30/04/25 Black Out - PPE3 - Politique énergétique - EnRI - etc...
- Vent Contraire en Touraine & Berry
- 30 avr.
- 29 min de lecture
Il y a beaucoup de discussions autour du blackout en Espagne et au Portugal.
Voici une explication prudente, mais très argumentée, du fondateur de RTE (Mr MERLIN) dont l'expérience et les connaissances font référence.
Nos amis de Vent des maires m'ont communiqué son interview sur France info
Ecoutez en cliquant sur le lien ci-dessous:
Autre info intéressante, la présentation du CEREMA* (à ne pas confondre avec le CEREME) sur les remontées des communes dans le cadre de la loi APER.
*CEREMA Le Cerema, établissement public relevant du ministère du Partenariat avec les territoires et de la Décentralisation, du ministère de la Transition écologique, de l'Énergie, du Climat et de la Prévention des risques et du ministère du Logement et de la Rénovation urbaine, accompagne l'État et les collectivités ...




Le report du vote de la PPE à la fin des vacances après une étude des enjeux et du bien fondé de chaque énergie (voir article F Bayrou siffle la fin...) , signifie que plus que jamais les communes doivent refuser les "comités de projets". Il n'y a aucune urgence concernant le développement des EnRI.
PPE, François Bayrou siffle la fin de la récréation
par La rédaction
Le Premier ministre, François Bayrou, a finalement tenu compte des critiques virulentes et nombreuses contre la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) troisième version, le texte censé être la feuille de route de la transition énergétique dans les dix prochaines années. Une PPE dogmatique, militante, incohérente, irréaliste qui élude des problèmes majeurs comme le fait que l’électrification des usages (transports, chauffage et climatisation, industrie) est aujourd’hui une vue de l’esprit et que l’intermittence de production des renouvelables éolien et solaire déstabilise les réseaux électriques et fait s’envoler les prix. François Bayrou a donc proposé une révision en profondeur de la stratégie énergétique française d’ici à la fin de l’été. « Nous devons juger chaque technologie à l'aune de quatre critères essentiels : souveraineté, abondance, compétitivité, décarbonation », a déclaré le Premier ministre. Un sursaut de lucidité inattendu, sans doute lié en partie à la crainte d'une censure.
Eclipsé par le Blackout qui a paralysé pendant presque 24 heures la péninsule ibérique, le débat lundi 28 avril à l’Assemblée nationale sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) troisième version, a été marqué par un virage inattendu et salutaire du gouvernement. Il est sans doute lié aussi à la crainte d’une censure. Ce texte qui est la feuille de route de la transition énergétique en France pour les dix prochaines années et doit se traduire par des dizaines de milliards d’euros d’investissements est dogmatique, incohérent, irréaliste et élude deux problèmes majeurs. Le fait que l’électrification des usages (transports, chauffage et climatisation, industrie) est aujourd’hui une vue de l’esprit et que l’intermittence de production des renouvelables éolien et solaire déstabilise les réseaux électriques et fait s’envoler les prix.
Le fruit de l’aveuglement technocratique et militant qui a conduit la transition énergétique dans l’impasse en France comme en Europe. Face aux oppositions, le gouvernement avait décidé que la PPE ne serait pas adoptée par le Parlement. Une entorse à la démocratie puisque ce texte est normalement une loi et donc doit être soumis au vote des parlementaires. A la place, le gouvernement avait organisé à l’Assemblée, le 28 avril, et au Sénat le 6 mai des débats sans vote. Puis il s’est heureusement ravisé face à une Assemblé nationale quasiment déserte…
« Raison scientifique… »
Le Premier ministre François Bayrou a annoncé une révision en profondeur de la PPE qui devra être terminée « d’ici à la fin de l’été́ », après un nouveau passage devant les parlementaires et l’intégration des conclusions d’un groupe de travail express, confié au député́ Antoine Armand (Renaissance), ancien ministre de l’Economie du gouvernement Barnier, et au sénateur Daniel Gremillet (Les Républicains). Les députés devront se prononcer sur la proposition de loi de programmation de l’énergie dite « Gremillet », déjà̀ adoptée au Sénat à l’automne 2024 et jugée plus favorable au nucléaire et moins aux renouvelables intermittents que le texte actuel. « Le gouvernement n’a rien à vendre, aucune thèse à imposer coute que coute. Seuls, la science, les faits et la raison guideront notre action », a affirmé le Premier ministre. Il s’est attiré les foudres, après son allocution, des socialistes, écologistes et Insoumis qui considèrent que la France « renonce à ses ambitions ».
Et sans surprise, France Renouvelable, le syndicat professionnel de la filière renouvelable, s’est emporté contre un report de l’adoption de la PPE qui est un « signal extrêmement préoccupant pour l’avenir énergétique » du pays. « Derrière chaque report de ce décret, c’est toute une chaîne de valeur industrielle, des emplois locaux, de l’innovation et de la compétitivité qui sont mis en danger », a déploré Anne-Catherine de Tourtier, la présidente de l’organisation professionnelle. Elle oublie au passage que la quasi-totalité des composants des éoliennes installés en France sont importés et la totalité des panneaux photovoltaïques.
François Bayrou a lui mis en avant la « raison scientifique ». Les « décisions lourdes » en matière énergétique « méritent d’être éclairées par un débat honnête et exigeant, guidé par la raison et le sens de l’intérêt général… Nous devons réévaluer nos hypothèses de consommation et nos capacités de production avec rigueur et objectivité́… Dans un scénario où la consommation d’énergie resterait atone et où la production bas carbone augmenterait, nous ne savons pas encore quelles seraient les conséquences précises ». EDF comme RTE ont lancé́ des études sur cette hypothèse, dont les résultats ne sont attendus qu’à l’automne. Il était temps.
