doublets par an et nous constatons déjà une accélération des projets de géothermie profonde qui nécessitera, ici aussi, d’une capacité plus que doublée d’ici à 2030 ! Cela représente, au bas mot, plusieurs appareils supplémentaires. La construction d’une unité neuve adaptée à des interventions en milieu ultra urbain représente 15 à 30 millions d’euros d’investissement et dix-huit mois de délais. Le temps de formation étant plus long pour les postes de conduite d’appareil en géothermie profonde, il est nécessaire d’attirer des professionnels du forage, souvent recrutés par les sociétés pétrolières à l’étranger.

-Qui sont vos employés ?

-Pour la géothermie et le forage d’une façon générale, ce sont des spécialistes passionnés. Ce n’est pas un métier qu’on trouve dans un catalogue de formation. On tombe dedans souvent par hasard. Jusqu’alors cela suffisait mais maintenant il faut trouver d’autres façons de faire connaître ces métiers et d’attirer des candidats. Nos outils sont des concentrés de technologie, nos ouvrages sont complexes et nécessitent de comprendre ce qui ne se voit pas, le sous-sol, pour produire une source d’énergie respectueuse de l’environnement. Par ailleurs, les rythmes de travail, bien que différents en géothermie profonde et en géothermie de surface, offrent aux collaborateurs des alternances de périodes de travail soutenues, puis de temps libre. Autant d’atouts qui ne laissent pas nos collaborateurs actuels indifférents.

-Existe-il des formations structurées et des écoles spécialisées ?

-Pas vraiment. La filière s’organise et l’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) ou encore le Syndicat national des entrepreneurs de puits et de forages pour l’eau et la géothermie (SFEG) œuvrent en ce sens depuis de nombreuses années. Depuis peu, certaines structures, historiquement concentrées sur la formation des métiers du forage pétrolier, s’intéressent au sujet et tentent de faire leur mue. Mais il va nous falloir de l’aide et être innovant.

L’enjeu est double. D’abord il faut faire connaître ces métiers pour attiser la curiosité de personnes qui n’y ont jamais été sensibilisées. Nous sollicitons les organismes comme la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et les Opérateurs de compétences (Opco). C’est un métier de chantier, avec la vie qui va avec et donc idéalement, les candidats ont déjà une première expérience et partagent cette culture.

Il faut aussi développer de nouvelles initiatives pour créer des formations initiales, mais également des formations continues pour satisfaire rapidement le besoin au travers de la reconversion professionnelle. Ensuite, l’aventure continue en situation car ce métier, comme beaucoup de métiers opérationnels, s’apprend en l’exerçant et la progression vers les postes de pilotage et de supervision se font nécessairement par le rang.

Il nous faut des coachs, beaucoup de coachs, des sachants du métier du forage mais aussi de la bonne gestion de chantier, de la maîtrise des risques et de la sécurité. Il y en aura pour toutes les bonnes volontés. À nous de bien les accueillir et les motiver.


France : L'électricité en climat de canicule

Dans Le Monde du 11 septembre 2023, Sylvestre Huet nous explique, entre autre que l'éolien est toujours aussi erratique.

21 335 MW installés (14,9% de la capacité totale) et seulement 7,9% de la production totale en août alors que le solaire qui, pour 10,2% de la capacité totale a produit 7,3 % de la production totale !

Le solaire ne produit rien la nuit ! L'éolien est largement intermittent de jour comme de nuit



" La production de juillet est honorable sur la moyenne

mensuelle, avec un facteur de charge approchant les 20%, mais marquée par une succession de pics élevés - jusqu'à 11 655 MW de puissance instantanée - et de creux si profonds - jusqu'à 617 MW seulement - que l'apport éolien au système électrique devient alors dérisoire.

