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Brèves du 01/03/2023 nucléaire - faillite énergétique allemande - profits pétroliers - patrimoine

- Interview de Louis Gallois [ex PDG de la Snecma (1989), d’Aérospatiale (1992), président de la SNCF (1996), et président exécutif d’EADS N.V. (2007), président du conseil de surveillance de PSA (2014-2021). Il est coprésident de La Fabrique de l’industrie depuis sa création en 2011]. Il met en évidence l'importance du nucléaire pour notre indépendance énergétique , notre sécurité d'approvisionnement et plaide pour que cette énergie bas carbone bénéficie des mêmes sources de financement que les EnR


1- Caractèriser le besoin d’électricité en Europe

La transition énergétique, marquée par la baisse de la contribution des énergies fossiles, va se traduire par une forte hausse de la demande d’électricité décarbonée. Les procédés industriels vont « passer » à l’électricité pour réduire leur empreinte carbone ; les logements seront progressivement chauffés (ou réfrigérés°) par l’électricité ; la mobilité va progressivement être assurée grâce à l’énergie électrique ou à l’hydrogène (On rappelle, bien sûr, que l’hydrogène vert ou bleu est produit par électrolyse et donc par électricité.)

L’électricité représente actuellement 25% de l’énergie consommée en France; en 2050, ce sera 55%. Cela veut dire que, même si des économies d’énergie doivent être réalisées, la consommation d’électricité va croître très sensiblement. Dans son scénario de réindustrialisation, le RTE prévoit que la consommation passe de 460 à 754 TWh en 2050. EDF, par la voix de son ancien Président, Jean-Bernard Lévy, estimait qu’on pourrait aller jusqu’à 800, voire 900 TWh. Les autres pays d’Europe ont des perspectives comparables. Cela signifie que les besoins d’électricité européens pour maintenir un certain niveau de croissance économique tout en visant l’objectif « zéro carbone net « en 2050, vont être considérables, en forte croissance par rapport à la consommation actuelle.

Face à cela, deux pays- l’Allemagne et la France-ont menées pendant 10 et 20 ans des politiques pour le moins erratiques. L’Allemagne en décidant en 2011 de sortir du nucléaire s’est jetée dans les bras de la Russie pour assurer son approvisionnement en gaz. L’accroissement à grands frais (plus de 500milliards d’euros) de sa production d’énergies renouvelables intermittentes, n’a réduit que partiellement, pour des raisons de sécurité électrique, ses besoins de sources pilotables, c’est-à-dire de charbon et gaz des lors que le nucléaire est exclu. Ceci a placé l’Europe entière dans une impasse au moment où les approvisionnements en gaz russe se tarissaient

La France de son côté a mené une politique de gribouille fondée sur la fiction que les besoins en électricité allaient baisser du fait des économies qui seraient réalisées : 11GW de capacités fossiles ont été fermées, 2GW d’énergie nucléaire (Fessenheim°) ont suivi le même chemin,12 autres réacteurs devaient être arrêtés d’ici 2035 ; les ENR développées pour un coût global supérieur à 120 milliards d’Euros (source Cour des Comptes) se sont révélées incapables de se substituer à des énergies pilotables. Le lancement de Flamanville a été pendant cette période la seule décision concernant de nouvelles capacités pilotables. Le retard de ce chantier et les difficultés rencontrées en 2022 sur le parc en service ont révélé une insuffisance de réserves de capacités nucléaires alors que l’ASN alerte sur ce point depuis des années… Résultat, la France est devenue importatrice d’électricité et ne pourra probablement pas sortir de cette situation avant que le programme de Belfort (6+8 réacteurs) ne produise ses effets, c’est-à-dire pas avant 2035-2040 sauf à s’équiper de nouvelles capacités gazières !

L’Europe (au sein de laquelle l’Allemagne et la France sont les deux plus gros consommateurs) va ainsi devoir réagir très vite si elle ne veut pas manquer d’électricité dans les années à venir, maintenir une croissance raisonnable et respecter ses objectifs de décarbonation.

2- Une politique européenne marquée par la méfiance vis-à-vis du nucléaire

En dépit du fait que l’UE assume la responsabilité d’Euratom dont l’objet même est de promouvoir le développement de l’énergie nucléaire, elle marque en toutes occasions ses réserves par rapport au nucléaire et privilégie, parmi les énergies décarbonées, les ENR. Sous la pression de l’Allemagne et de l’Autriche en particulier, mais aussi des lobbies antinucléaires particulièrement actifs à Bruxelles, la Commission refuse en fait de reconnaître le nucléaire comme une énergie d’avenir, décarbonée, pilotable, compétitive et indépendante. La meilleure illustration en a été la Taxonomie mise en place au début de 2022 qui met sur un pied d’égalité le gaz et le nucléaire comme « énergies de transition ». Mais on peut également citer le programme RepowerEU qui exclut, jusqu’à présent, le nucléaire des financements accordés aux énergies décarbonées. Notons enfin, le débat non achevé à la date de ce colloque sur le fait de savoir si l’hydrogène produit avec de l’électricité nucléaire sera considéré comme de l’hydrogène « bleu », et pourra bénéficier des aides liées à ce statut. La proposition de la Commission est négative sur ce point sans véritables arguments !

