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Brèves du 09/03/2023 : Allemagne et gaz - commission d'enquête scandales et magouilles - etc...

Information ahurissante concernant la planification de 17 à 21 GW de centrale à gaz en Allemagne pour produire de l'hydrogène.

Ces centrales seront en secours quand il n'y a pas de vent et ou pas de soleil.

l'Allemagne prévoit 17 à 21 GW de centrales à gaz en plus pour l'hydrogène
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Commentaires : La capacité actuelle de l’Allemagne concernant le gaz est de 27,5 GW. Ils vont ouvrir entre 17 et 21 GW de nouvelles capacités gazières !!! Selon electricity maps le gaz dégage entre 625 et 661 g de CO2 par KWh. En 2022 l’Allemagne a dégagé 508g de CO2 par KWh pendant que la France en a produit 83. A part ça les fans d’énergie renouvelables intermittentes ne cessent de répéter que la France est en retard sur l’Allemagne

Nos médias auront-il le courage de parler de cette incongruité pour ne pas dire plus et rester correct ?

Phrase d’un ami de la FA EV : Quand va-t-on poursuivre l'Allemagne pour écocide?


La commission d’enquête parlementaire visant à « établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France fait parler d'elle et révèle le scandale des magouilles entre partis,

l'absence d'avis d'experts et d'études approfondies avant de prendre des décisions catastrophiques. Ci-dessous 2 articles sur le sujet de l'Opinion et du Figaro.



Nucléaire un scandale politique révélé par les auditions de la Commission Schallenberger
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Une commission d’enquête parlementaire visant à « établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » essaie depuis l’automne de comprendre où est passé notre système si résistant. Il garantissait à la France une électricité fiable, abondante et peu chère. Il semble s’être désagrégé.


Travaux remarquables de cette commission présidée par le député LR de la circonscription de Fessenheim, Raphaël Schellenberger. La commission pose des questions simples à ceux qui ont tenu les destinées énergétiques de la France depuis 25 ans. Réponses édifiantes. Les citoyens de ce pays doivent aller écouter les auditions.

Qu’est-ce que révèle cette commission d’enquête ?

L’effarant cocktail d’ignorance, de je-m’en-foutisme, de cynisme, de lâcheté, de paresse, de militantisme, de manichéisme, de naïveté, de démagogie qui a décidé de notre politique énergétique. Oui, cela fait beaucoup, mais hélas, on en est là, avec des ingrédients dosés différemment selon les acteurs politiques de l’affaire. Accablant.

Ou alors, une amnésie collective.

Ségolène Royal ne se souvient pas avoir soutenu l’idée qu’il était possible de fermer tous les réacteurs en 40 ans. Nicolas Hulot ne se souvient pas avoir lu un rapport secret défense qui urgeait de construire six réacteurs avant la catastrophe. Dominique Voynet ne se souvient pas comment fonctionnait Superphénix qu’elle a fait fermer. Gros trous de mémoire.

L’impression d’un ahurissant bricolage.

Le plan de fermeture des centrales, par exemple. Ça ne reposait sur rien, aucune raison, si ce n’est un accord électoral conclu par François Hollande avec les Verts en 2012. On fermera 24 réacteurs sur 58. Ça aurait pu être 20 comme 40. Il faut écouter Arnaud Montebourg, qui fut ministre du redressement productif raconter cet accord « de coin de table ». Rien, absolument rien, n’avait été prévu, étudié.

Quid du dogme de la limite de 50 % de nucléaire dans le mix électrique ?

Fantasque. Manuel Valls avoue : « Ce n’était le résultat d’aucune étude d’impact ». 50%, ça faisait joli. Faut pas chercher le moindre argument technique. Nos politiques ont joué au bonneteau un des éléments les plus cruciaux de l’équilibre de notre pays.

Tous les scénarios semblent, comme ça, bâtis sur du sable.

Il faut écouter les ministres de la transition écologique de la période 2019-2022, Elisabeth Borne puis Barbara Pompili, parler du scénario RTE promouvant un mix 100% renouvelable. Elles savaient que c’était du pipeau, mais il fallait rabattre leur caquet aux partisans du nucléaire. C’est ça, la justification, rien de plus. L’intérêt national sacrifié pour un « nananère » de cour de récré.

La fermeture de Fessenheim ?

Pareil. Après nous avoir bien répété que c’était une question de sécurité, Elisabeth Borne avoue aujourd’hui qu’en fait, EDF n’a pas proposé d’autre centrale à fermer. Je traduis : ça aurait pu être n’importe laquelle, il fallait faire un exemple. Après moi le déluge.

Pas un pour rattraper l’autre ?

Ils sont quelques uns, des spécialistes, des ingénieurs, qui ont alerté sur le saccage. Comme Hervé Machenaud, ex-directeur exécutif d’EDF, qui a pointé l’impasse des scénarios à faible part de nucléaire. On leur a ri au nez. Pensez-donc, spécialiste, ça rime avec lobbyiste.

« L’influence politique de l'écologie antinucléaire a investi l’appareil d’Etat à tous les niveaux... C’est un miracle qu’on ait réussi à maintenir un parc nucléaire avec une telle efficacité dans un contexte politique qui se détériore de jour en jour depuis 40 ans. » C’est sa conclusion amère. On est au-delà des mots. Cette commission donne envie de hurler de désespoir.

La politique, ça ne peut pas être que la recherche de places et de sinécures. Cela nécessite parfois de s’abstraire de son propre intérêt, au profit de l’intérêt général. L’histoire jugera que cela n’a pas été le cas sur le nucléaire, et à la lumière de cette Commission d’enquête, ce jugement sera extrêmement cruel.

GRAND RÉCIT - Décidé dans l’accord électoral entre les socialistes et les écologistes en 2011, le plafonnement à 50 % de la part de l’atome dans l’électricité en France a fait peser une épée de Damoclès sur la filière.

Les uns biffent, les autres autopsient. En commission, les députés qui examinent le projet de loi d’accélération du nucléaire ont voté mercredi, comme les sénateurs avant eux, la suppression dans la loi de deux objectifs qui y avaient été inscrits en 2015: la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité en France et le plafonnement à 63,2 GW de la puissance nucléaire installée. «La filière a besoin, après des années de signaux négatifs et contradictoires, d’un signal de confiance»,a justifié la rapporteur Renaissance du texte, Maud Bregeon.

Dans une autre salle du Palais Bourbon, depuis l’automne, dans le cadre d’une commission d’enquête sur «les raisons de la perte de souveraineté énergétique» de la France, d’autres députés enchaînent les interrogatoires du ban et de l’arrière-ban de la politique énergétique du pays depuis vingt ans. Ironie des carrières: beaucoup de ceux qui sont en responsabilité aujourd’hui et président à la relance du nucléaire ont leurs empreintes digitales partout dans l’histoire de son désamour.

Cette commission d’enquête, dont le sérieux et la pertinence sont salués, constitue une plongée dans le marigot énergétique tricolore, avec ses crocodiles, ses anguilles, et ses spécimens à mémoire de poisson rouge. Un exercice cathartique, surtout, pour les élus d’un pays qui a redouté de manquer d’électrons pendant l’hiver. Comment la France s’est-elle résolue à brider voire à démanteler sa capacité de production nucléaire, ce parc unique au monde, dont la construction a été décidée dans la foulée du premier choc pétrolier, et qui lui a assuré pendant des décennies un approvisionnement fiable, décarboné et bon marché en électricité?

Une imposture

L’histoire commence en 2011. L’accident de Fukushima a transformé le paysage politique. Il conforte les écologistes dans leurs convictions et conduit une partie des socialistes à tourner le dos à leur credo nucléaire, assumé bon an mal an sous Mitterrand, un peu moins sous Jospin (fermeture de Superphénix). Le 16 novembre 2011, le Parti socialiste et Europe Écologie-Les Verts (EELV), sous la plume de leurs dirigeantes respectives, Martine Aubry et Cécile Duflot, signent un accord électoral pour 2012 - les Verts décrochant la candidature dans 60 circonscriptions. «Nous réduirons la part du nucléaire dans la production électrique de 75 % aujourd’hui à 50 % en 2025 et engagerons un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim» écrivent les deux partis.

