Transitions et Énergies analyse fort bien l'échec de l'Energiewend allemand.
Malheureusement, ce n'est pas une évidence pour tous ceux qui ont une influence sur la politique énergétique de l'Europe ou de la France
Electricité : la chute de la maison Allemagne
par La rédaction Transitions et Energies
La stratégie énergétique allemande, marquée par l’abandon du nucléaire et le choix du tout renouvelables s'appuyant sur des centrales à charbon ou à gaz, est un échec cuisant. En dépit de centaines de milliards d’euros d’investissements, non seulement l’Allemagne n’est plus capable de subvenir seule à ses besoins en électricité, notamment quand il y a peu de vent et peu de soleil, mais en outre les prix de l’électricité n’ont cessé d’augmenter pesant sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité de l’industrie.
Longtemps considérée comme une puissance électrique exportatrice, l’Allemagne a connu une profonde transformation de son paysage énergétique au cours des dernières années. La décision d’abandonner progressivement le nucléaire, prise après l’accident de Fukushima en 2011, a été un tournant majeur. Ce choix, mû par des prétextes environnementaux et surtout politiques, a entraîné une refonte complète du système énergétique allemand, avec des conséquences inattendues sur ses échanges commerciaux avec ses voisins.
Jusqu’au milieu des années 2010, l’Allemagne était un fournisseur d’électricité en Europe. Son parc nucléaire, l’un des plus importants au monde, couplé à une production thermique conséquente assurée par des centrales au charbon et au lignite, lui permettait de générer un surplus qu’elle écoulait largement vers ses voisins.
L’échec de l’Energiewende
Toutefois, la sortie progressive du nucléaire, décidée en 2011, et le lancement alors de la révolution énergétique allemande faisant des renouvelables une priorité (l’Energiewende) ont créé une situation de plus en plus déséquilibrée. La fermeture des centrales nucléaires a creusé un trou dans la production électrique allemande. Si le développement des énergies renouvelables intermittentes (éolienne et solaire) a été rapide avec des investissements considérables de plus de 600 milliards d’euros en un peu plus d’une décennie, leur production, fortement dépendante des aléas météorologiques, ne peut pas toujours compenser les pertes liées à l’abandon du nucléaire.
Ainsi, les renouvelables ont la fâcheuse tendance de produire trop (quand il y a du vent et du soleil) ou trop peu créant des périodes de surproduction pendant lesquelles personne ne veut de l’électricité produite, et d’autres moments où l’abandon d’une source de production pilotable, indépendante de la météorologie, devient très préjudiciable.
Elle l’est d’autant plus que la consommation électrique allemande, dopée par une croissance économique relativement soutenue et une électrification croissante des usages, n’a cessé d’augmenter jusqu’à la crise de 2022 née de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Ce double mouvement, caractérisé par une baisse de fait de la capacité de production quand la météorologie est défavorable et une hausse de la consommation, a inexorablement conduit l’Allemagne à devenir importatrice nette d’électricité (voir l’infographie ci-dessous).
Ce basculement a été accéléré par la hausse des prix de l’énergie sur les marchés internationaux, notamment du gaz avec l’arrêt brutal de l’approvisionnement russe, rendant les importations d’électricité plus attractives durant plusieurs années et incitant le pays à externaliser la gestion de sa pointe de consommation. Et la volatilité des marchés de l’énergie, accentuée par des facteurs géopolitiques et climatiques, a rendu la planification énergétique allemande encore plus incertaine.
L’Allemagne en dépit de centaines de milliards d’euros d’investissements, d’un modèle du tout renouvelable qui est aussi celui adopté par les institutions européennes, doit désormais compter sur ses voisins pour assurer sa sécurité d’approvisionnement. Cette dépendance a rebattu les cartes de la coopération énergétique européenne et mis en évidence la nécessité de renforcer l’interconnexion des réseaux électriques.
Augmentation continue du prix de l’électricité
En fait, l’Allemagne a totalement négligé sa sécurité énergétique et s’en mord les doigts aujourd’hui. Elle l’a fait de deux façons. Par aveuglement et même par corruption en se rendant volontairement de plus en plus dépendante des importations de gaz russe et en faisant le choix des renouvelables intermittents qui ne peuvent garantir un niveau de production constant et ajusté aux besoins. Outre le fait de rendre le pays incapable de répondre seul à la demande, cette stratégie a aussi eu pour conséquence une augmentation continue du prix de l’électricité qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des entreprises. L’Allemagne, géant industriel de l’Europe, est aujourd’hui confronté à une crise inédite et la destruction des capacités industrielles dans les secteurs intensifs en énergie.