« Souveraineté́, abondance, compétitivité́, décarbonation »
François Bayrou a aussi mis en avant le coût pour les finances publiques et l’économie d’une électricité renouvelable très chère et éventuellement inutile. « Le coût complet de l’électricité́ renouvelable intégrant le coût du soutien public doit être un élément déterminant dans chacune de nos décisions », évoquant le coût exorbitant de l’éolien marin, estimé à 150 euros le mégawattheure. Même celui des futurs réacteurs nucléaires EPR2 devrait être nettement inférieur à 100 €/MWh. « Nous devons juger chaque technologie à l’aune de quatre critères essentiels : souveraineté́, abondance, compétitivité́, décarbonation », a affirmé le Premier ministre.
« Nous importons aujourd’hui la quasi-totalité́ des panneaux photovoltaïques, à 85% en provenance de Chine », a-t-il rappelé́. Il n’est pas question pour lui de renoncer aux énergies renouvelables intermittentes, mais leur développement devra se faire « de manière raisonnée et progressive ».
Le gouvernement publiera donc une version profondément corrigée de la PPE avant la fin de l’été́, suivie immédiatement de son adoption par décret pour donner de la visibilité aux filières industrielles.
Ni fait, ni à faire
Il faut dire que la PPE première version était un texte ni fait, ni à faire, idéologique et inapplicable qui visait à satisfaire les militants et les lobbys et n’avait aucune chance de se traduire dans les faits. Il revenait à consacrer des dizaines de milliards d’euros d’argent public pour renchérir considérablement le prix de l’électricité et déstabiliser les réseaux sans pour autant décarboner la production électrique française qui l’est déjà, faut-il le rappeler à 95%…
Les critiques virulentes contre la PPE n’étaient pas seulement politiques à l’image de celles notamment formulées par l’Académie des sciences dont la compétence et l’indépendance peuvent être difficilement remises en cause. Elle dénonce les « incohérences » et le caractère totalement « irréaliste » de la PPE. « Ce document est mal fait, il n’y a pas eu de travail de mise en cohérence des contributions des différents services », un niveau de rigueur « indigne d’une production des services de l’État ».
L’Académie soulignait que l’électrification massive des usages qui permettrait de décarboner la consommation d’énergie du pays est considérée comme allant de soi est aujourd’hui une pure spéculation. Depuis 2017, la consommation électrique française a diminué, revenant de 480 TWh à 449 TWh en 2024. « L’électrification n’est pas qu’une question de volonté́ politique, mais aussi scientifique et technologique », rappelle l’Académie.
La PPE est loin d’être indispensable
Elle constait aussi avec effarement le fait de passer sous silence l’intermittence des parcs éoliens et solaires qui devraient représenter, selon la PPE, près de 40% de la production électrique à l’horizon 2035. Sans stockage massif de l’électricité intermittente produite qui « ne sera pas beaucoup plus disponible dans 10 ans » qu’aujourd’hui, le système électrique français sera en mauvaise posture. Victime d’une « volatilité́ accrue des prix », d’une « modulation excessive de la production nucléaire… et un sous-emploi de ce parc » et d’une « tension sur les réseaux » entrainant des « couts considérables supplémentaires ».
Maintenant, la France peut aussi parfaitement se passer d’une PPE. Il a déjà fallu quatre années laborieuses concocter le texte actuel qui est très éloigné des réalités. Quant à la précédente PPE, elle n’était plus opérationnelle et ne correspondait plus du tout à la réalité depuis de nombreuses années… depuis la volte-face d’Emmanuel Macron sur le nucléaire et les conséquences de l’invasion de l’Ukraine.
Une interview décapante de Mme Lauvergeon sur la politique énergétique de la France depuis 2000
PPE : «On multiplie par 35 l’éolien offshore et tout ça est payé par vos factures d’électricité», fustige Anne Lauvergeon Le Figaro, Augustin Moriaux, 28/04/2025
L’ex-patronne d’Areva publie un brûlot sur la politique énergétique de la France menée depuis les années 2000. Anne Lauvergeon était l’invitée du Figaro TV alors que les débats font rage à l’Assemblée autour de la prochaine PPE.
«Le prix de l’électricité a augmenté de 120% ces dix dernières années, c’est trois à quatre fois l’inflation », martèle Anne Lauvergeon, invitée ce lundi du Figaro TV. Le ton est donné et l’ancienne industrielle déroule les diverses raisons de cette insoutenable flambée dans son dernier livre « Un secret si bien gardé» (Grasset), titre qu’elle donne également à un chapitre bien précis de l’ouvrage et qu’elle dédie à la sous-utilisation du parc nucléaire français.
« Rien ne s’oppose à ce qu’EDF produise davantage »
« EDF s’est réjouie de ses 11,4 milliards de bénéfices nets mais est à 67% d’utilisation de son parc nucléaire, ce qui nous classe avant-dernier dans le monde en la matière, devant l’Afrique du Sud. Et ce n’est ni une question d’Europe, puisque la moyenne continentale d’utilisation du parc est de 85%, ni de durée de vie des centrales, puisque les réacteurs américains sont utilisés 91% du temps depuis 10 ans. Produire moins, c’est avoir une électricité plus chère, des factures plus élevées et donc de meilleurs résultats financiers. Ou alors il y a eu des arrangements passés avec les autorités de tutelle, mais rien en théorie ne s’oppose à ce qu’EDF produise davantage », dénonce l’ex-patronne d’Areva dans « Points de Vue » (Le Figaro TV).
« Le raccordement d’un éolien offshore multiplié par 35, tout ça est aux frais de la communauté française et se paie directement sur la facture de chaque consommateur. » Anne Lauvergeon, ancienne PDG d’Areva
Pendant que les différents groupes s’écharpent au Palais Bourbon sur la part belle à accorder à telle ou telle énergie, ou défendent mordicus un mix énergétique au besoin de financement colossal, Anne Lauvergeon assume un choix sans ambages : « La seule priorité devrait être de produire plus de nucléaire.» Et s’en explique longuement auprès de Vincent Roux : « La crise énergétique démontre que cette programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) est calquée sur un modèle périmé, au moins depuis les années 2000. En 2019, Emmanuel Macron annonce qu’il ferme 14 réacteurs dont Fessenheim puis annonce en 2022 qu’il faudra 14 réacteurs supplémentaires à l’avenir. Ça fait 28 réacteurs de différence ! Et tout prête à croire que malgré les débats qui se tiennent en ce moment à l’Assemblée, la feuille de route est déjà décidée. Elle garde le nucléaire à son niveau actuel, de 340 TWh et on multiplie par quatre le photovoltaïque, par deux l’éolien terrestre et par 35 l’éolien offshore. Or, comme le disait Louis Gallois sur votre plateau, tout ça nécessite des investissements et le raccordement est aux frais de la communauté française. Ce coût se paie directement sur la facture de chaque consommateur.»