3- La nécessaire coalition des pays européens « nucléaires »

Dix pays membres de l’UE ont manifesté l’intention d’investir dans l’énergie nucléaire pour s’affranchir de la dépendance au gaz russe et/ou décarboner leur production d’électricité. Il est essentiel que ces pays fassent entendre leur voix en Europe. Quels pourraient être les objectifs de leur « coalition » ? D’abord de permettre à ces pays de peser de tout leur poids au sein des instances européennes et ,en particulier dans le Conseil Européen, pour faire reconnaître l’énergie nucléaire comme une énergie d’avenir participant pleinement à l’objectif de neutralité carbone en2050, assurant l’indépendance énergétique de l’Europe et la compétitivité de son économie. Plus largement, cette « coalition » diffuserait ce message auprès de l’opinion publique, devenue d’ailleurs plus réceptive à travers la crise énergétique actuelle. Par ailleurs, des coopérations entre pays « nucléaires » pourraient être mises en place sur les questions d’intérêt commun ; citons en quelques-unes : la formation des personnels pour la construction et l’exploitation des installations nucléaires, le cycle du combustible, la recherche, les projets innovants de SMR ou de réacteurs à neutrons rapides….Ces coopérations auraient tout intérêt à s’étendre à des pays tiers engagés également dans le développement de l’énergie nucléaire : le Royaume-Uni bien sûr, les États-Unis, la Chine ou la Corée du Sud, la Russie paraissant pour le moment exclue même si le nucléaire n’est pas visé par les mesures d’embargo.

Tout cela n’a de sens que si la France s’engage elle-même dans un programme ambitieux, soutenant la croissance de son économie et son indépendance énergétique. Le Président de la République a confirmé le lancement de la construction de 6 réacteurs et la mise à l’étude de 8 autres. Ce programme marque une vraie rupture et doit être salué comme tel. Mais il est probable qu’il ne suffira pas, même avec la prolongation de la durée de vie des centrales actuelles, à faire face aux besoins d’électricité décarbonée en 2050. L’appoint des ENR sera certainement utile mais il restera limité par leur intermittence tant que des solutions de stockage massif économiquement acceptables ne seront pas disponibles. Le nucléaire continuera donc à être le socle de la production d’électricité en France représentant de l’ordre de 70% de la production d’électricité ; pour cela, Il faudra aller au-delà de 14 réacteurs nouveaux à l’échéance de 2050.

Il est des lors essentiel qu’au sein de l’Europe, le nucléaire puisse bénéficier d’un traitement équitable, fondé sur ces mérites et accéder comme les ENR aux sources de financement les plus favorables. Dès lors la forme d’ostracisme qu’il subit dans les instances européennes est incompréhensible. Il pénalise en fait toute l’Europe.

*Ancien président de la SNCF et d’Airbus, coprésident de la Fabrique de l’Industrie. Communication lors du colloque : Le nucléaire, une chance pour l’Europe, qui s’est tenu au Palais du Luxembourg à Paris le 23 janvier 2023.



- Un article de Philippe Charlez toujours factuel et brillant

Philippe Charlez publie « Les dessous d'une catastrophe énergétique: Pourra-t-on encore se chauffer demain ? » chez Kiwi Editions. Crise du gaz, de l’électricité, marché européen et conflit russo-ukrainien, Philippe Charlez décortique le vrai du faux pour expliquer aux Français d’où viennent ces heures sombres et tenter de savoir si l’avenir s’avérera plus radieux. Extrait 1/2.

« La Cigale ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvue quand la bise fit venue », écrivait Jean de La Fontaine. Résultat d’une politique européenne catastrophique, l’Europe s’est naïvement engouffrée dans le piège gazier russe. Aussi les Européens sont-ils sommés de limiter leur consommation de gaz. Mais, sur ce point, tous les États membres ne sont pas sur un pied d’égalité.