Ces évolutions brutales n'ont aucun rapport avec celles de la demande intérieure ou extérieure et obligent à des sollicitations des moyens pilotables - réacteurs nucléaires* hydraulique de lacs et de stations de pompage, centrales thermiques à gaz - pour les compenser. " En juillet le facteur de charge de l'éolien était de 20% en août, il était de 17,2%. cliquez sur les images pour les agrandir

Lire la totalité du texte de Sylvestre Huet dans Le Monde du 11 septembre 2023

Commentaires : La priorité d’achat de l’électricité produite par les énergies électriques intermittentes (éolien, photovoltaïque) oblige à gérer instantanément la production nucléaire, à la baisser ou l’augmenter selon la production erratique de ces énergies. Plusieurs conséquences : - des systèmes sophistiqués pour gérer ces énergies fatales et garantir la stabilité du réseau. (Cela a un coût) - des pertes de production alors que les coûts fixes continuent de courir, d’où une perte de compétitivité des centrales nucléaires et une perte de revenus (ce qui est aussi le cas des autres énergies pilotables) (cela a un coût) - Soumettre des systèmes à de fréquents changement n’est pas innocent pour leur durabilité (Cela a un coût)

Ce sont les coûts induits dénoncés par le rapport de la Cour des comptes de 2018



Nucléaire: Greenpeace se fissure sur l’atome

De jeunes écologistes européens, menés par la militante suédoise Ia Aanstoot, appellent Greenpeace à renoncer à son positionnement antinucléaire et à s’aligner sur les positions bien plus nuancées, sinon favorables au nucléaire, du GIEC et de la communauté scientifique. Les jeunes militants s’invitent même dans la bataille, désormais judiciaire, sur l’inclusion du nucléaire dans la « taxonomie verte » de l’Union Européenne, que conteste Greenpeace. Cette passe d’armes illustre un fossé grandissant au sein des militants écologistes, avec une nouvelle génération qui semble, au nom du pragmatisme climatique, vouloir mettre au placard les fondations antinucléaires historiques de l’écologie politique.

Six jeunes militants écologistes européens du réseau RePlanet, menés par une activiste suédoise de 18 ans, Ia Aanstoot, ont lancé, le 30 août 2023, une vaste campagne de communication, baptisée « Cher Greenpeace ». Pétition à l’appui, ils demandent à l’ONG de « renoncer à son opposition démodée et non scientifique à l’énergie nucléaire » et de les rejoindre « dans la lutte contre les combustibles fossiles ». Un positionnement encore inimaginable il y a quelques années, tant Greenpeace a pu faire figure d’association tutélaire et intouchable. « Nous faisons confiance à la science », affirme-le collectif.

« Contrairement à certaines personnes qui dirigent Greenpeace, c’est ma génération qui devra vivre avec les conséquences du changement climatique. (…) Ma génération fait confiance à des organismes respectés comme le GIEC qui affirment que nous ne pouvons pas atteindre les objectifs climatiques de Paris sans énergie nucléaire », précise Ia Aanstoot. Le dernier rapport du GIEC est en effet sans grande ambiguïté sur le nucléaire : pouvant fournir « une énergie à faible émission carbone à grande échelle », l’atome est, malgré des réserves sur son coût et son acceptabilité, un indiscutable atout énergétique dans la lutte contre le changement climatique.

Pour RePlanet, l’opposition de Greenpeace au nucléaire sert, in fine, les intérêts des combustibles fossiles. Le cas de l’Allemagne est parlant : entre 2005 et 2020, Berlin a porté de 5 à 32% la part des renouvelables intermittents (éolien et photovoltaïque) dans son mix électrique. Tout en promouvant et poursuivant, au nom de l’Energiewende, une active stratégie de sortie du nucléaire, fermant ses derniers réacteurs en avril 2023. Entre 2005 et 2020, le charbon a certes reculé, passant de 45 à 24% du mix électrique allemand, mais la part du gaz fossile a augmenté (de 12 à 16%), et, surtout, le pays a préféré l’abandon du nucléaire à la fermeture de davantage de centrales fossiles. Si elle avait conservé toutes ses centrales nucléaires, l’Allemagne serait déjà pratiquement sortie du charbon, et aurait réduit bien plus significativement ses émissions de CO2.