Une autre interview de 2 grands scientifiques : Philippe Charlez et Samuel Surfari
PPE3 : la triple absurdité d’une planification déconnectée de la réalité de notre consommation énergétique Atlantico, Philippe Charlez et Samuel Furfari, 29/04/2025
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) fait l'objet, pour sa troisième édition concernant la période 2025-2035, de critiques conséquentes.
Atlantico : Luc Rémont, PDG d'EDF, faisait référence, lors de son audition au Sénat le 22 avril 2025, des projections de consommations estimées dans le cadre de la PPE à 600 TWh alors que la consommation actuelle stagne selon lui à 400 TWh. Que faut-il penser de son intervention ? Que traduit-elle des impasses et de l'aveuglement de la PPE d'une façon générale ?
Philippe Charlez : La décarbonation de la société repose pour l'essentiel sur le remplacement d'équipements thermiques (voitures, avions et bateaux diesel ou essence dans les transports, chaudières au gaz et au fioul dans les bâtiments, industrie à base de gaz, de pétrole et de charbon) par des équipements électriques (véhicules électriques ou à hydrogène dans les transports, pompes à chaleur dans l'habitat et aussi électricité ou hydrogène dans l'industrie). Cette mutation est normalement censée accroître considérablement la consommation d'électricité qui devrait doubler d'ici 2050 (800 TWh contre 400 TWh aujourd'hui). A première vue, les 600 TWh planifiés en 2035 pouvaient avoir du sens. Malheureusement, l'électrification des usages ne se fait pas au rythme escompté. Les raisons en sont multiples : coût exorbitant, manque de bornes, temps de charge et autonomie des véhicules électriques, coût des pompes à chaleur. Dans l'industrie la décarbonation coûte aussi très cher ce qui altère un peu plus la compétitivité européenne par rapport à nos concurrents américains et chinois. Les prix de l'énergie beaucoup plus élevés en Europe encouragent aussi à délocaliser comme vient encore de l'annoncer cette semaine Arcelor Mittal. En conséquence, au lieu de s'accroître, la consommation d'électricité stagne voire décroît. Et, quand on voit l'état du business vert européen dans l'automobile, les batteries, les panneaux solaires ou encore l'hydrogène, on voit mal comment la situation pourrait évoluer favorablement au cours des 5 prochaines années. Il faut donc revoir à la baisse ces 600 TWh d'au moins 100 TWh.
Si la PPE surestime la future consommation d'électricité, en revanche, elle prévoit une consommation d'énergie finale nettement insuffisante : 1100 TWh en 2035 (contre 1550 TWh en 2024), qui augure une politique de décroissance totalement incompatible avec toute volonté de réindustrialisation et de réarmement.
Si la consommation stagne, faut-il penser que les investissements prévus pour augmenter la production d'électricité (et notamment la production décarbonée) sont inutiles ? Fallait-il procéder à des investissements aussi massifs dans les réseaux électriques ?
Philippe Charlez : L'accroissement démesuré de la puissance renouvelable d'ici 2035 est une triple absurdité. Tout d'abord les puissances annoncées (47 GW d'éolien terrestre, 15 GW d'éolien marin et 90 GW de solaire) sont totalement délirantes et il n'y a aucune chance d'y arriver. Ainsi, atteindre 15 GW d'éolien marin d'ici 2035 demanderait de mettre en œuvre 30 parcs équivalents à celui de Saint Nazaire soit 3 par an. Quant à l'éolien terrestre et le solaire photovoltaïque, la PPE3 propose de multiplier la puissance installée par 2,5 et 4,5.
La seconde absurdité est implicitement expliquée dans la première réponse ainsi que dans votre question : pourquoi accroître démesurément cette puissance et dépenser 300 milliards d'euros alors qu'il y a une forte probabilité qu'elle rencontre une demande atone ?
Enfin, cette surcapacité en puissance renouvelable sans puissance pilotable (sous forme de centrales à gaz) additionnelle conduira inexorablement à une surproduction intermittente ce qui aura pour effet de perturber encore un peu plus les réseaux et les marchés et surtout de « cannibaliser » davantage le nucléaire (puisque les ENR sont prioritaires sur le réseau) à qui on demandera de s'effacer en permanence. Cela engendrera de nombreuses conséquences néfastes : altération des circuits de refroidissement des réacteurs nucléaires, accroissement des prix pour les consommateurs (dû à la fois aux investissements délirants mais aussi aux marchés instables). Selon la Fondation Concorde, les prix de l'électricité qui ont déjà doublé depuis 2010 seront une nouvelle fois multipliés par deux d'ici 2035. Il s'agit donc d'un jeu perdant/perdant.
Comment expliquer cet aveuglement de nos élites ? Où trouve-t-il ses racines et comment le contrer ou en minimiser les effets néfastes, le cas échéant ?
Philippe Charlez : Les racines de cet aveuglément sont inscrites en filigrane du Green-Deal européen qui impose à la France en 2030 une réduction de 55% de ses émissions territoriales par rapport à 1990 et 42,5% d'électricité renouvelable 2030 contre un peu plus de 20% (incluant l'hydroélectricité historique) en 2024. En France cet objectif est d'autant plus absurde que grâce au nucléaire notre électricité est déjà décarbonée à 95%. Cette stratégie encouragée en sourdine par l'Allemagne nous demande donc de suicider le nucléaire sur l'autel du Pacte Vert. Par rapport à la précédente PPE, la nouvelle planification ne prévoit certes plus de fermeture de réacteurs nucléaires existant et anticipe la construction de 14 nouveaux EPR. Néanmoins quand on voit le retard déjà pris sur les chantiers de ces réacteurs (ils furent annoncés par le Président en février 2022 et rien n'a aujourd'hui commencé) et l'explosion du coût des projets, on peut se poser la question de leur faisabilité. On sait de toute façon qu'ils n'entreront pas en service avant 2040.