En France, la consommation de gaz compte pour 18 % du mix énergétique, dont 17 % de gaz russe. En d’autres termes, le gaz russe compte pour seulement 3 % de la consommation énergétique française. En revanche, outre-Rhin, ce chiffre monte à… 16 %. Si contracter en un clic sa consommation énergétique de 3 % est significatif mais économiquement possible, la réduire de 16 % n’est pas acceptable, sauf à entrer dans une profonde récession économique. À titre d’exemple, durant le confinement pandémique de 2020, la consommation d’énergie en France s’était réduite de 10 %. Parallèlement, le PIB s’était contracté de 8 %.

Avec 3 % de dépendance gazière à la Russie, la France se trouve dans une situation très favorable par rapport à l’Allemagne. Une situation qui lui permettait de décider seule de l’ampleur de l’aide gazière qu’elle aurait à fournir à son voisin tout en préservant ses intérêts nationaux. Malheureusement, à la situation gazière est venue se greffer une situation électrique franco-française imprévue : 32 réacteurs nucléaires français ont été arrêtés pour différents problèmes de maintenance et de panne, et ne devraient être remis en ordre de marche qu’au premier trimestre 2023. Cette situation inédite oblige l’Hexagone à massivement importer de l’électricité… allemande.

« Électricité contre gaz », la France n’a plus son destin en main. Elle devra accepter une sobriété énergétique bien supérieure aux 3 % initialement nécessaires pour se passer du gaz russe. Parlant initialement de 10 %, la Première ministre Elisabeth Borne a révisé ses ambitions à la baisse avec 10 % sur deux ans. Mais ce n’est pas en portant un col roulé, en réglant son chauffage à 19 °C voire en télétravaillant qu’on réduira la consommation du pays de 5 à 10 points. Comme l’a justement fait remarquer dans L’Opinion la directrice de l’iFrap Agnès Verdier-Molinié : « Pour arriver à -10 % de consommation d’énergie, il faudra arrêter la production de nombre de nos usines… Lorsque les entreprises produisent moins, que les Français consomment moins d’énergie et se déplacent moins, cela a un effet sur la croissance. » Ce que E. Borne nous présente comme un plan de sobriété choisi est en réalité un plan de rationnement dans la douleur, un plan de décroissance économique que nombre d’écologistes extrémistes devraient applaudir ! Les arrêts récents des chaînes de production dans la verrerie (Duralex, Cristal d’Arcques), l’agroalimentaire (Garbit, William Saurin), mais aussi la sidérurgie, la chimie et la cimenterie n’augurent rien de positif pour 2023. Et que dire du cri d’alarme des bouchers et des boulangers, dont les factures énergétiques ont explosé depuis un an ? La décroissance au secours de la sobriété n’était pas vraiment l’option privilégiée par le Gouvernement et par les Français.

Qu’importe rationnement ou sobriété s’il s’agissait d’un effort partagé au nom d’une noble cause : « Défendre la démocratie en supportant l’Ukraine contre la Russie et combattre le réchauffement climatique. » Le grand Winston Churchill n’avait-il pas embarqué son peuple en lui promettant « du sang, de la peine, de la sueur et des larmes » ?

Hélas, en filigrane du discours moralisateur d’Elisabeth Borne se cachent vingt ans de renoncements politiques et d’errements énergétiques, vingt ans au cours desquels il n’y a jamais eu le moindre mea culpa des exécutifs successifs. « Il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité », disait le général de Gaulle. En termes de sécurité industrielle, les progrès reposent d’abord et avant tout sur une reconnaissance et une analyse des erreurs passées. Sans ce minimum de repentance, personne ne suivra et aucun progrès ne sera possible. N’en déplaise à Madame la Première Ministre, la politique n’échappe pas à la règle.

Si la guerre est d’abord porteuse de brutalité, d’oppression et de désolation et n’apporte généralement à terme que le chaos au vaincu comme au vainqueur, elle est aussi très souvent révélatrice de situations latentes occultées en temps de paix. Révélatrice d’un caractère agressif refoulé pour les uns, elle peut aussi être associée à des actes de profonde humanité comme l’a démontré la journaliste Véronique de Viguerie lors de ses innombrables reportages. Si le conflit russo-ukrainien nous a confirmé certaines évidences comme le fait que Poutine était bel et bien un tyran anti-démocrate, elle a aussi mis en lumière certaines situations moins manifestes pour l’opinion publique. Puisse le conflit ukrainien au moins révéler à l’Europe sa fragilité énergétique et contribuer à redéfinir une indispensable stratégie commune. Puisse le conflit ukrainien sonner le glas de la mortifère écologie politique.


- Une explication sur l'hypocrisie politique face aux profits records des pétroliers.