En 2012, Martine Aubry (PS) et Cécile Duflot (EELV) signent un accord: «

Nous réduirons la part du nucléaire dans la production électrique de 75 % aujourd’hui à 50 % en 2025.» PHILIPPE HUGUEN/AFP

«Cet accord, je ne l’ai pas repris à mon compte», rappelle aujourd’hui (au «Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI» du 19 février) François Hollande, qui avait remporté la primaire socialiste un mois plus tôt. Plus précisément, le candidat retient la promesse de fermeture des deux réacteurs de Fessenheim (sur 58 en fonctionnement), mais occulte la fermeture anticipée de 24 autres. Surtout, il endosse l’objectif des 50 %, censé être atteint par la croissance du dénominateur avec le développement des renouvelables. «Cela ne repose à ce moment-là sur aucune estimation technique ou scientifique», écrira plus tard Cécile Duflot (De l’intérieur, Fayard, 2014), François Hollande «n’est pas fondamentalement convaincu, mais il comprend, avec son instinct politique, qu’après Fukushima, on ne peut plus défendre le nucléaire comme avant».

La décision des 50 % était imposée par l’accord avec les Verts. Pour autant, aucune étude d’impact ou analyse de besoin ne justifiait le passage de 75 % à 50 % de nucléaire dans la consommation énergétique

C’est une imposture. Et ce sont d’anciens responsables socialistes qui en parlent le mieux. Avec «cet accord (PS-EELV) de coin de table», a dit Arnaud Montebourg, ministre de l’Industrie de 2012 à 2014, «on s’est retrouvé avec un programme qui annonçait la fermeture de 24 réacteurs, et vogue la galère!». «La décision des 50 % était imposée par l’accord avec les Verts. Pour autant, aucune étude d’impact ou analyse de besoin ne justifiait le passage de 75 % à 50 % de nucléaire dans la consommation énergétique, a expliqué à la commission d’enquête Manuel Valls, ancien ministre et premier ministre de François Hollande. Personne n’imaginait réellement fermer vingt réacteurs en dix ans».

«Il s’agissait d’un accord politique. Certains étaient pour la sortie du nucléaire, d’autres pour l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, sans pour autant abandonner le nucléaire. Il a donc été décidé de trancher au milieu», a expliqué François Brottes, chargé de l’énergie dans l’équipe de campagne de François Hollande, puis député, et patron de RTE, le réseau de transport d’électricité (2015-2020).

«On a décrété que le tout-nucléaire ne serait pas ; que l’on allait baisser la part du nucléaire, qui se situait un peu au-dessus de 75 %, et qu’il fallait faire une ristourne. Tout cela au doigt mouillé!», a tempêté l’ex-PDG d’EDF (2009-2014) Henri Proglio.

«J’ai le sentiment à travers les auditions successives de la commission qu’une explication a posteriori s’est construite sur ces “fameux 50 %”», a dit le président de la commission d’enquête Raphaël Schellenberger (LR). «Le 50 %, c’est la conclusion arithmétique de l’intention des écologistes non seulement de sortir du nucléaire à moyen terme, mais surtout de tuer immédiatement la filière du MOX, c’est-à-dire du recyclage du combustible, utilisé dans 24 réacteurs, en les fermant les premiers», analyse un industriel.

Les drapeaux rouges se hissent

À l’époque, en tout cas, les alertes ne manquent pas. L’Union française de l’électricité (UFE) fait passer une étude détaillée à horizon 2030 à François Brottes. «Dans les scénarios de réduction de la production d’énergie nucléaire (à 50 %, et à 20 % en cas de fermeture de chaque réacteur parvenu à 40 ans), les énergies renouvelables ne peuvent se substituer complètement à l’énergie nucléaire. À l’horizon 2030, il est impossible de sortir, même partiellement, du nucléaire sans augmenter les émissions de CO2», est-il argumenté.

Après l’élection aussi, les drapeaux rouges se hissent, comme le prouve cet échange lors de l’audition de Pierre-Marie Abadie, directeur de l’énergie au ministère de 2007 à 2014 et actuel patron de l’Agence de gestion des déchets radioactifs (Andra). «Si je résume vos propos, développe le rapporteur Antoine Armand (Renaissance), en 2015, vous avez eu des discussions techniques avec les ministres. Vous leur avez expliqué que l’objectif de 50 % en 2025 imposait de fermer une vingtaine de réacteurs. Vous leur avez indiqué que cette perspective était préoccupante. Les responsables politiques ont entendu ce point, mais ont tout de même décidé de le mettre dans la loi. Vous avez alors considéré que cette démarche n’était pas suffisamment grave pour entraîner par exemple la démission collective de la direction générale de l’énergie.» Pierre-Marie Abadie confirme: «Les événements se sont effectivement passés de cette façon avec les autorités en place. Tout le monde savait.» Laurent Michel, le patron de la direction énergie climat du ministère depuis fin 2012, maintient cependant que «les nombreuses projections sur lesquelles nous nous appuyions (au moment de la rédaction de la loi, NDLR) nous laissaient penser que l’horizon 2025, ou une date approchante, était tenable.»

La ministre de l’Écologie (2012-2013) Delphine Batho, pourtant convaincue de l’objectif - «Depuis quand faut-il s’excuser de vouloir mettre en œuvre le programme sur lequel on a été élu?» -, le sait la première: «Les études que j’avais demandées aux services montraient qu’il était réaliste d’envisager l’atteinte de l’objectif de 50 % entre 2028 et 2030, mais qu’il n’était pas souhaitable de retenir la date de 2025 - même si c’était possible -, car cela obligerait à recourir aux énergies fossiles pour remplacer le nucléaire.»

Alerte de l’Autorité de sûreté nucléaire

En 2013, l’Autorité de sûreté nucléaire émet une alerte, rétrospectivement prémonitoire. «Je ne suis pas sûr que nous ayons été parfaitement entendus», a euphémisé l’ancien patron de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), Pierre-Franck Chevet, devant la commission d’enquête. L’ASN rappelait «l’importance de disposer de marges suffisantes dans le système électrique pour faire face à la nécessité de suspendre simultanément le fonctionnement de plusieurs réacteurs qui présenteraient un défaut générique grave». Curieusement, ce risque de défaut générique, qui a toujours été le meilleur argument en faveur de la diversification du mix énergétique pour le désensibiliser du seul nucléaire, a rarement passé le mur du son dans le débat public. Du moins jusqu’à l’apparition en 2021 de la corrosion sous contrainte sur une quinzaine de réacteurs parmi les plus récents.

Le président voulait mais ne voulait pas. Il était empêtré dans ses compromis de synthèse, de guingois

Arnaud Montebourg

Dans une note du 30 mai 2014, l’Agence des participations de l’État, le Trésor et la direction de l’industrie mettent encore en garde: «La réduction à 50 % de la part de la production nucléaire à l’horizon 2025 implique, compte tenu des prévisions de consommation sur la prochaine décennie, la fermeture de 20 à 25 réacteurs (2 à 3 par an entre 2017 et 2025).» Pendant la première partie du quinquennat Hollande, le discours officiel ne bouge pourtant pas d’un iota. «Vous connaissez l’engagement que j’ai pris: réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025. Cela commence donc aujourd’hui. Je rappelle que la centrale de Fessenheim sera fermée d’ici fin 2016», dit le président en ouverture de la conférence environnementale, en septembre 2013. En coulisses, tout le monde cherche comment sortir de l’impasse créée par une promesse intenable devant le mur de la réalité. «Le président voulait mais ne voulait pas. Il était empêtré dans ses compromis de synthèse, de guingois», rappelle Arnaud Montebourg.

«Bataille de l’intérieur»

Il faut plus de deux ans pour que le projet de loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) soit présenté, le 18 juin 2014, par Ségolène Royal, quatrième ministre en charge de l’Écologie du quinquennat. Un monument d’habiletés. Les dispositions les plus radicales ont été expurgées. Exit la fin de vie des réacteurs à 40 ans - le «grand carénage», l’opération géante de maintenance à 55 milliards d’euros pour que le parc atteigne 50 ans au moins, sera d’ailleurs validé en 2015. Arnaud Montebourg, ministre jusqu’en août 2014, raconte sa «bataille de l’intérieur» et met en garde par écrit le premier ministre Manuel Valls le 6 juin 2014 contre un texte dur qui serait «particulièrement dangereux sur le plan de la sécurité d’approvisionnement, de la compétitivité, des finances publiques et de l’emploi». «Il faut réagir vite, je compte sur toi», conclut-il. Selon lui, en interministérielle, la directrice de cabinet de Ségolène Royal arrivait «avec une liste de réacteurs à fermer». Propos contestés par l’intéressée, Élisabeth Borne, aujourd’hui première ministre.