Une volonté d’être de toutes les batailles

La campagne de RePlanet acte d’ailleurs un fossé grandissant entre deux générations de militants écologistes. La première s’est construite sur l’opposition au nucléaire, depuis la fin des années 1960. Greenpeace a en effet été fondée au Canada par des militants qui s’opposaient aux essais nucléaires des États-Unis en Alaska. La lutte antinucléaire est d’ailleurs au ferment de l’écologie politique actuelle. Elle tire son héritage de la protestation de 1971 contre l’implantation de la première centrale nucléaire à eau pressurisée au Bugey. Puis de la fameuse manifestation de 1977 contre le surgénérateur Superphénix de Creys-Malville, qui s’est achevée en confrontation violente avec les forces de l’ordre et le décès d’un manifestant.

On estime que pendant ses années quelque 175.000 personnes ont participé à des actions contre l’énergie nucléaire. Ces mobilisations ont aussi constitué une pépinière politique pour le leadership des partis écologistes. Elles ont notamment permis l’émergence d’Yves Cochet, militant antinucléaire des années 1970, devenu ministre du gouvernement de Lionel Jospin ainsi que de Dominique Voynet, qui débute son engagement écologique avec le combat contre les centrales de Fessenheim et Creys-Malville, également ministre du même gouvernement. Ce gouvernement est, pour les partisans de l’atome, l’un des principaux responsables du déraillement du programme nucléaire civil français. Pour une certaine génération, être antinucléaire est ainsi un impératif quasi-identitaire.

La nouvelle génération, bien éloignée de ces combats et de cette mémoire militante, a fait de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, qu’importent les modes de production, l’alpha et l’oméga de son activisme. Pour Ia Aanstoot, « Greenpeace est coincée dans le passé, les années 70, avec sa lutte contre une énergie nucléaire propre et sans carbone, une position intenable alors que le monde brûle. (…) J’ai l’impression qu’être antinucléaire est une question d’identité pour ces écologistes plus âgés. Il est temps pour eux d’évoluer ».

Ce clivage générationnel se retrouve, en France, au sein d’EELV : les statuts du parti imposent en effet à ses membres de s’opposer au nucléaire (sans évoquer les fossiles), une posture assumée par la direction. Mais des militants plus jeunes commencent à réclamer un virage pronucléaire, et certains élus EELV admettent désormais qu’ils défendent l’atome. Ils rejoignent en cela plusieurs figures de l’écologie politique, dont les deux anciens ministres Brice Lalonde (ouvertement pronucléaire) et Cécile Duflot (désormais « agnostique » sur le sujet).

RePlanet aspire à devenir partie prenante des débats au plus haut niveau européen

Le débat sur le nucléaire continue d’ailleurs de faire rage dans les instances européennes : la campagne de RePlanet réagit ainsi à la décision de Greenpeace de poursuivre devant la CJUE (Cour de Justice de l’Union Européenne) la Commission européenne pour avoir inclus, en 2022, le nucléaire dans sa « taxonomie verte ». Cette taxonomie liste les technologies éligibles à des financements européens de transition énergétique: admis en tant qu’énergie « de transition », le nucléaire pourra donc recevoir des fonds « verts », quoiqu’avec d’importantes limitations.

Ia Aanstoot presse donc Greenpeace de renoncer à cette plainte, et a demandé à la CJUE d’intégrer RePlanet comme « partie intéressée » du bras de fer judiciaire. En droit européen, une « personne intéressée » est une « personne physique ou morale », qui « doit pouvoir justifier d’un intérêt légitime à ce que les mesures d’aides en cause soient ou ne soient pas mises en œuvre, ou maintenues lorsqu’elles ont déjà été accordées ». Elle peut présenter ses observations et assister aux débats. RePlanet souhaite ainsi que, dans ce procès, la jeune génération puisse témoigner en faveur de l’utilisation de l’énergie nucléaire.