Voilà ce que les profits records des compagnies pétrolières nous disent de la transition énergétique (et de nos hypocrisies politiques)

Avec plus de 200 milliards d’euros cumulés en 2022, les six plus grandes compagnies pétrolières occidentales ont gagné plus d'argent que jamais dans leur histoire. Un résultat à la fois en contradiction absolue avec nos objectifs de transition énergétique et… alimenté par la contrainte politique de cette même transition.

avec Jean-Pierre Favennec Jean-Pierre Favennec est un spécialiste de l'énergie et en particulier du pétrole et du gaz. Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles sur des sujets touchant à l'économie et à la géopolitique de l'énergie.

Atlantico : Avec plus de 200 milliards d’euros cumulés en 2022, les six plus grandes compagnies pétrolières occidentales ont gagné plus d'argent que jamais dans leur histoire. Comment expliquer ces chiffres alors même que l’Occident ne jure que par la transition énergétique et la sortie des énergies fossiles ?

LLFP : Ce n’est pas un paradoxe, c’est un défaut d’anticipation des politiques qui ont voulu annoncer une transition énergétique avant d’avoir évalué les alternatives : on dit « on va sortir des fossiles » avant de savoir par quoi les remplacer ! On demande, on ordonne, aux pétroliers et gaziers de baisser leurs investissements dans l’exploration et la production et rien ne peut les remplacer sauf …le charbon qui depuis quatre ans est passé de 23 à 27% de la consommation énergétique mondiale tandis que les « fossiles (charbon, gaz et charbon) restaient stables à 84% , mais avec une poussée de la consommation globale ! Il n’y aura donc « transition « que si l’on investit massivement dans des alternatives réelles , ce qui n’ a été fait nulle part. Les usines éoliennes et solaires produisent de l’électricité intermittente, elles ont besoin d’être « doublées » 75% du temps par des centrales à gaz ou charbon, on a plutôt reculé sur les investissements hydroélectriques en proportion alors qu’elles fournissent de l’énergie pilotable et l’alternative majeure, le nucléaire, a été combattue un peu partout. On a donc fait l’inverse de ce que nous professions, on a accru l’utilisation du charbon , on a maintenu la consommation du gaz et du pétrole …en augmentant leurs prix avec les « taxes carbone » venant de toutes parts. On a donc défini des objectifs respectables sans se donner aucun moyen de les atteindre avec comme conséquence la souffrance de tous les peuples concernés et …une augmentation des bénéfices de toutes les compagnies de production des fossiles : c’était écrit !

Pour s’en sortir , puisque l’on n’a pas investi dans les vraies alternatives, il ne reste plus qu’à relancer l’exploration et la production pétrolière et gazière pour faire baisser les prix et revenir à une consommation charbonnière , la plus contestable, en forte diminution ! La transition énergétique ne peut réussir qu’à travers des alternatives et non des slogans creux avec des solutions d’électricité intermittentes sans efficacité réelle. Plutôt que de hurler contre des bénéfices extraordinaires, il faut en analyser les raisons …et reconnaitre ses erreurs . Ce n’est pas gagné !

Jean-Pierre Favennec : Les profits des six plus grandes sociétés pétrolières dépassent 200 milliards d’Euros pour 2022. Ces profits qui sont équivalents au PNB d’un pays comme le Finlande sont impressionnants. On se rappellera cependant qu’entre 2011 et 2014 les profits de ces mêmes sociétés atteignaient déjà des niveaux analogues. Les profits des grandes sociétés pétrolières sont bien entendu liés aux prix du pétrole. Mais le prix du pétrole en 2022 n’était pas supérieur au prix du pétrole il y a 10 ans. En revanche l’invasion de l’Ukraine et les embargos décidés par l’Union Européenne sur l’importation de produits pétroliers a considérablement augmenté le prix des produits pétroliers et l’augmentation des profits est surtout due à l’augmentation des prix des produits raffinés et du gaz naturel.

Comment expliquer ces chiffres alors même que l’Occident ne jure que par la transition énergétique et la sortie des énergies fossiles ?

Jean-Pierre Favennec : La reprise économique après le COVID puis l’invasion de l’Ukraine ont provoqué une très forte augmentation des prix du gaz naturel, des produits pétroliers, de l’électricité. Les profits des sociétés du secteur de l’énergie ont donc considérablement augmenté.

Si l’Union Européenne cherche à réduire sa consommation d’énergies fossiles, la demande de pétrole et de produits pétroliers continue à croître dans le reste du monde. Or les investissements dans l’exploration production du pétrole et du gaz ont été divisés par deux entre 2014 et 2019. Investissements réduits et demande accrue conduisent à une augmentation des prix donc des profits

Ceci ne signifie pas que les investissements dans les énergies renouvelables, nécessaires pour faire face au changement climatique, sont réduits au profit des investissements dans les fossiles. Mais dans une économie mondialisée où l’objectif premier est le profit et le versement de dividendes aux actionnaires, les investissements dans les fossiles restent rentables.