Le 50 %, c’était donc «un enjeu programmatique du président de la République» à l’époque, a rappelé Élisabeth Borne. Les promesses présidentielles sont tenues, mais de sorte que personne n’ait à les respecter. Ainsi le fameux ratio de 50 % de nucléaire à l’horizon 2025 est-il transcrit sous la forme d’une déclaration d’intention dans le titre premier. «La formulation, qui mentionne un “horizon” 2025, est révélatrice de la dimension très peu normative de cette proposition», a expliqué aux députés leur ancien collègue François Brottes. «Je ne souhaitais pas que figure dans la loi l’objectif d’abaisser la part du nucléaire dans la production d’électricité de 75 % à 50 %, car j’estimais que nous devions au préalable nous assurer d’économiser de l’énergie et de développer les énergies renouvelables. J’ai donc cherché à extraire cet objectif de 50 % de la loi, en proposant de le placer dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE)», a affirmé en commission d’enquête Ségolène Royal.

Sortir du nucléaire en quarante ans me paraît curieux. Je ne me souviens pas avoir dit cela

Ségolène Royal, ancienne ministre de l’environnement

L’ex-ministre dit même avoir voulu reporter l’échéance à 2030. «Les écologistes sont alors montés au créneau, à Matignon comme à l’Élysée, et ont insisté pour maintenir l’échéance de 2025, mais je l’ai refusé. J’ai proposé d’écrire “l’horizon 2025”, en menaçant de retirer cet objectif de la loi si cette formulation n’était pas retenue.» La mémoire joue bien des tours à l’ancienne candidate à l’élection de 2007 et à la primaire de 2011, qui, dans ce dernier cadre, lui a rappelé Antoine Armand, avait déclaré être pour une sortie du nucléaire «à 40 ans maximum». «Je ne sais pas dans quelles conditions j’ai donné cette interview. Sortir du nucléaire en 40 ans me paraît curieux. Je ne me souviens pas avoir dit cela», réagit Ségolène Royal.

Dans sa loi, beaucoup est en fait discrètement renvoyé à la PPE, qui elle-même renverra les décisions difficiles à plus tard. «Pardonnez la boutade, mais vous nous dites que la loi de 2015 a eu le mérite de créer la PPE et que la PPE a eu le mérite de défaire une partie de la loi de 2015»,s’amuse d’ailleurs le rapporteur Antoine Armand devant Antoine Pellion, conseiller de Ségolène Royal en 2014-2016 puis d’Emmanuel Macron à l’Élysée et aujourd’hui secrétaire général à la Planification écologique.

Seul le plafond de 63,2 GW est une mesure véritablement «mordante», selon le mot de ce dernier. Le plafonnement implique la fermeture d’une capacité équivalente à celle de l’EPR de Flamanville que l’on pense voir entrer en service pendant le quinquennat. «Finalement, il n’est resté qu’un seul symbole, un martyr, de cette politique: Fessenheim. C’est tombé sur vous», a lâché Arnaud Montebourg à l’attention de Raphaël Schellenberger, élu de la circonscription alsacienne. L’opération de «damage control» a fait une victime collatérale. Le 6 avril 2017, deux semaines seulement avant le premier tour de l’élection présidentielle, Ségolène Royal signe le décret d’abrogation de l’autorisation d’exploitation des réacteurs de Fessenheim, dont chacun sait ce jour-là qu’il ne tiendra pas au Conseil d’État. «C’est dit, c’est fait», tweete la ministre. Le mandat est terminé. François Hollande, qui en 2013 rappelait que les décisions de politique énergétique engagent pour «les décennies à venir», arrête à la mi-2017 le compteur de ses souvenirs. «Est-ce que j’ai supprimé des centrales? Aucune n’a fermé pendant mon quinquennat», rappelait-il au «Grand Jury» mi-février. «La France a assumé de conserver son nucléaire», a affirmé devant les députés son ancien conseiller et actuel patron de RTE, Xavier Piechaczyk.

Trois ans après le vrai-faux décret de Ségolène Royal, c’est son ancienne directrice de cabinet et troisième ministre de la Transition écologique d’Emmanuel Macron, Élisabeth Borne, qui met en œuvre la vieille promesse de François Hollande et préside à la fermeture, le 30 juin 2020, du second réacteur de Fessenheim. «Il y a ceux qui en parlent, et puis il y a ceux qui le font. Nous, on le fait», se félicite-t-elle.

Parcours traumatique

Dans l’intervalle, le 50 % inscrit dans la loi promulguée le 18 août 2015 a poursuivi son parcours traumatique. Emmanuel Macron, candidat inattendu et vainqueur improbable de l’élection de 2017, a repris à son compte l’objectif. Un choc pour la filière. «Nous avions quitté un ministre de l’Économie (2014-2016) productiviste. Nous avons retrouvé un président de la République qui nomme Nicolas Hulot à l’Écologie!», raconte un ponte du secteur.

L’administrateur général (2015-2018) du Commissariat à l’énergie atomique, Daniel Verwaerde, s’en souvient: «Monsieur Nicolas Hulot, qui assurait la principale tutelle du CEA, était l’un des trois ministres d’État du gouvernement. Lors de notre première rencontre, il m’a invité à parler “de tout ce que faisait le CEA, mais pas du nucléaire”.»

Qu’était allé faire dans cette galère l’ex-égérie de l’écologie et star du petit écran? «Probablement, le président de la République avait plus d’enthousiasme que moi pour le nucléaire, mais il m’avait assuré que le ministre ne serait pas seul. J’ai dit chiche.» Chiche pour «la décision la plus difficile»: à l’automne 2017, Nicolas Hulot endosse le constat d’impasse et reporte de 2025 à 2035 le cap des 50 % de nucléaire. La faute à ses prédécesseurs, affirme-t-il, qui n’avait rien préparé. Son ex-directrice de cabinet enfonce le clou: «50 % en 2025, c’est facile sur le papier. Mais ça ne tenait pas la route une seconde en termes de réalisation.» «Cette échéance a été décalée à 2035 car on n’a pas été fichus de tenir collectivement nos objectifs», a regretté Barbara Pompili, ministre de 2020 à 2022.

«La PPE de 2016 ne précisait pas comment atteindre le seuil de 50 %, et exécutait le sujet en un paragraphe, en indiquant que certains réacteurs seront prolongés et d’autres fermés. Il n’existait donc pas de trajectoire, et nul n’a cherché à sortir de cette ambiguïté», raconte François Brottes. «Édouard Philippe ne voulait pas faire semblant de croire que ce qui était écrit dans cette loi votée par le gouvernement précédent était applicable», dit son ancien directeur de cabinet Benoît Ribadeau-Dumas. L’ancien premier ministre est revenu sur la saga des 50 % devant son parti Horizons le 16 septembre 2022: «D’abord il a été dit qu’il fallait baisser la part du nucléaire - et c’était une bonne idée. Ensuite, qu’il fallait baisser à 50 %. Et ensuite encore, qu’il fallait baisser la part à 50 % en 2025. Dire ça, c’était une énorme absurdité. Ce faisant, on a totalement décrédibilisé la parole politique parce qu’on l’a écrit dans la loi. (En 2017), on a corrigé un certain nombre de choses: on a dit: “2025, ça n’a aucune espèce de crédibilité.” On a reporté à 2035 - je vais vous dire, ça ne me paraît pas beaucoup plus crédible mais c’est quand même nettement plus crédible.» Provocateur, mais aussi en colère, Yves Bréchet, haut-commissaire à l’Énergie atomique de 2012 à 2018, a dressé à sa façon le bilan de ces errements: «La politique énergétique du pays a été décidée par un canard sans tête. La chaîne de décision publique est désastreuse.»

Le 50%, une promotion insidieuse de la décroissance?

Le 50 % est-il le produit, non seulement d’une écologie antinucléaire, mais aussi d’une promotion insidieuse de la décroissance? Certains en sont convaincus. «J’ai assisté avec grand désespoir à la mise au point de la théorie absurde de la décroissance électrique, qui m’a été imposée à l’époque avec beaucoup d’insistance par les pouvoirs publics», affirme par exemple Henri Proglio. En appui des PPE de 2016 et de 2020 (pour la période 2019-2023), avant et après l’élection d’Emmanuel Macron, donc, les analyses de RTE, gestionnaire du réseau et garant de la sécurité d’approvisionnement, sont très conservatrices sur l’évolution de la consommation d’électricité. S’agissant de la PPE de 2016, Daniel Verwaerde «avoue avoir éprouvé quelques difficultés à comprendre: alors que, dans la LTECV, l’électricité devait remplacer l’énergie fossile pour de nombreux usages, la PPE prévoyait une stagnation voire une légère diminution de la consommation d’électricité». «En 2012, 2013 et 2014, par ailleurs, les consommations de la France sont à la baisse et au mieux stables. Le parc nucléaire, à l’époque, produit beaucoup, au point d’exporter de l’électricité», résume Xavier Piechaczyk qui, face à Olivier Marleix (LR), qui suggère des analyses construites pour justifier le seuil de 50 %, défend son entreprise: «Nous (ne) travaillons (pas) sous la dictée de quiconque.»