Sur cette question hautement polémique, le contexte européen a d’ailleurs changé, davantage de gouvernements défendant désormais l’atome. La France a ainsi mis sur pied au printemps 2023 une Alliance pour le nucléaire, regroupant 16 des 27 États membres de l’Union européenne. Elle a obtenu en juin dernier une première victoire d’importance, avec la reconnaissance d’une équivalence entre les électricités nucléaire et renouvelable pour la production d’hydrogène bas carbone.

Gil Mihaely


RTE actualise ses scénarios de transition d’ici 2035

Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité a mis à jour ses scénarios de transition énergétique d’ici 2035, en les ramenant de six à trois, pour tenir compte des bouleversements majeurs du monde de l’énergie depuis leur première publication en octobre 2021. RTE a comme l’exécutif finit par renouer enfin avec un certain réalisme en anticipant une augmentation sensible des besoins d’électricité du pays. Mais il accorde dans ses scénarios une place toujours démesurée à la fois à l’augmentation de l’efficacité énergétique et à la production d’électricité par les renouvelables intermittents (éolien et solaire) afin de respecter les objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cela permet d’afficher les résultats espérés, mais manque de crédibilité. Comme, par exemple, la nécessité de quadrupler la production provenant du solaire photovoltaïque et des éoliennes d’ici 2035.

Après avoir longtemps construit des scénarios irréalistes de stagnation de la consommation et donc de la production d’électricité, totalement incohérents avec les impératifs de la transition énergétique, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, est redevenu plus sérieux et plus crédible. Il suit ainsi assez étroitement les fluctuations politiques et même politiciennes des gouvernements qui se sont succédé depuis de nombreuses années. Il n’est plus question aujourd’hui notamment de construire des prévisions permettant de justifier la fermeture de dizaines de réacteurs nucléaires, voire une production d’électricité 100% renouvelables…

C’est ce que montre son Bilan prévisionnel 2023-2035 rendu public le 20 septembre. Il actualise, en les ramenant de six à trois, les différents scénarios du document « Futurs énergétiques 2050 » rendu public en octobre 2021 et sur lequel Emmanuel Macron et ses gouvernements se sont appuyés pour faire leur volte-face sur le nucléaire et leur stratégie de transition. Il inscrit la consommation et la production d’électricité d’ici à 2035 dans un scénario d’électrification des usages pour réduire l’utilisation d’énergies fossiles. La France disposant notamment d’un atout incomparable qui est de produire d’ores et déjà une électricité décarbonée à plus de 90% grâce au nucléaire, à l’hydraulique et aux renouvelables intermittents éolien et solaire.

Les scénarios de RTE face à la crise énergétique Rappelons toutefois que comme le rappelle d’ailleurs RTE, l’électricité n’est qu’un élément, certes essentiel, de la consommation d’énergie. Et la faiblesse des institutions européennes comme des gouvernements est d’avoir longtemps été, et d’être toujours, obnubilés par l’électricité qui est un vecteur d’énergie pas une source d’énergie. Elle représente 27% de la consommation d’énergie finale en France, 23% en Europe et 19% dans le monde.

En tout cas, depuis octobre 2021 il s’est passé beaucoup de choses dans le monde de l’énergie qui justifie l’actualisation des prévisions de RTE et notamment une crise majeure, liée en partie à l’invasion de l’Ukraine en février 2022 par la Russie. Elle s’est traduite par une envolée inattendue, notamment en Europe, des prix du gaz naturel et de l’électricité. Cette crise a eu au moins le mérite de remettre au centre des préoccupations les questions cruciales de souveraineté énergétique, de sécurité d’approvisionnement, de réindustrialisation et plus encore de mesurer immédiatement les conséquences économiques et sociales d’une augmentation sensible des prix de l’énergie. Ainsi, la facture énergétique de la France s’est élevée à 120 milliards d’euros en 2022, « dont plus de 100 milliards pour le gaz et le pétrole, soit le budget combiné des armées et de l’éducation nationale ». On peut ajouter à ses transformations du paysage énergétique la surenchère des institutions européennes avec le plan « Fit for 55 » de réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici à 2030 par rapport à 1990 au lieu de 40%.