Cette semaine, BP, la major pétrolière qui était allée le plus loin dans ses engagements en faveur de la transition énergétique, a annoncé qu'elle allait ralentir le rythme de réduction de sa production de pétrole et de gaz. Comment expliquer ce renoncement ?

LLFP : Cela semble généreux, mais le résultat sera inverse de ce qui est imaginé, les prix et donc les bénéfices vont encore augmenter puisque il y aura d’un côté de la rareté (ce qui est rare est cher !) et de l’autre une faiblesse des investissements , donc des résultats en hausse . La solution ne peut pas résider dans la pénurie et la décroissance, mais dans la recherche de meilleurs rendements, d’alternatives viables et d’investissements efficaces. On ne va pas passer de 84% à 0% avec des discours, des punitions, des sanctions, mais avec des actes motivés, compréhensibles et modulés dans le temps et dans la géographie. A quoi sert-il de lancer des programmes irréalisables et ambitieux en France qui ne contient que 1% des terres immergées et des habitants de la planète ? Nous voulons des voitures électriques ? les nôtres seront à l’électricité d’origine nucléaire, les chinoises d’origine charbonnière ! Réduire la production de gaz et de pétrole c’est, aujourd’hui, augmenter l’utilisation du charbon ! Est-ce cela qui est souhaité ?

Jean-Pierre Favennec : Il n’y a pas de renoncement. Il y a une logique qui est celle du profit. Les principales sociétés européennes (Shell, BP, Total Energies, Equinor) est de répondre aux défis du changement climatique en mettant l’accès sur les investissements dans les renouvelables tout en garantissant des profits à travers l’exploitation des fossiles. La position des sociétés américaines : ExxonMobil, Chevron est légèrement différente car elles sont moins soumises aux pressions des mouvements écologistes.

La lutte contre le réchauffement climatique passe par des accords internationaux et probablement des mesures contraignantes. Ces mesures contraignantes sont difficiles à faire accepter aux citoyens.

Les entreprises pétrolières et les marchés financiers sont-ils (rationnellement) mus par une logique de court terme ? Est-ce irréaliste de croire que les géants du secteur vont accepter de se priver de manne dont-ils bénéficient actuellement ?

LLFP : Une grande partie des professionnels de l’énergie a compris que nous avions à vivre dans l’hypocrisie, faire semblant de croire à l’éolien et au solaire pour mieux fournir du gaz ! L’humanité en croissance a besoin de plus d’énergie, elle utilisera ce qui est à sa disposition, mais si la naïveté de certains est de croire qu’ils seront sauvés avec l’énergie intermittente, pourquoi ne pas en profiter ? Si le monde occidental continue à vouloir vivre dans le déni de réalité, les compagnies doivent s’adapter pour survivre. S’il faut continuer à transformer un produit abondant en produit rare en niant qu’il n’existe pas d’alternative , que peuvent faire les entreprises, sinon poursuivre une croissance de leurs bénéfices sans pouvoir les cacher ! On ne peut rien contre les autruches . On vient bien de voter en France pour accélérer le programme de construction des éoliennes en mer alors que les derniers mois viennent de nous démontrer qu’elles sont inutiles puisque nous avons, nous Français, investi depuis cinquante ans dans l’électricité nucléaire et hydraulique ! Les géants du secteur vont poursuivre leur politique en essayant de se faire discrets et « vertueux ». Si c’est cela qui est souhaité par les peuples et si tout le monde y trouve son compte ! Ils vont donc être amenés à financer beaucoup de choses inutiles pour être « bien considérés ». les « marchés » croient en l’éolien , demain à l’hydrogène, après demain ce sera autre chose …un jour le réel reprendra le dessus, mais nous n’y sommes pas encore

Dans quelle mesure cette situation met-t-elle aussi en lumière les hypocrisies politiques sur le sujet de la transition énergétique ?

LLFP : La « transition énergétique » est une gigantesque hypocrisie, nous sommes perpétuellement en transition, pas plus aujourd’hui qu’hier , et les alternatives aux fossiles, nous les traquons depuis le choc pétrolier de 1973 ! Simplement puisqu’il faut une continuité du service des citoyens-consommateurs à part le nucléaire et l’hydraulique on n’ a pas beaucoup avancé ! On parle de l’hydrogène mais c’est un vecteur, pas une alternative, la géothermie en est une mais pour la chaleur, pas la mobilité. On parle de changer les modes de vie, mais qui le décide ? les peuples ou les dictateurs ? On veut avancer vers un gouvernement de la planète ? Est-ce possible ? Est-ce souhaitable ? Ce ne peut être alors une démocratie ?