La seconde raison est encore plus simple : un politique ne se trompe jamais. L'académie des sciences a récemment alerté le Gouvernement, données à l'appui, de l'ineptie de cette PPE3. On lui a répondu en sourdine que c'était exact mais que politiquement changer d'avis c'était perdre la face vis-à-vis de l'électeur. Ce n'est plus un secret : pour un politique « normalement constitué » la carrière passe largement avant l'intérêt général.
Le texte actuel de la PPE3 n'est pas à la hauteur des enjeux de l'énergie, d'une importance extrême pour la France et ses citoyens. Il n'a pas non plus le niveau de rigueur attendu d'une production des services de l'État.", a déclaré l'académie des Sciences. François Bayrou a annoncé que la PPE3 serait "révisée" par un "groupe de travail". A priori, il n'y aura pas de décret avant la fin de l'été. Quelles conclusions en tirez-vous ?
Philippe Charlez : Reconnaître que la PPE3 n'est pas à la hauteur est une évidence que nombre d'experts ne cessent de répéter depuis plusieurs mois. La situation actuelle est pour autant pathétique : le PM parle de notre capacité (inexistante !) à résister à la tenaille géopolitique et économique des USA et de la Chine et semble découvrir de notre dépendance résiduelle de 60 % aux combustibles fossiles ce qui « contribue à hauteur de 45 Md€ en 2024 à notre déficit commercial ». Mais il reste stupidement ancré sur la neutralité carbone 2050 dont tout le monde sait qu'elle est impossible sauf à arrêter…de produire et de consommer comme le souhaitent les décroissantistes de l'extrême gauche. Il continue avec des poncifs et des vœux pieux : énergie abondante, compétitive, décarbonée et souveraine. Tout le monde est d'accord mais aucun scénario pour y arriver. Mr Bayrou serait-il d'accord de réduire les subventions aux renouvelables, de supprimer la loi Hulot pour autoriser l'exploration pétrolière en Guyane et gazière dans l'hexagone ? Fidèle à son histoire, le soldat Bayrou a décidé de lancer une concertation, un énième comité Théodule alors que tout a été écrit par l'Académie des Sciences. Une concertation qui ne débouchera sur rien sinon la tergiversation. Pauvre France, elle ne changera donc jamais.
Samuel Furfari : C'est incroyable que des décisions aussi déterminantes pour l'avenir du pays à court terme et à moyen terme soient débattues de cette façon-là, ce n'est pas sérieux. La question énergétique est fondamentale et ce que vivent les Espagnols et les Portugais était prévisible. Depuis des années, les professionnels de l'énergie alertent sur le risque de blackouts généralisés, conséquence directe d'une gestion imprudente des réseaux électriques. Le problème est que nous manquons encore d'informations précises sur les causes de la panne actuelle en Espagne. Cependant, si elle est liée à l'intermittence des énergies renouvelables, ce ne serait pas surprenant et cela crée des perturbations sur le réseau et depuis quelques jours l'Espagne est en grande difficulté. C'est évident qu'on va avoir des blackouts partout.
L'Espagne est en avance en matière d'énergie solaire et même d'énergie éolienne par rapport à l'Allemagne. Toutefois, le gouvernement de gauche est tout à fait convaincu qu'il faut abandonner le nucléaire et le gaz, au profit de l'hydrogène et de l'éolien qui comporte des risques majeurs. Si le blackout actuel n'est pas directement dû à l'intermittence, d'autres surviendront inévitablement pour cette raison. La stabilité du réseau électrique repose sur un équilibre précis entre production et consommation, géré à la microseconde et c'est extrêmement délicat. Il faut qu'il y ait constamment équilibre entre la production et la consommation.
Quand j'étais étudiant, à l'école polytechnique, les ingénieurs de production et les ingénieurs de réseau étaient formés spécifiquement à cette complexité. Tout cela a toujours bien fonctionné parce qu'on a des ingénieurs brillants. Maintenant, en ajoutant une couche de complexité due à l'intermittence solaire et éolienne, plus il y en a, plus cela va être difficile et on va avoir des blackouts, c'est évident. Si ce n'est pas celui de l'Espagne d'aujourd'hui, ce seront d'autres. La France qui jouit d'une abondante production nucléaire, dispose d'un atout considérable. Renoncer à cet avantage pour privilégier des énergies intermittentes, c'est invraisemblable.
L'Espagne exploitait ses capacités pilotables au minimum et manquait de turbines à inertie pour absorber les variations de demande. Peut-on y voir une explication possible au blackout ?
Samuel Furfari : En effet, l'inertie dans le système électrique est essentielle et elle est produite par les centrales thermiques ou nucléaires. L'inertie est fournie par des rotors, des machines tournantes, très lourdes qui tournent. Une centrale au charbon, une centrale nucléaire, une centrale au gaz, il y a une turbine qui tourne, c'est une très grosse machine très lourde. S'il y a une interruption de l'électricité, de production, la machine continue à tourner parce qu'elle a de l'inertie. Tandis que l'éolienne et le panneau solaire n'apportent aucune inertie. C'est une faiblesse structurelle dénoncée depuis des années, mais ignorée par une partie des décideurs politiques.
En France, cette ignorance est encore plus flagrante. Malgré un parc nucléaire performant, les choix politiques privilégient des solutions qui affaiblissent la robustesse du réseau, ils ignorent la science des réseaux électriques, ils veulent faire des énergies renouvelables. Je pense qu'ils ne prennent pas trop en compte que c'est vraiment une question vitale pour l'avenir et c'est un problème dans toute l'Europe. On n'arrête pas de dire que c'est fantastique, « l'éolien c'est gratuit », « le soleil c'est gratuit », mais on voit bien les difficultés. Avec la chance que vous avez des centrales nucléaires, pourquoi aller s'occuper d'éolien et de solaire pour faire plaisir à la Commission européenne ? Cela n'a vraiment aucun sens.