Augmentation considérable de la production renouvelable et de l’efficacité énergétique RTE a donc revu ses scénarios possibles « avec des rythmes différents de consommation, d’électrification des usages et de développement des énergies bas-carbone ». Il y en a trois. Le premier, scénario A, est la trajectoire de référence permettant d’atteindre les objectifs européens. Un scénario B, plus réaliste, permet d’atteindre les mêmes objectifs climatiques et de réindustrialisation mais « avec un retard de 3 à 5 ans ». Enfin, le scénario « C » décrit un environnement de « mondialisation contrariée, dans lequel les tensions macroéconomiques et géopolitiques se prolongent durablement » qui rendent la transition « plus difficile et plus coûteuse ».

En tout cas, RTE s’inscrit maintenant résolument dans une logique de substitution pour un grand nombre d’usages des énergies fossiles par de l’électricité décarbonée et donc d’une augmentation de la consommation et de la production et plus dans un monde de fantaisie où l’efficacité énergétique et la sobriété permettraient par miracle de ne pas avoir besoin de plus d’électricité. Mais cela ne veut pas dire que l’efficacité énergétique ne reste pas un ingrédient essentiel pour permettre aux modèles de donner les résultats escomptés…

En tout cas, « pour atteindre les objectifs de décarbonation accélérée et de souveraineté énergétique, une croissance forte et rapide de la consommation d’électricité est nécessaire », affirme RTE. Dans le scénario A, la consommation française d’électricité pourrait « atteindre entre 580 et 640 TWh/an en 2035 ». Le niveau moyen de consommation retenu en 2035 dans ce scénario est de 615 TWh, soit près d’un tiers de plus que le niveau actuel de consommation (460 TWh en 2022). Pour mémoire, en octobre 2021 RTE tablait sur une consommation de 540 TWh en 2035…

Toujours la méthode Coué Maintenant, les scénarios de RTE font toujours appel à la fameuse méthode Coué. Ils s’appuient ainsi sur des anticipations particulièrement « optimistes » d’améliorations spectaculaires de l’efficacité énergétique et d’envolée de la production d’électricité par les renouvelables intermittents (éolien et solaire) qui permettent alors de respecter les objectifs européens.

RTE met en avant 4 moyens essentiels pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. «La France a les moyens de gérer ces besoins d’électricité qui sont en hausse en s’appuyant sur quatre leviers essentiels : l’efficacité énergétique, la sobriété, le développement des énergies renouvelables et la disponibilité du parc nucléaire. Ces quatre leviers sont nécessaires. Il faut les activer simultanément plus ou moins fortement. Des marges de manœuvre sont possibles, mais il n’est pas possible de renoncer totalement à l’un d’entre eux », explique Xavier Piechaczyk, le président du directoire de RTE. Limiter la hausse de la consommation grâce à l’augmentation de l’efficacité énergétique représente un potentiel d’économie évalué « entre 75 et 100 TWh par an » à l’horizon 2035. Jouer aussi sur la sobriété, c’est-à-dire tout simplement moins consommer, « permettrait d’économiser jusqu’à 25 TWh en 2035 ». Enfin, les deux derniers leviers consistent donc à augmenter très fortement la production des filières renouvelables et disposer d’une plus grande disponibilité du parc nucléaire avec enfin l’entrée en production de l’EPR de Flamanville.

Source RTE.