Jusqu’ici, tout va bien, semblent indiquer avec constance les expertises du ministère et de RTE. Les hypothèses donnent un confort relatif à l’exécutif, y compris pour engager la fermeture de moyens de production thermique. Les années passant, un éléphant devient cependant de plus en plus encombrant dans la pièce énergétique: l’effet falaise que connaîtra le parc nucléaire français, mis en service en un temps record dans les années 1980 et 1990. Que ce soit à 40, 50 ou 60 ans, voire au-delà, les réacteurs finiront par fermer. Il est temps de reprendre les chantiers.

L’idée d’un nouveau programme nucléaire est rapidement dans l’air. À l’été 2018,Yannick d’Escatha (ancien administrateur général du CEA) et Laurent Collet-Billon (ancien délégué général pour l’armement) rendent un rapport sur le maintien des compétences dans la filière. Rapport classé secret-défense mais dont Les Échos avaient révélé qu’il prônait la construction de six EPR. «Il fallait donc construire, et c’est ce que nous avons dit», se borne à indiquer Yannick d’Escatha. «Ce rapport ne m’est pas parvenu», a réagi Nicolas Hulot devant les députés, provoquant l’hilarité de Michèle Pappalardo.

«Nicolas Hulot s’opposait à porter le nouveau nucléaire, mais nous voulions préparer le terrain en faisant passer un certain nombre de décisions, car ni la majorité ni le pays lui-même n’étaient prêts pour celles-ci», se remémore devant les députés Benoît Ribadeau-Dumas. Fin août 2018, Nicolas Hulot claque la porte. En novembre, Emmanuel Macron présente les grandes lignes de la PPE, monument de «en même temps»: «Quatorze réacteurs de 900 mégawatts seront arrêtés d’ici à 2035. Ce mouvement commencera à l’été 2020 avec l’arrêt définitif des deux réacteurs de Fessenheim», déclare le président de la République, qui, de plus, «demande à EDF de travailler à l’élaboration d’un programme nucléaire. Tout doit être prêt en 2021 pour que le choix qui sera proposé aux Français puisse être un choix transparent et éclairé».

L’électricien public et la filière ont donné aux opposants à l’atome tous les bâtons pour se faire battre. Sous Nicolas Sarkozy, avec la rivalité insensée entre Areva et EDF, sous François Hollande, avec la quasi-faillite d’Areva provoquée par l’hémorragie financière et industrielle du chantier de l’EPR finlandais d’Olkiluoto, sous Emmanuel Macron, avec la déroute du chantier de l’EPR de Flamanville. «On était tous surpris par les malédictions qui s’abattaient sur les EPR, a témoigné Nicolas Hulot. Il aurait fallu qu’on soit un peu rassurés, que Flamanville soit démonstratif.» L’argument est plus que recevable.

À qui la faute? La filière accuse l’absence de projets, l’avenir obéré par une politique énergétique de courte vue, expliquant la démobilisation des troupes. «Je ne crois pas à la thèse d’une défaillance de maintenance ou de vigilance résultant d’une trajectoire de diminution potentielle du parc», a affirmé François Brottes. «Nous avons eu vingt ans sans projets qui ont été fatals pour la transmission des savoirs techniques», avait pourtant écrit Pierre-Franck Chevet en 2018. «De toute évidence, l’arrêt de toute construction neuve en France une première fois après celles de Civaux, lancées au milieu de la décennie 1990, et à nouveau l’absence de nouvelle construction après le cas singulier du réacteur de Flamanville 3, qui n’a pas été suivi d’autre lancement de projet depuis plus de quinze ans, amènent à s’interroger sur leurs effets directs et indirects quant à la performance vécue par EDF sur Flamanville 3», a affirmé Jean-Bernard Lévy, ex-PDG d’EDF (2014-2022).

La procrastination dans le domaine du nucléaire et la politique d’annonces, dans l’attente de décisions concrètes de mise en chantier, démontrent une ignorance stupéfiante de l’inertie intrinsèque des industries lourdes

Yves Bréchet, haut-commissaire à l’Énergie atomique de 2012 à 2018

«J’ai dit à des collègues que s’il n’y avait pas de programmes, nous ferions, avec nos pièces, un musée du maintien des compétences. Nous monterons peut-être ce musée, mais j’espère qu’il sera dépourvu de pièces parce qu’elles seront dans des réacteurs nucléaires», a plaisanté le patron de Framatome, Bernard Fontana. La filière nucléaire a besoin de projets. Pour Yves Bréchet, «la procrastination dans le domaine du nucléaire et la politique d’annonces, dans l’attente de décisions concrètes de mise en chantier, démontrent une ignorance stupéfiante de l’inertie intrinsèque des industries lourdes».

Esquissé dans le plan France 2030, le signal tant attendu sera donné pour de bon par Emmanuel Macron à Belfort le 10 février 2022 avec la commande de trois paires d’EPR 2 et quatre autres à l’étude. Entre l’engagement de 2017 d’un plafonnement à 50 % du nucléaire dès 2025 et l’engagement d’un nouveau plan Messmer, le rapport signé par RTE sur les «futurs énergétiques» à 2050, tout a changé, paraît-il. La bascule réside pour l’essentiel dans l’anticipation d’une consommation d’électricité en hausse. «En 2018-2019, la volonté d’électrifier le parc roulant français et d’accélérer la décarbonation de l’industrie autour de l’électrification des procédés, puis l’apparition de l’hydrogène, ont contribué à une augmentation de la consommation», justifie Laurent Michel. «On ne raisonne plus de la même façon puisqu’on a maintenant une vision beaucoup plus ambitieuse sur la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et donc sur les besoins de production en électricité», a souligné Élisabeth Borne, ajoutant: «Ça rend modeste sur les prévisions.»

Certains pensent d’ailleurs que les estimations réévaluées sont encore trop timorées. «Une stratégie énergétique nationale se fondant sur une fourchette de consommation domestique annuelle d’électricité de 750 à 800 térawattheures en 2050 ferait courir à notre pays nettement moins de risques que le point moyen de 645 TWh qui a été retenu fin 2021», a ainsi déclaré Jean-Bernard Lévy.

À 650 TWh, 750 TWh ou 800 TWh, l’explosion maintenant attendue des besoins exige un développement de toutes les productions possibles. Pour ce qui concerne le nucléaire, tous les moyens sont bons. Le scénario haut retenu dans le rapport RTE sur la base du «maximum industriel» communiqué par la filière selon Xavier Piechaczyk - quatorze tranches d’EPR mises en service en 2050 - serait-il déjà obsolète? La ministre Agnès Pannier-Runacher, dans la foulée du conseil de politique nucléaire réuni le 3 février, appelle à débrider la puissance des réacteurs existants, à envisager leur prolongation au-delà de 60 ans, et à s’interroger sur la possibilité d’aller au-delà de 14 EPR à construire. Le ratio de 50 % est pulvérisé, au numérateur et au dénominateur, par la crise énergétique.


L'Allemagne et la France s'affrontent sur le nucléaire

A Bruxelles France et Allemagne s'affrontent
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La question de l’atome, et plus particulièrement de son utilisation pour produire de l’hydrogène bas carbone, est au cœur d’un affrontement franco-allemand qui se déploie avec une intensité rare au sein des institutions européennes.

Depuis que l’Allemagne a décidé de sortir du nucléaire, après la catastrophe de Fukushima, au Japon, en 2011, Paris et Berlin ne cessent de batailler sur la question de l’atome. Ces derniers mois, cet affrontement diplomatique, politique et économique a pris une intensité rare, alors que la lutte contre le réchauffement climatique et la guerre en Ukraine poussent l’Europe à se défaire des énergies fossiles. Et c’est à Bruxelles qu’il se livre. Chantage, marchandages, lutte d’influence et communication à haute dose sont les ingrédients de cette guerre qui tient en haleine les spécialistes du secteur.

Au moins cinq projets législatifs communautaires en cours d’examen en font déjà les frais, peinant à avancer : sur les énergies renouvelables, le paquet gazier, les carburants aérien et maritime, la banque de l’hydrogène. Et la France et l’Allemagne fourbissent leurs armes sur deux autres textes stratégiques que la Commission européenne doit bientôt présenter. Le premier porte sur la réforme du marché de l’électricité européen, le second sur la manière de développer dans l’Union européenne (UE) une industrie verte compétitive face aux offensives chinoise et américaine.