Pourquoi cette question n'est pas davantage soumise au débat démocratique ?
Samuel Furfari : C'est un enjeu national qui doit être analysé par des experts et mûrement réfléchi. Il n'y avait aucune urgence justifiant l'adoption précipitée de cette mesure. De nombreux acteurs institutionnels, y compris l'Académie des sciences, ont exprimé leur inquiétude. Lorsqu'un consensus d'experts avertit du danger, il serait sage d'écouter. Si M. Bayrou dit qu'il faut examiner avec plus de calme, il est un peu présent. Il faut dire la vérité : les énergies renouvelables posent un défi majeur à la stabilité des réseaux électriques. Maintenant on ne peut plus cacher la difficulté des énergies renouvelables. Jusqu'à présent on a toujours fait croire que c'était facile, que ce n'était pas cher et que tout allait bien mais ce n'est pas vrai, nous le savons depuis longtemps et les experts également. Passer en force sur un sujet aussi crucial est une erreur politique. Il faut prendre le temps d'évaluer avec rigueur les conséquences de ces décisions pour garantir un avenir énergétique stable et sécurisé.
Un discours de Mme Wargon (CRE) auquel nous ne sommes pas habitués. Le vent a tourné..
Eolien, solaire : la présidente du régulateur de l'énergie préconise de lever le pied en France
Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l'énergie, plaide pour revoir légèrement à la baisse les objectifs d'électricité solaire et éolienne. Les industriels gourmands en électricité doivent « faire leur deuil » des prix cassés de l'Arenh.

Par Amélie Laurin
Publié le 30 avr. 2025 à 06:30Mis à jour le 30 avr. 2025 à 06:38
Le vent tourne pour les énergies renouvelables. Dans la future feuille de route énergétique de la
France, actuellement en discussion, « il faudra peut-être ajuster à la baisse certaines cibles en matière d'offre électrique, car la demande a pris du retard, déclare aux 'Echos' Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Nous devons continuer à mobiliser le parc nucléaire et hydraulique historique, mais il a un peu de marge du côté des autres énergies renouvelables. » Sous-entendu : le solaire et l'éolien doivent ralentir la cadence. Un virage déjà amorcé par le gouvernement.
La consommation électrique en France reste inférieure au niveau d'avant-Covid. Et depuis les
années 2010, elle accuse une « stagnation », a pointé le Premier ministre François Bayrou lundi
28 avril, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur la prochaine Programmation pluriannuelle de
l'énergie (PPE) de la France.
« Une question de rythme »
Pourtant, « un retard dans le développement de la production renouvelable se traduirait, du fait de la hausse de la consommation à venir, par une hausse des prix de l'électricité », indiquait la CRE en début d'année, dans sa contribution à la consultation publique sur cette feuille de route. Le régulateur se défend d'avoir infléchi sa vision, mais « la question qui se pose, c'est celle du rythme de cette augmentation de l'offre », explique sa présidente.
L'ancienne ministre partage en revanche l'impatience des développeurs solaires et éoliens face au
retard de la PPE 2025-2035, en préparation depuis quatre ans. Face au risque d'une censure du
Rassemblement national, François Bayrou vient de reporter sa publication à la « fin de l'été ». « Il
devient urgent que la France se dote d'une nouvelle PPE pour accélérer la sortie des énergies
fossiles, et pour donner de la visibilité aux filières », plaide Emmanuelle Wargon.
La CRE est le bras armé des appels d'offres publics d'énergie renouvelable, dont les volumes sont
prévus par les PPE. Pour autant, « il faut trouver un point d'équilibre entre une électricité abondante et un système le plus efficient possible pour les finances publiques, estime la présidente. Le soutien
budgétaire aux énergies renouvelables, qui a coûté l'an dernier 5 milliards d'euros, ne doit pas aller au-delà de ce dont on a besoin pour gérer la bonne intégration de ces énergies au système
électrique. »
Moins de subventions aux renouvelables
La CRE vise notamment les heures à prix négatif, engendrées par une surproduction solaire aux
heures de faible demande (l'après-midi essentiellement). Les autres énergies en pâtissent, alors que
l'Etat compense le manque à gagner d'une partie des producteurs d'énergie renouvelable.
Dans les futurs appels d'offres éoliens et solaires, « nous pourrions par exemple atteindre les deux
tiers de capacités prévues grâce au soutien public, et le reste grâce au marché, via des PPA [Power
Purchase Agreements ou contrat de long terme de gré à gré….] », avance Emmanuelle Wargon. Pour continuer la transition vers une énergie décarbonée au bon rythme, tout n'a pas besoin de passer par des appels d'offres publics. »
« Nous avons l'électricité la moins chère de la plaque européenne », déclare Emmanuelle Wargon,
présidente de la CRE.
La logique « tout marché » va quant à elle s'imposer sur les marchés de gros le 1 er janvier 2026, avec la fin de l'Arenh (Accès régulé à l'électricité nucléaire
historique). Sur ce sujet, le régulateur de l'énergie se veut rassurant.
« Les volumes d'électricité fournis par les marchés de gros vont doubler en France l'an prochain. Pour le moment, les conditions de liquidité sont globalement satisfaisantes, sauf sur les maturités à cinq ans, et l'électricité est peu chère », indique la présidente de la CRE, qui publie ce mercredi un premier bulletin trimestriel liquidité. « Le mégawattheure se négocie à 60 euros pour une livraison dans moins de deux ans, soit environ 20 euros de moins qu'en Allemagne et 10 euros de moins qu'en Espagne.
Nous avons l'électricité la moins chère de la plaque européenne. »
Des tarifs bleus « stables » en 2026
Pour les particuliers et professionnels abonnés aux tarifs bleus d'EDF, l'arrêt de l'Arenh pourrait être
indolore estime la CRE, malgré les craintes de l'UFC-Que Choisir.