Nous ne pouvons être en transition accélérée qu’avec des alternatives dans lesquelles investir ! Où sont-elles ? Dans l’imagination, dans la science, la technique et l’industrie de demain, pas encore aujourd’hui ! Alors il va falloir, en attendant ce paradis espéré faire avec ce que l’on a , des meilleurs rendements pour le gaz et le pétrole et un ralentissement accéléré du charbon en commençant par les usages domestiques (comme en Inde !).

En attendant il faut rapidement investir dans les centrales nucléaires à neutrons rapides qui utilisent les déchets des centrales actuelles et dans l’hydroélectricité en particulier en Afrique pour tenter de stabiliser le continent avec des réseaux électriques performants.

La transition a toujours été le propre des civilisations techniques qui ont progressé tous les jours avec ce que les industriels appellent « l’amélioration continue » et les « retours d’expériences », on est loin de la politique des anathèmes et des imprécations , loin de l’hypocrisie aussi, mais le réveil va être douloureux , nous sommes encore dans le coma profond !

Avons nous trop abordé ces enjeux par de la pensée magique ?

LLFP : Bien sur ! En mettant autant de classes d’âge loin des sciences physiques et biologiques, loin de l’industrie et de ses exigences, en donnant l’illusion que l’homme était un destructeur de la nature alors qu’il n’avait jamais fait autre chose que de la transformer et la domestiquer , on a donné l’illusion à la jeunesse d’un âge d’or vers lequel il fallait revenir tout en lui fournissant les derniers instruments de la technique ! Il faut « sauver la planète » avec le smartphone …mais sans pétrole et sans gaz , sans nucléaire …sans ciment, sans acier, sans pétrole…sans mines et désormais sans travail . Encore une fois ce n’est pas gagné !


- Une lettre très à propos de nos amis des grandes associations de protection du patrimoine.

Demeures Historiques - Sites et Monuments - Vieilles Maisons Françaises - Patrimoine Environnement

A l’attention de Mme Mélanie Mégraud, Directrice du Cabinet

Objet : Incompatibilité des zones « favorables » à l’éolien avec les zones d’accélération de la production d’énergies renouvelables.

Madame la Ministre,

Nous avons noté l’insertion par le Sénat, le 4 novembre dernier, dans le projet de loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables, avec l’accord de principe du gouvernement, d’un article 1 er A (devenu plus tard l’article 3 puis l’article 15) instituant des zones d’accélération des renouvelables, à créer sur l’initiative des communes et après harmonisation par les communautés de communes. L’idée était de placer les collectivités locales, dans ce domaine si délicat, à la place qui leur revient.

L’article ainsi adopté a poursuivi son chemin vers l’Assemblée Nationale, qui en a retenu l’essentiel. Quelle n’a pas été notre surprise, au début de décembre dernier, d’assister en Normandie à une consultation tendant à dessiner une « cartographie » d’une tout autre conception, sur la base, non d’une loi, mais d’une simple circulaire. La carte proposée exprimait les préférences de la DREAL et non celles des collectivités locales. La consultation s’est déroulée dans des conditions déplorables. Seules les communautés des communes ont été sollicitées, mais elles n’ont disposé, dans l’Orne par exemple, que de huit jours effectifs pour se faire une opinion, ce qui ne leur permettait pas de se concerter réellement avec leur communes-membres. D’ailleurs, pour comprendre que les expressions « enjeu identifié » et « enjeu local potentiel » désignaient des zones réputées favorables à l’éolien, il fallait se reporter à un document distinct de la carte.

Les monuments historiques, qui contribuent largement à l’identité de la France et à son tourisme, ont été fort mal traités. Ainsi, dans le sud-est de l’Orne, pris comme exemple, nous relevons les cas de trois monuments marquants, le manoir de Vauvineux à Pervenchères, le château de Lonné à Igé, et le manoir de la Fresnaye à Saint-Germain-de-la-Coudre, qui se trouveraient respectivement à 2000 mètres, 800 mètres et 750 mètres de zones favorables à l’éolien. Ces deux dernières distances constitueraient à notre connaissance des records de proximité, pour des monuments connus et ouverts à la visite.

Alertés, des particuliers ont souhaité faire connaître eux aussi leur opinion, mais durant les derniers jours de la consultation, vers le 16 décembre, l’ordinateur de la DREAL, seul réceptacle autorisé, a refusé tous courriels. 2

Le 24 janvier, à Paris, la Commission Mixte Paritaire, réunissant députés et sénateurs, a confirmé l’institution de zones d’accélération de la production d’énergies renouvelables, en laissant une très large initiative aux collectivités locales.