Quadrupler la production d’électricité renouvelable intermittente d’ici 2035 De toute façon, l’« accélération importante » de la production ne peut venir d’ici 2035, faute d’anticipations y compris par RTE, que des énergies renouvelables intermittentes. Et c’est là où les choses se compliquent avec une production renouvelable au minimum de 270 TWh par an en 2035, en incluant l’hydroélectricité, « et, si possible, jusqu’à 320 TWh » par an, contre près de 120 TWh par an aujourd’hui…. Concrètement, cela implique, hors hydroélectricité, de quadrupler la production provenant du solaire photovoltaïque et des éoliennes terrestres et marines d’ici 2035.

Pour le solaire photovoltaïque, le rythme de développement « minimal » attendu est de 4 GW par an et celui « souhaitable » à partir de 2027 de 7 GW par an (contre 2,6 GW par an en moyenne en 2021-2022). La production solaire photovoltaïque pourrait dans ces conditions atteindre 80 à 110 TWh en 2035 (contre 18,6 TWh en 2022)…

L’éolien terrestre pourrait, en poursuivant le rythme d’installation actuel (+ 1,5 GW par an), produire 85 TWh par an en 2035 (contre 38,1 TWh en 2022). L’éolien offshore pourrait pour sa part apporter une contribution de 50 à 65 TWh en 2035 contre 0,7 TWh en 2022.

En ce qui concerne le nucléaire, « l’enjeu est de retrouver des niveaux de disponibilité et de production nucléaire supérieurs à ceux des dernières années », RTE retenant « une hypothèse prudente et atteignable » de 360 TWh par an à l’horizon 2030-2035 en intégrant enfin l’EPR de Flamanville. L’idéal serait toutefois d’atteindre 400 TWh, et ainsi de renouer avec les niveaux de production qu’a connu le parc nucléaire durant la décennie 2010.



Brèves 26/09/23

Euractiv, 22/09/2023

Le gouvernement italien a lancé une « plateforme nationale pour un nucléaire durable », qui aboutira dans les neuf mois à l’élaboration de lignes directrices en vue d’une éventuelle réintroduction de l’énergie nucléaire parmi les sources d’énergie nationales afin notamment de se passer, à terme, des énergies fossiles.


France Energie Eolienne valide son extension et se rebaptise France Renouvelables

Par Jacopo Landi Extrait GREEN UNIVERS

19 septembre 2023

L’assemblée générale extraordinaire de France Energie Eolienne (FEE) a approuvé à une large majorité la modification du statut qui lui permet d’étendre ses compétences au-delà de l’éolien. L’association professionnelle matérialise ce changement en adoptant le nom de France Renouvelables, une appellation qui recouvre un large champ. Mais France Renouvelables restera focalisée sur les énergies renouvelables électriques, en proposant “une vision systémique” de leur déploiement, c’est-à-dire en intégrant les questions de “stockage, de flexibilité et du cadre économique et règlementaire associé”, indique son communiqué. Les grandes centrales photovoltaïques ne sont pas citées mais un adhérent indique qu’elles figureront bien parmi les nouveaux enjeux

Face aux prix négatifs, des modèles d’affaires “électricité fatale” émergent

Par GreenUnivers EXtrait

20 septembre 2023

Le phénomène commençait à devenir récurrent les jours de faible consommation, mais voilà qu’il se produit aussi pendant la semaine. Entre lundi 18 septembre et aujourd’hui, la France et plusieurs pays voisins ont connu de longs épisodes de prix négatifs sur les marchés de gros de l’électricité. L’origine : une forte production renouvelable, surtout éolienne qui a poussé les prix ... (à la baisse)

Commentaires : C’est cela les EnR électriques intermittentes ! Il n’y a pas de vent il faut faire marcher les centrales à gaz et à charbon et les prix du MWh sur les marchés atteignent des sommets. Au cœur de l’hiver, il faudra peut-être même recourir à des coupures d’électricité par manque de potentiel pilotable! … (hydro, nucléaire, gaz, charbon..) Le vent souffle et le soleil brille il faut brader l’électricité fatale produite… et même payer pour l’évacuer (prix négatifs)