« Les tarifs réglementés resteront stables en 2026 par rapport à 2025, à fiscalité inchangée et sauf
crise majeure, anticipe sa présidente. Ils sont en effet lissés sur les prix de gros des deux années
précédentes [en forte baisse après les pics de 2022 et 2023, NDLR]. »
Pour les entreprises, « c'est plus difficile à dire car les contrats, les types d'offres et leur quote-part
d'Arenh sont très différents », concède-t-elle. Avec un cas très sensible : les industriels gourmands en
électricité. Leurs négociations commerciales tendues avec EDF sont une des causes du limogeage de Luc Rémont, le PDG de l'énergéticien public.
« Les industriels électro-intensifs doivent faire leur deuil de l'Arenh. Et passer des 42 euros le MWh,
jamais révisé depuis quinze ans - qui ne correspondent plus au coût de production de l'énergie
nucléaire - aux 60 euros du marché, estime Emmanuelle Wargon. Cette zone de prix reste très
compétitive sauf, il est vrai, vis-à-vis des Etats-Unis. »
Amélie Laurin
Une lettre très argumentée de Bernard Accoyer * au président Macron (Black out)
* Président de l' Association de défense du Patrimoine Nucléaire et du Climat (PNC France)
Dans une lettre ouverte envoyée à Emmanuel Macron, Bernard Accoyer, le président de PNC-France, alerte sur le risque que font peser les choix énergétiques de l'exécutif. En plein black-out espagnol.
Sur les potentielles causes du méga black-out qui a plongé l'Espagne, le Portugal et le Sud de la France dans le noir électrique, on aura tout entendu : la faute aux Russes, à une cyber-attaque, à un phénomène atmosphérique rare (des Aliens russes ?), un incendie… Mais pas une fois la piste de la surcharge du réseau pour cause de trop plein d'énergies renouvelables intermittentes, photovoltaïque en tête, n'est abordée dans les médias français – alimentés par l'AFP, canal unique. Ne serait-ce que pour, au moins, poser la question.
La question se pose pourtant, d’autant que le risque a de nombreuses fois été pointé. A plusieurs reprises, RTE a demandé à EDF de stopper ses réacteurs – les énergies renouvelables intermittentes ayant priorité sur le réseau – puis aux fournisseurs d'énergies éoliennes ou photovoltaïques de faire de même.
Dimanche 28 avril, il semblerait que la France se soit tout simplement délestée sur le réseau espagnol histoire d'évacuer le trop-plein d'électricité solaire produit en Allemagne. C'est une autre piste, assurément un peu plus sérieux que les précédentes. Mais cette cause potentielle, les médias n'en parlent pas. C'est l'autre black-out.
C'est que l'incident tombe mal, outre le fait qu'il a constitué la plus grosse pagaille électrique (hors période de guerre) que la péninsule ibérique n'ait jamais connue. Car l'électrification, dans l'industrie, dans les transports au sein de l'UE, qui devait permettre de servir de débouchés à un foisonnement du renouvelable, n'avance pas comme prévu. Résultat, alors que les fermes solaires se multiplient, que l'éolien a le vent (politique) en poupe, que sa version off-shore a les faveurs de l'exécutif en France, derrière l'intendance ne suit pas.
Et comme, rien n'est prêt et prévu pour stocker ce surplus d'électricité, à moins de le ventiler dans la nature et donc de le gaspiller, il a toutes les chances de venir saturer le réseau qui, faute de pouvoir s'équilibrer, se met en croix.
Ce risque c'est celui contre lequel Bernard Accoyer, le président de PNC-France mettait en garde Emmanuel Macron dans une lettre envoyée le 24 avril au chef de l'Etat que nous reproduisons ci-après. Lettre dans laquelle l'ex-président de l’Assemblée nationale réclamait la suspension de la programmation pluri-annuelle de l'énergie (PPE), cette feuille de route qui doit tracer pour les dix ans à venir la politique énergétique de la France et qui prévoit de relancer le nucléaire mais aussi d'investir massivement dans les renouvelables intermittentes, éolien en mer en tête.
Le 28 avril, on a ainsi assisté à une scène surréaliste d'un débat sur un sujet majeur, la politique et la souveraineté énergétique de la France, sans vote – et donc dans un hémicycle quasi-vide. « Débat » qui s'est conclu par un nouvel ajournement de la PPE…
L'association Patrimoine Nucléaire Climat (PNC) est une association née après la fermeture deuxième réacteur nucléaire de la centrale de Fessenheim. Elle est engagée activement pour la défense du nucléaire comme solution clé contre le réchauffement climatique et pour la préservation du patrimoine nucléaire français.
Depuis plusieurs années, PNC-France met en garde les pouvoirs publics et les élus contre les risques induits par un excès de production d'électricité intermittente (éolienne et solaire), risque technique lié au black-out, et risque économique affectant le prix de l'électricité pour le consommateur final. La poursuite aveugle d'une politique énergétique inadaptée, au mépris des lois physiques, a rendu ce risque inévitable. Nous y sommes !
Par leur intermittence de production, leur priorité d'accès au réseau et leur subventionnement, les énergies solaires et éoliennes ont largement contribué au doublement du prix de l'électricité. De plus, elles déstabilisent dangereusement le réseau électrique sur lequel, à tout instant, la production et la consommation d'électricité doivent être strictement égales.
RTE, le régulateur du réseau électrique français, a émis des alertes, de manière récurrente en ce début de printemps, car « il est actuellement confronté à une situation extrêmement tendue pour assurer sa mission de service public de gestion de l'équilibre offre/demande d'électricité ». RTE est face à une production excessive à certaines heures de la journée, due notamment à la production solaire, et doit écrêter les productions ou céder l'excédent de production, souvent à prix réduit très important.
Or nous ne sommes qu'en mi-saison et la Commission européenne, comme la France, semblent ignorer une simple évidence : nous avons du soleil en même temps et les capacités installées sur le réseau européen, comme le français, deviennent ingérables. Le résultat de cet aveuglement s'impose : le réseau était en déséquilibre dès début avril alors qu'il ne l'était l'an dernier qu'en juin. Et les épisodes de prix négatifs s'envolent.
Les faits sont têtus. Il est temps d'ouvrir les yeux et de mettre en œuvre une politique énergétique dictée par la raison et non par l'idéologie.