Nouvelle surprise ! À la fin du même mois, une consultation analogue à celle de la Normandie, et appelant des remarques du même type, a été lancée dans les Pays de la Loire. Ces consultations précipitées et paradoxales auraient-elle pour but de devancer les collectivités locales et de les mettre devant le fait accompli ? Nous ne pouvons le croire. Un zonage issu d’une simple circulaire ne saurait prendre le pas sur celui dont le législateur vient de définir le principe.

Il n’y a pas lieu de nous répondre que ces zones « favorables » n’ont aucun effet juridique et ne sont pas opposables. Présentées par les pouvoirs publics, elles exerceront un attrait sur les promoteurs, et c’est d’ailleurs le motif de leur création. Si les collectivités, invitées le moment venu à proposer des zones d’accélération, et animées de préoccupations différentes de celles des DREAL, constatent que d’autres zones existent déjà et commencent à accueillir des projets, elles hésiteront à y ajouter de nouvelles zones, et se résigneront vraisemblablement à entériner, en ce qui concerne l’éolien, des choix qui ne sont pas les leurs. Elles auront ainsi été privées, dans les faits, des pouvoirs que le législateur vient de leur accorder.

Afin de permettre une démarche plus conforme à la volonté du législateur, nous vous saurions gré :

- de bien vouloir mettre fin aux campagnes de « cartographie » éolienne, autres que celles qui permettront de définir des zones d’accélération ;

- de bien vouloir faire retirer les cartes de zones « favorables » à l’éolien qui se trouvent déjà sur les sites officiels de certaines régions, comme la Nouvelle Aquitaine.

Convaincus d’agir ainsi dans l’intérêt bien compris de la transition énergétique, laquelle suppose l’adhésion du public rural, nous vous prions, Madame la Ministre, d’agréer nos respectueuses salutations.

Olivier de Lorgeril

Président

La Demeure Historique


Julien Lacaze

Président

Sites & Monuments


Xavier Marin

Président

Vieilles Maisons Françaises


Christophe Blanchard-Dignac

Président Délégué

Patrimoine Environnement


Copies:

- Madame Rima Abdul-Malak, Ministre de la Culture ;

- Monsieur David Lisnard, Président de l’Association des Maires de France ;

- Monsieur Michel Fournier, Président de l’Association des Maires Ruraux de France.


Brèves 01/03/2023

Euractiv. Extrait

"« Alors que la Commission européenne travaille à la réforme du marché européen de l’électricité, avec le soutien de la France et de l’Espagne, l’Allemagne fait pression pour que cette réforme soit reportée après les élections européennes de 2024.

En 2022, les prix records de l’électricité ont suscité des appels en faveur d’une réforme du marché de l’UE afin de réduire l’impact des prix du gaz sur ceux de l’électricité et de garantir une électricité à faible coût pour les consommateurs. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a fait de cette réforme une priorité et a ouvert une consultation en janvier. Une proposition concrète est attendue le 14 mars prochain. Cependant, Berlin ne devrait pas envisager une réforme du marché de l’électricité à grande échelle avant la fin des délibérations au niveau national." "« M. Habeck a souligné à plusieurs reprises le rôle de l’Allemagne en tant que « pièce maîtresse du système électrique européen », en raison de sa situation géographique. Auparavant, l’Allemagne, le Danemark et d’autres pays ont envoyé une lettre commune à la Commission européenne pour la mettre en garde contre des objectifs trop élevés en matière de réforme du marché de l’électricité. Les pays ont fait remarquer qu’une réforme précipitée en temps de crise pourrait compromettre l’expansion des énergies renouvelables à plus long terme. »"

Il y a bien un axe Europe du nord d’un côté et Europe du sud de l’autre.

A son tour, Tesla décide de fabriquer des batteries aux Etats-Unis plutôt qu’en Europe. La rédaction 23 février 2023 Extrait transitions et énergies

L’Europe des batteries, indispensable pour sauver une industrie automobile européenne en grand danger de ne plus être compétitive face à ses concurrents chinois et américains, vient encore de subir un sérieux revers. Après le suédois Northvolt, l’américain Tesla a décidé à son tour de renoncer à produire des batteries en Europe et de le faire aux Etats-Unis pour profiter des avantages fiscaux et de coûts de l’énergie bien plus faibles. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, CATL, le numéro un mondial chinois de la batterie pour véhicules électriques a décidé de baisser ses tarifs… uniquement pour les constructeurs automobiles chinois.