Certaines de ces réglementations en construction concernent le sort qui sera fait à l’hydrogène bas carbone, c’est-à-dire produit à partir de l’atome, pour décarboner l’industrie et les transports longue distance, aux côtés de l’hydrogène renouvelable. D’autres seront éminemment structurantes pour la viabilité économique du secteur nucléaire français et la compétitivité de l’Hexagone.

Point de blocage précis

Dans l’immédiat, les protagonistes de cette guerre se concentrent sur la directive concernant les énergies renouvelables, alors qu’une nouvelle réunion de négociation est prévue lundi 6 mars entre la Commission, le Conseil et le Parlement européens. Deux camps, l’un emmené par l’Allemagne, l’autre par la France, s’affrontent, chacun disposant d’une minorité de blocage sur un point précis : l’hydrogène bas carbone doit-il être pris en compte pour mesurer les efforts des Etats membres à atteindre l’objectif de 45 % de renouvelables dans leur bouquet énergétique d’ici à 2030 ?

Pour Berlin et ses alliés espagnol, luxembourgeois ou autrichien, seul l’hydrogène vert, produit avec une électricité éolienne ou photovoltaïque, est éligible. Inacceptable, répondent Paris et ses amis, issus pour l’essentiel d’Europe orientale et centrale, qui misent sur l’atome pour les aider à respecter l’accord de Paris. « S’interdire d’utiliser le nucléaire, qui est une énergie émettant moins de carbone que le photovoltaïque ou l’éolien, est une position climaticide, et absurde », répète la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher.

« Si la France se repose sur son nucléaire, elle ne fera pas le nécessaire en termes de renouvelables », fait-on valoir côté allemand. « Quand il s’agit d’importer du GNL dégueulasse issu du gaz de schiste ou de faire tourner ses centrales à charbon, l’Allemagne est moins regardante », s’agace-t-on de l’autre côté du Rhin. Paris argue qu’avec une électricité déjà décarbonée à plus de 90 %, il lui est impossible de tout miser sur le renouvelable sans réduire, à terme, sa production d’électricité nucléaire. L’Allemagne, en revanche, dont près de la moitié de l’électricité est d’origine fossile, a plus de marges.

Le blocage pourrait prendre la même ampleur que le débat sur l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie, cette labellisation des activités vertes qui permet d’orienter les investissements du privé et qui a divisé les Européens pendant de long mois. Aujourd’hui, « deux minorités de blocage se font face. J’ai l’impression d’être dans une arène avec deux taureaux qui se font face. Pour l’instant, tout est calme », relate une source.

Le 28 février, en marge d’un conseil des ministres à Stockholm, Agnès Pannier-Runacher a tenté une démonstration de force. Elle a réuni dix pays – Slovaquie, Slovénie, Bulgarie, Croatie, Pologne, République tchèque, Hongrie, Finlande, Roumanie et Pays-Bas –, avec l’intention de poser la première pierre d’une « alliance du nucléaire ».

Ils ont certes signé un communiqué commun, reconnaissant le rôle de l’atome pour la sécurité de l’approvisionnement énergétique et la poursuite des objectifs climatiques. Mais Paris n’a pas obtenu la reconnaissance du rôle du nucléaire dans les législations européennes. Ce qu’a bien noté l’Allemagne, persuadée « que la coalition pronucléaire autour de la France est fragile. Elle joue la montre », commente un diplomate européen.

Accords sans suite

Personne n’imagine, en tout cas, que la réunion du 6 mars permettra de débloquer l’affaire, même s’il existe plusieurs pistes pour sortir de l’impasse, à commencer par celle qui consisterait à évacuer le sujet de l’hydrogène du texte. « La France comme l’Allemagne campent sur des positions idéologiques. Il faut en sortir, sans quoi cela fragilisera le Green Deal et la transition énergétique », résume Pascal Canfin, le président (Renew Europe) de la commission de l’environnement du Parlement européen.

A Paris, on pensait l’affaire réglée après le conseil des ministres franco-allemand du 22 janvier. Certes, les négociations avaient été dures et ce n’est que la veille de la rencontre à l’Elysée entre Emmanuel Macron et Olaf Scholz que le passage consacré à l’hydrogène dans leur déclaration commune avait été stabilisé. Mais finalement, le président français et le chancelier allemand s’étaient engagés à « [veiller] à ce que l’hydrogène renouvelable et bas carbone puissent être pris en compte dans les objectifs de décarbonation fixés sur le plan européen ».

Voilà, pensait-on à l’Elysée, qui valait quitus allemand pour tout texte traitant de la question de l’hydrogène. Même si, reconnaît un diplomate, « il n’est pas certain que le chancelier en avait informé les Verts, très hostiles au nucléaire. D’ailleurs, le ministre [de l’économie (Verts)] Robert Habeck a tout de suite nuancé les propos de la déclaration commune ».

Quelques jours plus tôt, à Barcelone, le 19 janvier, Emmanuel Macron et le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, avaient signé un traité d’amitié qui levait également, pensait Paris, l’hypothèque espagnole sur cette thématique. A dire vrai, la question de l’hydrogène était encore ouverte quand les deux dirigeants s’étaient retrouvés en tête à tête au Musée national d’art de Catalogne pour sceller leur nouvelle alliance.

« Sanchez a fini par toper, mais il n’est pas certain qu’il ait tout compris. Il s’est fait remonter les bretelles par ses équipes et par Berlin », confie une source. En contrepartie, la France avait, pour sa part, accepté de prolonger vers l’Allemagne le futur hydrogénoduc qui reliera Barcelone et Marseille (H2Med), répondant ainsi à une demande pressante de Madrid et Berlin.

Très vite, la France s’est rendu compte que ses partenaires ne se sentaient pas engagés à Bruxelles par les accords qu’ils avaient signés à Paris et à Barcelone. « Peut-être que l’Allemagne et l’Espagne ne voient aucune raison de faire de concessions à la France, dont le nucléaire garantit des prix relativement bas de l’électricité », suggère un proche d’Emmanuel Macron. « Beaucoup de lignes ont bougé en Allemagne depuis le début de la guerre en Ukraine [fin février 2022], notamment sur la défense. Scholz ne peut pas tout faire en même temps, d’autant que sa coalition est difficile à gouverner », nuance un diplomate européen.

Quoi qu’il en soit, la riposte de la France n’a pas tardé. Elle a rameuté ses alliés et menace désormais de bloquer le projet H2Med. En face, on n’apprécie pas ce chantage et, de part et d’autre, les positions se sont encore tendues. Conséquence, la réunion de négociation du 7 février sur la directive énergie renouvelable a été annulée. Les cris de victoire d’Agnès Pannier-Runacher, le 13 février, lorsque la Commission a, dans un acte délégué relatif à l’hydrogène vert, donné un point à l’Hexagone, n’ont pas contribué à calmer le jeu.

« Additionner les solutions »

L’exécutif communautaire, aussi divisé sur le nucléaire que le sont les Vingt-Sept, n’est pas à l’aise dans cette affaire. « La Commission est tétanisée, elle a longtemps attendu que les Etats membres se mettent d’accord », décrypte Pascal Canfin. Ursula von der Leyen, sa présidente, qui a plusieurs fois échangé avec Emmanuel Macron ou Olaf Scholz sur le sujet, se montre plus pragmatique, mais elle n’en est pas moins allemande. Elle a surtout un agenda politique : à l’approche des élections européennes de 2024, l’ex-ministre d’Angela Merkel pourrait vouloir rester en poste, auquel cas elle ne peut prendre le risque de fâcher Paris, encore moins Berlin.

« Von der Leyen essaie de ménager la chèvre et le chou », constate un diplomate. Courant janvier, c’est à Berlin qu’elle a donné gain de cause à l’occasion de la signature d’un protocole d’accord avec Kiev, destiné à accroître la coopération entre les deux parties : le texte prévoyait l’importation du seul hydrogène vert ukrainien, alors que l’Ukraine a des centrales nucléaires. Paris a finalement obtenu que le tir soit rectifié, au profit de l’hydrogène bas carbone.

Comme le montre cette affaire, les protocoles d’accord entre l’UE et les pays tiers cristallisent aussi l’affrontement entre la France et l’Allemagne. « On ne souhaite pas que l’UE s’engage dans une croisade antinucléaire à l’étranger », souligne un haut fonctionnaire français. Côté allemand, on compte surtout sur ces accords pour sécuriser les approvisionnements en hydrogène renouvelable. « Après le gaz russe, Berlin crée de nouvelles dépendances, regrette un diplomate européen pronucléaire. Par ailleurs, importer par bateau de l’hydrogène du Chili ou de Nouvelle-Zélande [avec lesquels des protocoles d’accord sont en cours de négociation], ce n’est pas forcément très vert. »

« A chaque fois qu’il y a le mot hydrogène quelque part, Paris et Berlin s’écharpent », relate un fonctionnaire européen. Même quand l’enjeu est mineur. Dernier exemple en date, le 20 février, les ministres des affaires étrangères européens devaient adopter les conclusions sur la diplomatie climatique, un exercice classique qui se reproduit tous les ans après la tenue de la Conférence des parties des Nations unies. Mais cette année, parce qu’il y était aussi question d’hydrogène, cela n’a pas été possible !