Certes, le discours de Belfort de février 2022 a mis un terme au projet insensé de fermeture de 14 réacteurs nucléaires (après la fermeture des deux unités de Fessenheim), mais a confirmé le choix d'un développement massif simultané de la production d'électricité éolienne et solaire. Dans cette perspective, la troisième Programmation Pluriannuelle de l'énergie (PPE3), dont la publication prochaine est toujours annoncée (elle a été ajournée à après l'été depuis, ndlr), prescrit la multiplication par trois en dix ans des puissances éoliennes et solaires installées.
De nombreux experts incontestés, des élus nationaux et locaux en grand nombre, des institutions scientifiques telles les Académies, des associations et ONG totalement indépendantes comme PNC-France ou le Cérémé, mais aussi des citoyens avertis s'lors d'exprimer des consultations officielles, ont rendu publiques leurs réserves exprimées sur ce projet de PPE3. Le caractère irréaliste du projet, et ses effets délétères sur l'économie française sont mis en évidence de façon quasi unanime.
Il est paradoxal et condamnable qu'en dépit de ces mises en garde officielles, l'Administration reste muette, sans doute faute de réponse rationnelle à opposer aux critiques faites, et s'autorise à engager des appels d'offres considérables dans l'éolien comme dans le solaire, dans l'esprit de la version contestée de ce projet de PPE3. La persistance des pouvoirs publics dans cette voie irrationnelle et suicidaire, pour notre industrie et notre économie, relève d'un parti pris sans fondement scientifique réaliste et conduit à s'interroger sur l'impartialité des décideurs.
Sous la pression des parlementaires lucides, le gouvernement a finalement décidé d'un débat parlementaire et de l'inscription à l'ordre du jour de l'assemblée nationale de la proposition de loi sénatoriale Grémillet. Pourtant le gouvernement et l'administration semblent toujours déterminés à publier en force une PPE persistante à prévoir un développement considérable d'électricité intermittente, en totale contradiction avec les conclusions du rapport Delahaye de la commission d'enquête sénatoriale de 2024, et les analyses irréfutables condamnant la PPE3.
Force est de constater que depuis plus d'un quart de siècle le pouvoir politique et certaines administrations centrales ont été pénétrés par une idéologie décroissante anti-nucléaire et pro renouvelables qui a su instrumentaliser fallacieusement la lutte urgente contre le dérèglement climatique, oubliant la remarquable performance d'un mix électrique décarboné reposant sur ses atouts, le nucléaire et l'hydroélectricité, garants de la stabilité d'un réseau avec un gaz très minoritaire.
Au-delà de personnalités politiques militantes alternant postes de dirigeants associatifs engagés et postes gouvernementaux ou fauteuils de parlementaires, ce sont d'innombrables mouvements de personnels entre le secteur associatif militant, des cabinets ministériels, des institutions officielles chargées de l'environnement et de l'énergie, des lobbys et entreprises énergétiques, qui ont prospéré et prospèrent encore.
Les exemples sont innombrables. Ce mélange des genres, ces situations propices aux conflits d'intérêts, pourrait relever d'une forme de corruption au moins idéologique. L'influence et les pressions ainsi exercées expliquent-elles un entêtement des pouvoirs publics fondé sur le mépris du parlement et de la parole des experts ? Ce questionnement devrait conduire à mener une enquête approfondie dont les conclusions permettront de remettre en ordre de marche l'Administration de notre République.
Dans l'immédiat, PNC-France appelle solennellement à suspendre la publication de la PPE3, à freiner le développement des énergies intermittentes, à restaurer la maîtrise de notre réseau en rétablissant au bon niveau notre potentiel de production pilotable, et à conduire une étude d'impact environnemental, technique et économique permettant de définir de manière rationnelle le mix de production électrique optimal à moyen comme à long terme. Cette étude pourrait être pilotée par l'OPESCT (Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques), avec l'appui des Académies.
Arcelormittal annonce des suppressions de postes
"l’acier européen est menacé par le coût trop important de l’énergie sur le Vieux Continent, par la surproduction chinoise, le niveau élevé d’importations à bas coût et le manque de demande intérieure, avait-il expliqué.
Il est urgent de retrouver une énergie fiable, abordable et toujours abondante
ArcelorMittal : le dernier clou dans le cercueil de la sidérurgie européenne
27 avril 2025 17:29 Mis à jour: 28 avril 2025 13:30
Le 23 avril, le groupe ArcelorMittal, deuxième sidérurgiste mondial, annonçait envisager la suppression d’ « environ 600 postes » dans 7 sites industriels du nord de la France en raison de « la crise qui frappe l’industrie de l’acier en Europe ». La sidérurgie emploie plus de 300.000 personnes en Europe, mais les annonces de suppression de postes et de fermetures de sites se sont succédé ces derniers mois.
Avant l’annonce de Donald Trump sur les tarifs douaniers, le géant allemand Thyssenkrupp avait annoncé fin 2024 son intention de supprimer 11.000 emplois en Allemagne. Des fermetures de sites français étaient aussi déjà annoncées chez ArcelorMittal qui a, en outre, suspendu un projet d’investissement de 1,8 milliard d’euros dans la décarbonation de l’acier à Dunkerque, l’un des plus importants hauts fourneaux d’Europe.
Le président d’ArcelorMittal France, Alain Le Grix de la Salle, avait dépeint le 22 janvier un tableau épouvantable de la situation devant les députés français : l’acier européen est menacé par le coût trop important de l’énergie sur le Vieux Continent, par la surproduction chinoise, le niveau élevé d’importations à bas coût et le manque de demande intérieure, avait-il expliqué.
La sidérurgie en Europe « est entrée dans une crise importante et grave » avait-il souligné. « Les sites, quels qu’ils soient, sont tous à risque en Europe. » Aucun de la cinquantaine de hauts fourneaux européens ne tourne à plein régime.
Quelque 600 suppressions de postes en France, jusqu’à 1400 postes européens transférés en Inde
« Le projet concerne les 7 sites d’ArcelorMittal France Nord: Dunkerque, Florange, Basse-Indre, Mardyck, Mouzon, Desvres et Montataire », a indiqué la direction du groupe.