Loi LPEC : lobbying perdant pour le solaire et le nucléaire Extrait lettre A 18/9 Le Syndicat des énergies renouvelables et la Société française d'énergie nucléaire ont essayé de peser au sein des groupes de travail préparatoires à la loi de programmation énergie climat. Leur part du mix énergétique est toutefois restée en deçà des objectifs qu'ils préconisaient. Extrait propos RTE sur le déploiement des pompes à chaleur ; Même dans un scénario « accéléré » de remplacement d’un quart des chaudières à gaz par des pompes à chaleur d’ici 2030, l’effet sur la consommation est « quasi anecdotique », a affirmé Thomas Veyrenc, le directeur exécutif stratégie, prospective et évaluation de RTE, lors de la présentation du bilan. « En comparaison des augmentations [de consommation] sur l’hydrogène, l’industrie, la mobilité, déployer des pompes à chaleur ne va pas beaucoup faire évoluer notre consommation d’électricité. Ça va un peu l’accroître d’ici à 2030, de l’ordre de 3 TWh », ajoute-t-il. Déployer des pompes à chaleur a en revanche un effet sur la pointe électrique, de l’ordre de 6 GW supplémentaires à horizon 2030, par rapport à 2019. RTE restituera début octobre le détail de cette étude d’impact, qui comprend une dizaine de variantes à ce scénario. Les ombrières agrivoltaïques de TSE, armes de séduction massive Par Jean-Philippe Pié 22 septembre 2023 EXTRAIT GREEN UNIVERS

La centrale solaire de TSE à Brouchy (@JPP)

Cette semaine, le développeur photovoltaïque TSE a sorti le grand jeu pour inaugurer sa centrale agrivoltaïque à Brouchy*, dans la Somme. En plein champ mais entourée pour le moment d’une prairie fleurie, cette « canopée agricole » sophistiquée fait son effet, même sous une pluie battante. L’installation expérimentale de 2,9 MW à panneaux bifaciaux sur trackers culmine à 6 mètres pour laisser circuler les machines agricoles. Un système d’irrigation diffuse y est prévu pour économiser l’eau, ce qui la distingue d’un autre modèle pilote déjà installé à Amance (Haute-Saône). « L’Europe a besoin de plus de projets tel que celui-ci », salue Kadri Simson, commissaire européenne à l’énergie, signalant que le Fonds Innovation communautaire l’a en partie financé


Comment le gouvernement veut faire de la France une championne des pompes à chaleur EXTRAIT Les Echos le 25/9

L'exécutif souhaite tripler les capacités de production françaises de ces systèmes de chauffage respectueux de l'environnement pour les porter à 1 million par an en 2027. Des subventions ciblées sont, en parallèle, prévues pour les ménages afin de privilégier l'achat de production locale.

Lors de son entretien sur France 2, dimanche 24 septembre 2023, le président Emmanuel Macron a de nouveau annoncé le report de la fermeture des deux dernières centrales à charbon pour 2027. Commentaire : il faut un potentiel pilotable ! Le charbon en fait partie.. Je vous rappelle l’extrait d’un article de M Négynas :

Ce qui arrive plusieurs fois par an, même en hiver à la pointe de consommation, et en général sur toute l’Europe.

· Nucléaire…………. 50 GW (d’après EDF même, au mieux)

· Gaz………………….. 10 GW (on n’a jamais fait plus)

· Hydro………………. 15 GW (capacité 25 GW, prenons 15 GW, c’est le maxi probable)

· Bio…………………… 2 GW

· Fioul charbon……. 3 GW (le gouvernement a annoncé qu’il renonçait provisoirement à arrêter définitivement ces centrales)

· Éolien, solaire……. 0 GW

Total……………………….. 80 GW

· Conso maxi en 2022/2023… 80 GW

· Conso maxi en 2018/2019…. 86 GW

· Record en 2012………………… 102 GW



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