« L’Allemagne doit laisser la France développer son hydrogène bas carbone, la France doit laisser l’Allemagne développer son modèle d’hydrogène renouvelable importé, affirme Pascal Canfin. Pour parvenir à la neutralité climatique en 2050, on aura besoin du nucléaire et des renouvelables, il faut additionner les solutions. »

« Il va falloir du temps pour que la désescalade s’engage », confie un diplomate européen. Pour l’heure, Olaf Scholz et Emmanuel Macron évitent les échanges frontaux sur le sujet pendant que, dans les coulisses, les experts des deux camps cherchent un accord. Mais le temps presse, car la Commission doit présenter, d’ici à quinze jours, ses propositions pour réformer le marché de l’électricité européen et aider les Vingt-Sept à développer une industrie verte compétitive, dont les implications pour le nucléaire seront déterminantes. Si d’ici là un compromis franco allemand sur le sujet n’a pas émergé, les discussions des chefs d’Etat et de gouvernement, qui doivent se retrouver à Bruxelles les 23 et 24 mars, promettent d’être vives


La fin des voitures thermiques ce sera pour plus tard

Fin des voitures neuves à moteur thermique en Europe
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Fin des voitures neuves à moteur thermique en Europe, le front du refus s’organise

6 mars 2023

5 min (durée de lecture)


La décision imposée par les institutions européennes d’interdire la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035 se heurte à des oppositions de plus en plus grandes. De la part de l’Italie, de la Pologne et de la Bulgarie. Mais même en Allemagne la question est devenue un sujet de profonde discorde au sein de la coalition gouvernementale. Pour l’hebdomadaire Der Spiegel, il s’agit en Allemagne ni plus ni moins que d’un «combat de civilisation».

En Italie, en Pologne, en Bulgarie, la décision des institutions européennes d’interdire la vente de véhicules neufs à moteur thermique à partir de 2035 est contestée et considérée comme une erreur économique, sociale et même environnementale… Elle est accusée de ne pas respecter le principe de neutralité technologique qui doit être celui des institutions européennes. Et comme l’annonce de façon dramatique le Financial Times, «L’Allemagne et l’Italie ont fait voler en éclat le plan de l’UE visant à interdire les moteurs à combustion interne d’ici 2035». Le quotidien de la finance poursuit: «les deux pays, patries des écuries Volkswagen, Fiat et Ferrari, demandent des exceptions pour les véhicules qui roulent au carburant synthétique».

L’extrême-droite italienne est à la manœuvre depuis l’adoption de la mesure par le Parlement européen à l’image de Matteo Salvini, vice-premier ministre et ministre des infrastructures et des transports du gouvernement italien dirigé par Giorgia Meloni. Il qualifie le passage au tout électrique de «suicide» et de «cadeau» fait à l’industrie chinoise. D’autres pays comme la Slovaquie, le Portugal et la Roumanie ont émis des doutes et pourraient s’abstenir lors d’un vote, toujours en suspens, au Conseil de l’Union.

La nouveauté, est que le diktat bruxellois provoque maintenant une crise politique en Allemagne. Christian Lindner, le chef des libéraux, bloque la décision du gouvernement allemand. «Notre objectif est que les nouvelles voitures à moteur à combustion soient encore autorisées à circuler en Allemagne après 2035, a- t-il déclaré. Toutefois, ces véhicules devront alors rouler à l’éco-carburant, respectueux du climat

La même position que Thierry Breton

La position de Christian Lindner est en fait assez proche de celle, minoritaire, défendue au sein de la Commission par Thierry Breton, le commissaire français au marché intérieur. Il estime indispensable de conserver un savoir-faire technologique dans l’un des rares domaines ou l’industrie européenne, en général, et allemande, en particulier, sont des leaders mondiaux. Les moteurs thermiques continueront d’ailleurs à se vendre dans le monde bien longtemps après 2035. Les choix politiques de l’Europe ne s’imposent évidemment pas sur les autres continents et renoncer à investir pour améliorer les qualités des moteurs thermiques revient de fait à abandonner les marchés aux constructeurs automobiles d’Asie et d’Amérique.

La mesure a d’ailleurs été très loin de faire l’unanimité comme en France où la question a été à peine évoquée par les médias et les politiques. Le vote au Parlement européen le 14 février dernier entérinant la proposition de la Commission a été serré. Le texte a été adopté avec 340 voix pour, 279 voix contre, et 21 abstentions. Le Parti populaire européen (PPE) a très largement voté contre mais si une majorité a pu se dégager en faveur du texte, c’est notamment parce que 26 députés du PPE ont finalement voté «pour», désobéissant à la consigne de leur parti, et 4 se sont abstenus. Il ne manquait plus alors sur le plan institutionnel que l’adoption à la majorité qualifiée (à savoir 55% des Etats membres, au moins 15 d’entre eux, et 65% de la population européenne). Elle devait être une formalité, mais ne l’est plus du tout aujourd’hui… Notamment, parce que 4 Etats membres s’opposant à la mesure constituent une minorité de blocage. L’Italie et la Pologne ont annoncé qu’ils voteraient non. La Bulgarie pourrait franchir le pas et peut-être l’Allemagne ou la République tchèque. Le ministre allemand des Transports, Volker Wissing, a ainsi laissé entendre que son pays allait refuser d’appuyer le texte.

«Un combat de civilisation»

La directive aurait ainsi dû être validée la semaine dernière. Une première fois le 28 février, mais le vote a été reporté au vendredi 3 mars… et finalement retiré de l’ordre du jour. Il devrait maintenant se tenir le 10 mars. Les trois partis de la coalition allemande ne sont pour le moment pas parvenus à se mettre d’accord. Pour Christian Lindner, l’enjeu est de taille. C’est un moyen de faire exister son parti et de faire entendre sa différence. Les libéraux ne cessent d’enregistrer depuis des mois des échecs électoraux.

Et la question de l’avenir de l’automobile est tout sauf anecdotique en Allemagne. Il s’agit même d’un «combat de civilisation» à en croire l’hebdomadaire Der Spiegel qui en a fait sa une. «Les Allemands ne sont pas seulement un peuple qui aime l’automobile, vit de l’automobile et y passe un nombre d’heures incalculable, écrit Der Spiegel. Les Allemands en possèdent aussi un nombre sidérant.»

Pas moins de 69% de la population considère que disposer d’un véhicule individuel est indispensable, «les jeunes plus que jamais», constate le magazine. Notamment, «parce qu’ils habitent en ville et en ont assez des bus et des trains bondés, encombrés et toujours en retard… La question qui prédomine est la suivante: un peuple né avec l’idée que la voiture est un droit lui revenant en héritage acceptera-t-il de rendre les clés de son carrosse ? Et si oui, comment?»

Pour Der Spiegel, les Allemands considèrent que la voiture individuelle est «sacrée». Ils y voient un «symbole du miracle économique» allemand et aussi une importante source d’emplois qualifiés et bien rémunérés.



La SFEN fait des propositions pour ne pas renouveler le fiasco des 15 dernières années concernant le nucléaire

Contribution de la Sfen aux travaux de la Commission
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Contribution de la Sfen aux travaux de la Commission d’enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France

Publié le 7 mars 2023 SFEN

Une commission d’enquête parlementaire a engagé des travaux fin 2022 afin de s’attacher aux causes de la « perte de souveraineté » causée notamment par les problèmes de production et d’approvisionnement électrique en France, consécutives aux alertes du gestionnaire du réseau de transport d’électricité (RTE) en 2022 et 2023.

La Sfen a proposé de faire un travail d’analyse complémentaire aux riches auditions, focalisé sur la prise en compte de la parole des experts par les responsables politiques. Cet angle est en résonnance avec une des missions de la Sfen qui est, en tant que société savante, d’éclairer les décideurs dans le cadre des débats de politique énergétique. L’objectif de cette analyse est de déboucher sur des recommandations concrètes pour améliorer la prise en compte de l’expertise dans la politique énergétique, de manière robuste au-delà des alternances politiques.