« Cette décision difficile à prendre s’explique par un contexte global difficile depuis plusieurs années pour l’industrie de l’acier en Europe » a déclaré le nouveau directeur général d’ArcelorMittal France, Bruno Ribo. Selon lui, deux tiers des sureffectifs touchent plutôt des postes de production, et un tiers des fonctions support.
Aux prises avec une crise historique de l’acier en Europe, ArcelorMittal avait déjà annoncé en février qu’il envisageait la délocalisation de certaines de ses activités support (marketing, commercial, etc.) d’Europe vers l’Inde. Cela donnera finalement 400 suppressions de postes côté production, et 230 pour les fonctions support du nord de la France.
Concernant les projets d’investissement massif du groupe dans la décarbonation du site de Dunkerque, « c’est la restauration de notre compétitivité qui doit nous aider à finaliser la décision d’investissement sur le projet » a expliqué Bruno Ribo « mais nous attendons aussi des mesures concrètes de la Commission européenne suite à la présentation de son plan acier ».
Au total, en Europe occidentale, ce sont « entre 1250 et 1400 postes » dans les fonctions non directement liées à la production d’acier qui seront transférés en Inde ou en Pologne pour faire des économies, ont indiqué deux sources syndicales non démenties par la direction.
« Incompréhension » au sommet de l’Europe
Le commissaire européen à l’Industrie, Stéphane Séjourné, a exprimé son « incompréhension » après les annonces de suppressions d’emplois du groupe sidérurgique, estimant que le plan de soutien de l’Union européenne (UE) à la filière intégrait l’ensemble des demandes du groupe.
La Commission avait annoncé en mars une réduction des importations européennes d’acier de 15 % pour protéger la filière sidérurgique en crise, avec un durcissement de quotas à partir d’avril via un instrument appelé « clause de sauvegarde ».
« Le marché porteur de l’acier bas carbone sera reconnu dans la révision prochaine des marchés publics. Le pacte pour une industrie propre, que nous avons annoncé en février 2025, mobilisera plus de 100 milliards d’euros pour soutenir la décarbonation de notre industrie, et protéger les emplois », a défendu le commissaire français.
Le plan pour l’acier de l’UE, pas « au niveau »
Lors de la présentation du plan de l’acier européen le 20 mars, la Commission européenne a présenté un plan de défense qui prévoit notamment de réduire de 15 % les importations d’acier avec une révision de la clause de sauvegarde le 1er avril. La clause de sauvegarde est un instrument auquel l’Union européenne a recours depuis 2018 pour protéger ses producteurs d’acier, en taxant les importations excédant des quotas spécifiques attribués aux grands pays fournisseurs.
« Les sidérurgistes européens sont à la croisée des chemins », assurait la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, le 25 février, en promettant un plan pour « aider ce secteur à se décarboner et à prospérer à l’échelle mondiale ».
Embarquée dans une transition écologique coûteuse, la filière sidérurgique européenne est en difficulté depuis des années, plombée par la concurrence chinoise et les coûts de l’énergie. À cela vient s’ajouter l’épée de Damoclès de nouveaux droits de douane américains de 25 % sur l’acier, dégainés pour ré-équilibrer la balance commerciale entre l’Europe et les États-Unis.
La France a voté pour le plan européen pour l’acier, tout en indiquant qu’il n’était « pas au niveau » et qu’elle entendait demander une nouvelle révision de cette mesure de sauvegarde au trimestre suivant, pour aller plus loin dans la réduction des importations d’acier. Mais ces déclarations d’intention sur plusieurs mois n’ont pas suffisamment convaincu ArcelorMittal.
Le parallèle avec la fermeture d’ArcelorMittal en Afrique du sud
ArcelorMittal a annoncé en début d’année qu’il cesserait ses activités en Afrique du Sud, alors que l’afflux d’importations chinoises bon marché à travers le monde atteignaient désormais l’Afrique. « L’afflux constant d’acier chinois bon marché fait perdre des parts de marché aux fabricants locaux. Il en résulte des fermetures d’usines et des pertes d’emplois », a déclaré à Epoch Times Irvin Jim, dirigeant de l’Union nationale des métallurgistes d’Afrique du Sud.
Le PDG d’ArcelorMittal South Africa, Kobus Verster, déclarait à Epoch Times qu’il n’était plus rentable pour l’entreprise de produire de l’acier en Afrique du Sud. « Du fait de plusieurs facteurs, dont l’un est l’action de la Chine, la plupart des producteurs d’acier du monde sont aujourd’hui des entreprises déficitaires », a-t-il déclaré.
Justin Corbett, producteur d’acier sud-africain de longue date et membre de l’Institut de l’acier et du fer du pays, avait expliqué à Epoch Times que le ralentissement économique que connaît la Chine aurait dû entraîner une baisse correspondante de la production d’acier.
Mais « au contraire, le gouvernement chinois a continué à subventionner ses sidérurgistes pour qu’ils produisent encore plus d’acier et leur offre encore plus d’incitations à la production, et c’est cet excès d’acier que nous voyons aujourd’hui avoir un impact aussi dévastateur sur les industries sidérurgiques locales à travers le monde », a-t-il poursuivi.
En Afrique du Sud, ArcelorMittal a également été « durement touché » par la lenteur de la croissance économique, qui a entraîné un ralentissement de la demande en acier. « Si nous perdons cette capacité critique de production d’acier, je crains que nous ne perdions également les grandes usines de fabrication à forte intensité de main-d’œuvre lorsque ces grands constructeurs automobiles se délocaliseront vers d’autres territoires » a déclaré Justin Corbett.
Un état des lieux dont pourrait s’inspirer l’Europe, où tout l’appareil industriel était déjà impacté par le double effet d’une transition écologique coûteuse et du dumping chinois sur l’acier, avant l’arrivée des nouveaux tarifs douaniers américains. Les réactions en chaîne pourraient se succéder dans les chaînes d’approvisionnement, avec à la clé une baisse généralisée de la production et de la compétitivité, des fermetures d’usines délocalisées dans des pays moins chers, et des milliers de suppressions de postes.
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