Commentaires : Pendant ce temps-là l’Allemagne fait pression pour retarder la réforme du marché européen de l’électricité, pour préserver le développement des énergies renouvelables, comme l’explique EURACTIV ci-dessus. Depuis déjà 1 an, nos industriels, nos artisans et nos commerçants souffrent. Les fermetures se multiplient. Les consommateurs voient les prix grimper… Cette situation ne peut perdurer jusqu’en 2024 comme le souhaite l’Allemagne. Les dégâts seraient considérables !!!!!!!!!!!!!!!!


SELECTRA Actu le 22/2/23 Après une année 2022 de tous les records en matière de bénéfices, Engie prévoit de doubler ses investissements dans l’énergie solaire et l'éolien par rapport au trois précédentes années, pour investir au moins 13 milliards d'euros d'ici à 2025. En 2030, la part des renouvelables dans ses capacités de production sera donc majoritaire. Engie souhaite également se développer rapidement dans le stockage par batterie

CEREME

Dérogation Espèces protégées : le Conseil d'État précise la notion du risque suffisamment caractérisé – (22.02.23)

Le Conseil d’Etat applique, dans un contentieux relatif à un parc éolien terrestre, son avis du 9 décembre 2022 fixant la grille d’analyse permettant de déterminer les conditions dans lesquelles une dérogation à l’interdiction de porter atteinte aux espèces protégées et à leurs habitats doit être demandée. Il considère notamment qu’un « risque faible à modéré » n’est pas suffisamment caractérisé. Il estime que le porteur de projet éolien doit « examiner si l’obtention d’une dérogation est nécessaire dès lors que des spécimens de l’espèce concernée sont présents dans la zone du projet », sans tenir compte du nombre de spécimens et de l’état de conservation de l’espèce. (Le Moniteur / ActuEnvironnement)

Nucléaire

Avec 65% d'avis favorable, la cote du nucléaire remonte – (20.02.23)

D’après le baromètre de Qualit’Enr qui évalue annuellement le rapport qu’entretient la population avec les EnR, les particuliers se disent favorables aux énergies renouvelables, mais perçoivent les travaux comme chers et complexes. Fait notable, le nucléaire s’offre une remontée considérable auprès des Français (65%), avec +5 points : sa plus grosse popularité depuis 12 ans, lui qui ne comptait que 39% de partisans en 2016. Ce regain de confiance ne rentre pas en contradiction avec les autres sources d’énergie, puisque le panel interrogé considère largement le mix énergétique (fossile et renouvelable) nécessaire à la transition énergétique. (Le Moniteur)

Intérêt public majeur et zones consacrées aux projets de réseaux et de stockage : les pistes étudiées au Conseil pour accélérer le développement des ENR – (23.02.23)

Dans la perspective des négociations en trilogue qui reprennent le 6 mars, la présidence suédoise propose de faire un pas vers le Parlement européen en acceptant de reconnaître le principe d’« intérêt public majeur » censé faire primer la construction d’un projet d’ENR sur d’autres intérêts lors de l’octroi des permis. Une clause assure toutefois la possibilité pour les États d’en limiter l’application à certaines parties de leur territoire et à certains types de technologies. Stockholm propose aussi de défendre la création de « zones d’infrastructure dédiées au développement de projets de réseaux et de stockage qui sont nécessaires pour intégrer les énergies renouvelables ». Ces espaces permettraient de soustraire les projets de réseaux ou de stockage (hors zones protégées) aux évaluations environnementales.

GEO

Extrait article du 27/2/23

La Chine est, en valeur absolue, l'un des principaux émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre à l'origine du changement climatique, comme le dioxyde de carbone (CO2).

Au total, selon le rapport, 106 gigawatts (GW) de nouveaux projets ont été approuvés en 2022 - soit l'équivalent de deux grandes centrales au charbon par semaine.


Ondes électromagnétiques : « on crève » s’exclament des éleveurs

Extrait magazine REUSSIR 25/2/23

Alors que la déambulation reprend, Emmanuel Macron est ensuite interpelé par des éleveurs se disant victimes des ondes électromagnétiques qui avaient déjà alerté Marc Fesneau au Space sur le sujet. « On crève ! lâche l’un d’entre eux, Le veau ne reconnait plus sa mère. Le lait est impropre à la consommation. Le lundi de la Pentecôte 2019, j’avais 9 bêtes par terre ». Un autre évoque 274 bêtes perdues et deux millions d’euros de perte. Emmanuel Macron propose d’indemniser et aider à reprendre des exploitations dans d’autres endroits.

Commentaires : Pitoyable !



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