La Sfen a fait le choix, pour son travail d’analyse, de se concentrer principalement sur le Débat national sur la transition énergétique (DNTE) de 2012 et le vote de la loi sur la transition énergétique et la croissance verte (LTECV) de 2015. Elle a réuni un groupe de travail interne, dans le cadre de sa section technique « Économie et stratégie énergétique ». Ce travail s’appuie principalement sur des éléments bibliographiques, complémentaires des auditions en cours, et se veut transpartisan.

Résumé : 1. La Sfen estime que le débat politique des années 2010 a présenté quatre angles morts. Premièrement, parmi de nombreux objectifs parfois contradictoires, la priorité n’a pas été donnée à la lutte contre le changement climatique. Deuxièmement, la question des besoins croissants en électricité comme vecteur de décarbonation a été noyée dans les ambitions de baisse de la consommation d’énergie, et n’a été que peu anticipée. Troisièmement, les annonces de baisse de la part du nucléaire dans le mix électrique, sur fond de discours sur les smart grids n’ont finalement été accompagnées de l’attention nécessaire à la question d’équilibre du système électrique. Quatrièmement, les gouvernements successifs n’ont pas donné de perspectives à la filière industrielle nucléaire.

2. La Sfen s’est interrogée sur pourquoi la prise de parole des experts n’avait pu éclairer la préparation de la loi de 2015. Elle estime que la gouvernance du DNTE a été défaillante sur la prise de parole des experts : la (quasi) totalité des experts du nucléaire (dont la Sfen) a été exclue d’office, et le cadrage des scénarios étudiés a été très contraint. Le groupe de travail sur les mix énergétiques a rencontré des difficultés méthodologiques et des désaccords sur la question de la consommation d’énergie. La préparation de la loi de 2015 n’a pas donné lieu à une étude d’impact préalable, laquelle aurait dû faire a minima une évaluation économique de la trajectoire de fermeture des réacteurs, en la comparant à un scénario « contrefactuel » supposant le maintien du parc. Un rapport de l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (Ancre) a averti en 2014 que la baisse du nucléaire à 50 % en 2025 n’était pas réalisable sans augmenter les émissions de CO2. Les publications successives de l’Ademe sur le 100 % renouvelables – sujettes à des limites méthodologiques – ont fait l’objet de « récupérations partisanes » tendant à accréditer la faisabilité et l’intérêt de l’arrêt du nucléaire, pour la France et pour l’Europe. La question des coûts de système, très développée déjà dans les milieux académiques, n’a pas été visible. Elle démontre pourtant des coûts croissants de l’électricité dès lors que la part d’EnR dépasse quelques dizaines de pour cent.

3. La Sfen formule des recommandations pour assurer à l’avenir la prise de parole des scientifiques dans la politique énergétique. Elle revient sur la nécessité de qualifier l’expertise, en s’inspirant de la Charte de l’Académie des sciences. Elle rappelle qu’un scénario n’est ni un programme politique, ni une prédiction (plus ou moins autoréalisatrice) de l’avenir, mais un outil pour structurer la réflexion autour des trajectoires envisageables, et pour comprendre les risques associés aux différentes stratégies. La France, par comparaison avec les autres pays de l’OCDE, souffre des manques de moyens consacrés à la recherche en prospective énergétique. Elle a souffert paradoxalement ces dernières années d’un excès de scénarios, le plus souvent récupérés à des fins partisanes, et sans réelle volonté d’instruire le sujet comme une controverse scientifique. La mission confiée à RTE en ce qui concerne l’électricité est une réussite. Il serait souhaitable de missionner une entité existante pour réaliser un travail d’animation équivalent au niveau de l’énergie dans son ensemble, avec des programmes de recherche académique en soutien.



Brèves 09/03.

« Un nouvel atelier industriel de Framatome va être construit ici au Creusot », a déclaré la ministre de la Transition énergétique, ce vendredi.

La ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé, vendredi, la relocalisation en France par Framatome d'une étape essentielle de la fabrication de cuves nucléaires, nouvelle marque de soutien à une filière que le président Emmanuel Macron veut relancer. « Un nouvel atelier industriel de Framatome va être construit ici au Creusot » (Saône-et-Loire), sur le site de Framatome, et « permettra la relocalisation des pièces de haute précision auparavant fabriquées en Europe de l’Est », a déclaré la ministre en visant l'immense forge du leader du nucléaire, une des rares au monde capable de réaliser les pièces de grande taille indispensables aux centrales nucléaires.


Le géant de l'éolien offshore appelle à des "zones interdites de navigation" après la chute de pièces d'éoliennes dans la mer | RenouvelerÉconomie Le géant danois de l'énergie Ørsted a appelé à la création de "zones interdites" dans huit projets éoliens offshore opérant dans les eaux européennes, à la suite d'un incident survenu cette semaine dans son parc éolien offshore Anholt de 400 MW au Danemark. Ørsted, qui est le plus grand développeur mondial de projets éoliens offshore, a déclaré mercredi qu'un rotor comprenant trois pales s'était séparé de la nacelle d'une des turbines du projet Anholt et était tombé à la mer. Personne n'a été blessé. La société a déclaré qu'elle enquêtait sur la cause de l'incident et avait entre-temps pris la "mesure de précaution extraordinaire" consistant à demander la création de "zones interdites de navigation" dans tous ses projets utilisant les mêmes turbines Siemens Gamesa 3,6 MW - 4 MW. Outre Anholt – dont les 111 turbines Siemens Gamesa de 3,6 MW ont été mises en service en 2013 – Ørsted a déclaré que les projets concernés par les «zones interdites de navigation» comprendraient: à l'ouest de Duddon Sands, Lincs, Gunfleet Sands, Burbo Bank et Walney 1 & 2 au Royaume-Uni ; Borkum Riffgrund 1 en Allemagne, et ; Avedøre Holmes au Danemark https://reneweconomy.com.au/offshore-wind-giant-calls-for-no-sail-zones-after-turbine-parts-tumble-into-sea/

USA

Plan Biden : une pluie d'investissements européens tombe sur le sol américain EXTRAIT LA Tribune le 6-3-23 Séduits par les subventions de Joe Biden et les prix de l'énergie aux Etats-Unis, les grands industriels européens investissent massivement outre-Atlantique dans les industries vertes. Cet exode de capitaux risque d'être lourd de conséquences pour l'Europe, comme autant d'opportunités manquées de réindustrialisation.

06 Mars 2023, 6:37

« Le succès de la stratégie industrielle de Joe Biden. » Deux mois après son entrée en vigueur, la loi IRA (pour Inflation Reduction Act) est déjà portée au pinacle dans les communiqués de la Maison Blanche. Pour une fois, l'habituelle emphase des Américains n'est pas si éloignée de la réalité. Même avant l'IRA, le seul secteur des véhicules électriques a attiré 73 milliards d'euros d'investissements privés en 2022. Soit plus que sur les sept dernières années cumulées.

Commentaires : les investisseurs fuient la France et d’autres pays d’Europe où le prix de l’énergie est indexé sur le prix du gaz

France / PME

Face au prix de l’électricité, 23% des PME « estiment que leurs activités risquent de devoir s’interrompre »

Le Monde de l’Energie 3/3/2023 _ EXTRAIT Une grande majorité d’entre elles accusent des impacts sur leurs performances, les plus cités étant : une augmentation des prix de leurs produits, une réduction de leurs investissements ou encore des projets suspendus. À ces conséquences s’ajoute une baisse des bénéfices pour 75 % des structures touchées. Ce constat suscite des inquiétudes. Certaines PME (23 %) estiment que leurs activités risquent de devoir s’interrompre quand d’autres (42 %) se montrent confiantes pour le moment mais craignent une fermeture à terme si cette hausse persiste.

Suite à cette hausse, la plupart des PME affectées (67 %) ont décidé de limiter l’utilisation des appareils de contrôle de la température. Ce qui, selon une majorité de ces entités, a participé à la dégradation du bien-être de leurs employés.

Surprise ! L’Allemagne s’oppose à la fin des moteurs thermiques en 2035

Extrait économie Matin 7-3-23

Après des années de négociations âpres, tout le monde était sur la ligne de départ pour la fin des moteurs thermiques en 2035 dans l’Union européenne. Tout le monde… sauf l’Allemagne, qui a décidé de faire marche arrière à la toute dernière minute !

Sur le même sujet Extrait de LSDJ le 7/3/23 Mais voilà que l’Allemagne, habituée à n’en faire qu’à sa tête dès que ses intérêts économiques sont en jeu, a décidé de s'abstenir pour ce vote définitif.

Pour cette fois, c’est sans doute un service rendu au bon sens. Dans une conférence de presse donnée le 17 octobre dernier au Mondial de l'automobile, Carlos Tavares, le directeur général de Stellantis (groupe issu de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler) avait critiqué l’UE pour « la décision dogmatique (...) de ne vendre que des électriques en 2035 ». Une utopie aux « conséquences sociales pas gérables », avait-il insisté en demandant qu’on remédie à « cette couche de dogme (…) par une couche de pragmatisme » (cf. LSDJ n°1721). Avant lui, Akio Toyoda, le président de la marque Toyota, championne des véhicules hybrides, avait mis en garde contre une conversion complète aux véhicules électriques : « Avec une telle décision, le modèle économique actuel de l’industrie automobile va s’effondrer » avait-il averti dès décembre 2020 (source : The Wall Street Journal).


Vidéo : Supercherie de l'énergie "verte"



Constitution de Comité régionaux de l'énergie (CRE) : informations en provenance de Vent de Colère

Le décret no 2023-35 du 27 janvier 2023 définit la manière de fonctionner des Comités régionaux de l’énergie (CRE). Dans la déclinaison de la Loi d’Accélération des Énergies Renouvelables, ces comités joueront un rôle charnière. L’avis du comité régional de l’énergie est important ;

· « Lorsque cet avis conclut que les zones d’accélération identifiées au niveau régional sont suffisantes pour l’atteinte des objectifs régionaux établis en application de l’article L. 141‑5‑1, les référents préfectoraux de la région concernée arrêtent la cartographie des zones identifiées à l’échelle de chaque département, après avoir recueilli l’avis conforme des communes du département, exprimé par délibération du conseil municipal, chacune pour ce qui concerne les zones d’accélération situées sur son territoire ».

· « Lorsque ce même avis conclut que les zones d’accélération précitées ne sont pas suffisantes pour l’atteinte des objectifs régionaux, les référents préfectoraux demandent aux communes de la région l’identification de zones d’accélération complémentaires. Les zones d’accélération nouvellement identifiées sont soumises, dans un délai de trois mois à compter de la demande des référents préfectoraux, au comité régional de l’énergie, qui émet un nouvel avis ».

Il faut essayer d'être présent dans ces comités. Il y a des places à prendre pour des élus, pour des associations. Dès lors, il est recommandé que les collectifs régionaux et associations fassent acte de candidature. Les places seront difficiles à prendre car peut être réservées aux structures pro éolien, mais cela variera d’une région à l’autre…. Ci-dessous voici les principaux éléments issus du décret structurant ce CRE « Art. D. 141-2-3.-I.-Le comité régional de l'énergie, composé au plus de quarante-cinq membres, comprend, outre le préfet de région et le président du conseil régional : « 1° Un collège de représentants de l'Etat et de ses établissements publics, désignés par le préfet de région ; « 2° Un collège de représentants de la région, désignés par le président du conseil régional ; « 3° Un collège de représentants des départements, des communes, des établissements publics de coopération intercommunale, désignés sur proposition d'associations représentatives d'élus territoriaux ou des collectivités intéressées, des syndicats mixtes et des autorités organisatrices de la distribution publique d'énergie mentionnées aux articles L. 2224-31 et L. 2224-38 du code général des collectivités territoriales ; « 4° Un collège de représentants des entreprises et de l'activité économique du secteur de l'énergie dans la région comprenant des représentants de producteurs notamment d'énergies renouvelables, des représentants des personnels des entreprises du secteur de l'énergie, de consommateurs, des gestionnaires des réseaux publics de distribution, et des gestionnaires des réseaux publics de transport d'énergie ; « 5° Un collège de représentants d'organisations de la société civile actives dans le domaine de l'énergie et du climat et d'associations agréées pour la protection de l'environnement, d'associations de consommateurs particuliers et de personnalités qualifiées. « Aucun collège ne peut représenter plus d'un tiers des membres du comité. Le collège prévu au 3° représente 33 % des membres du comité et le collège prévu au 2° ne peut représenter moins de 20 % des membres du comité. Chaque collège comprend au moins un membre. « Pour l'application du précédent alinéa, le préfet de région est comptabilisé dans le collège des représentants de l'Etat mentionné au 1° et le président du conseil régional dans le collège de représentants de la région mentionné au 2°. « II. Le préfet de région et le président du conseil régional coprésident le comité régional de l'énergie. « III. Le comité élargi comprend a minima les membres mentionnés au I du présent article. « Le préfet de région et le président du conseil régional coprésident, le cas échéant, le comité élargi. Les commissions spécialisées thématiques sont coprésidées par des membres issus des collèges mentionnés au 1° et au 2° du I ou par leurs suppléants. Les commissions spécialisées territoriales sont co-présidées par des membres issus des collèges mentionnés au 2° et au 3° du I ou par leurs suppléants. « IV. Les membres du comité, du comité élargi et des commissions spécialisées, autres que les membres des collèges mentionnés au 1° et au 2° du I, sont désignés par arrêté conjoint du préfet de région et du président du conseil régional. Les représentants du collège mentionné au 3° du I sont désignés de façon à représenter la pluralité des collectivités territoriales, des établissements publics de coopération intercommunale et des syndicats mixtes de la région. Les représentants du collège mentionné au 4° sont désignés de façon à représenter de manière équilibrée le secteur de l'énergie en termes de vecteurs énergétiques, de typologie et de taille des organisations. « La durée de leur mandat est de six ans. Il est renouvelable. « Le membre du comité, du comité élargi ou des commissions spécialisées qui, au cours de son mandat, décède, démissionne ou perd la qualité au titre de laquelle il a été désigné est remplacé pour la durée du mandat restant à courir par une personne désignée dans les mêmes conditions. « V.-A l'exception des personnalités qualifiées, les membres du comité, du comité élargi ou des commissions spécialisées peuvent être suppléés par un membre du service ou de l'organisme auquel ils appartiennent, nommé dans les mêmes conditions que les membres titulaires. Un membre désigné en raison de son mandat électif ne peut être suppléé que par un élu de la même assemblée délibérante. « Art. D. 141-2-4.-I.-Le comité régional de l'énergie se réunit au moins une fois par an sur convocation de ses coprésidents. L'ordre du jour des séances est fixé conjointement par les coprésidents de séance. Les membres mentionnés au 3° de l'article D. 141-2-3 peuvent demander l'inscription d'un point à l'ordre du jour. Sauf urgence motivée par les coprésidents, les membres du comité reçoivent, quinze jours au moins avant la date de la réunion, une convocation comportant l'ordre du jour et, le cas échéant, les documents nécessaires à l'examen des affaires qui y sont inscrites. « Si les deux tiers au moins des membres du comité demandent à rendre des avis sur un sujet relatif à l'énergie ayant un impact sur la région, le comité se réunit sur convocation d'au moins un de ses coprésidents dans un délai de trois mois. « II. Le comité peut, sur décision d'un de ses coprésidents, entendre toute personne extérieure dont l'audition est de nature à éclairer ses délibérations. Les personnes ainsi entendues ne participent pas au vote. « III. Le secrétariat du comité régional de l'énergie est assuré conjointement et à parts égales par les services du préfet de région et du conseil régional. Le secrétariat du comité élargi et des commissions spécialisées, le cas échéant, est assuré par un ou plusieurs membres désignés en leur sein. « IV. Le comité se prononce à la majorité des voix des membres présents ou représentés. En cas de partage égal des voix : « 1° Les coprésidents ont voix prépondérantes ; « 2° Si les deux coprésidents s'abstiennent ou ont des votes opposés, la disposition objet du vote est rejetée. Toutefois, en cas de désaccord sur la proposition d'objectifs régionaux de développement des énergies renouvelables, les coprésidents peuvent transmettre au ministre en charge de l'énergie une synthèse des débats sur la proposition. « V. Le comité adopte son règlement intérieur ainsi que, le cas échéant, ceux du comité élargi et de ses commissions spécialisées, sur proposition de ses coprésidents. « VI. Les fonctions de membre sont exercées à titre gratuit. » Comment faire

· De préférence utiliser un collectif régional pour effectuer cette demande

· Autrement essayer au titre d’une association, avec si possible l’appui d’autres associations (au nom d’un groupe d’associations)

· Et/ou trouver un élu avec qui vous êtes en accord

· Écrire une lettre de candidature au préfet de région et au (à la) Président(e) de la Région.

· Faire cette demande au plus vite.

N.B. Un recours en Cour de Cassation n’est pas suspensif ; il faut donc se mettre sur les rangs au plus vite. Si vous avez des interrogations ou besoin de compléments d’information vous pouvez interroger l’association Vent de Colère ou envoyer directement un mail à l’adresse suivante morventencolere@gmail.com

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