Berlin tente de mettre en œuvre aujourd’hui une stratégie énergétique plus efficace. Elle passe par :
-L’accélération du développement des énergies renouvelables. Aller encore plus loin dans ce qui a été jusqu’à aujourd’hui un échec… L’objectif est de réduire la dépendance aux énergies fossiles, charbon et gaz, et de rendre le système énergétique plus résilient face aux fluctuations des prix.
-Le renforcement des interconnexions électriques européennes. Une meilleure intégration des marchés électriques européens doit permettre de mieux lisser les fluctuations de la production et de la demande.
-L’efficacité énergétique. La réduction de la consommation d’énergie est un levier essentiel pour maîtriser les coûts et réduire les émissions de gaz à effet de serre.
-Le stockage de l’énergie. Le développement de technologies de stockage, notamment par batteries, doit permettre de mieux gérer l’intermittence de la production d’énergies renouvelables.
Ce programme se heurte à de multiples obstacles que les dirigeants allemands refusent de voir. Si encore plus de capacités renouvelables augmente bien la résilience du système dans les périodes de faible production, elles ont aussi tendance à se cannibaliser dans les périodes de production intensive. Obligeant les pouvoirs publics à venir à leur aide pour assurer leur rentabilité. Et, in fine, ce soutien vient renchérir la facture électrique.
La perte de stabilité du réseau allemand inquiète aussi ses voisins. Les nouveaux projets d’interconnexion sont aujourd’hui bloqués par les pays tiers ne désirant pas voir l’Allemagne tenter d’exporter ses excédents alors qu’eux même n’en n’ont pas besoin et verrait ainsi déstabilisé leurs propres réseaux.
Un problème fondamental de réseau à haute tension
Et puis il y a un problème de fond auquel l’Allemagne doit s’attaquer sinon elle ne surmontera jamais ses difficultés : l’insuffisance de son réseau à haute tension. C’est dans le nord du pays que sont installées l’essentiel des capacités de production renouvelables, notamment les éoliennes, et c’est dans le sud de l’Allemagne que se trouve la majorité de la demande d’électricité. Les besoins d’investissement dans le réseau à haute tension se chiffrent en centaines de milliards d’euros mais se heurtent notamment à l’acceptabilité sociale des populations. Les manifestations contre les milliers de kilomètres de ligne haute tension en projet sont devenues courantes.
Seul point positif : le développement rapide du stockage par batteries des productions renouvelables. A un niveau insoupçonné il y a encore trois ans, les batteries stationnaires sont à même de lisser en partie la production en intra-journalier, répondant ainsi notamment au défi du coucher du soleil dans un pays très dépendant de sa production photovoltaïque. Mais pour du stockage inter-saisonnier et sur de longues périodes sans vent, les batteries sont totalement insuffisantes et le resteront longtemps encore.
Suicide économique
Quand on constate l’affaiblissement continu de la situation énergétique de l’Allemagne, on peut parler de suicide économique, industriel et énergétique. Pour des raisons de calculs politiciens et de coalitions de gouvernement, le pays a multiplié les mauvais choix et a les plus grandes difficultés à reconnaître s’être fourvoyé.
La CDU (centre droit) a bien mis dans son programme l’étude du redémarrage des derniers réacteurs nucléaires fermés. Mais avec un système électoral à la proportionnelle nécessitant la création de coalitions gouvernementales, il est très peu vraisemblable que la CDU puisse trouver des alliés qui accepteraient une relance du nucléaire. De géant à nain de l’énergie en moins de 10 ans, un cas d’école que l’on étudiera encore pendant longtemps…
Phillipe Thomazo
Un article qui fait référence à une étude de la revue scientifique "Nature", une des revues les plus réputées au monde, à "comité de lecture".
Vous pouvez accéder à l'étude (assez complexe) avec le lien. Elle révèle des aspects négatifs inédits de l'éolien : accroissement du CO2, impact sur la croissance des plantes, sur le climat...etc. Des arguments nouveaux à exploiter.
Les éoliennes accroissent le CO2 et amplifient le réchauffement climatique
Article de Ludovic Grangeon
Et puis un jour, on se rend compte que cette énergie « renouvelable » est bien plus marron que verte, tant dans les bilans de projets que dans les comptes de ses promoteurs. Un article de la très sérieuse revue scientifique Nature nous livre une synthèse qui confirme en 2024 des doutes antérieurs dans un gigantesque pavé dans la mare :
Les éoliennes accroissent le CO2 et amplifient le réchauffement climatique.
Les éoliennes sont des bombes à retardement dont on perçoit les dégâts seulement quelques années après leur installation Elles AMPLIFIENT le réchauffement climatique. Les parcs éoliens causent des dommages environnementaux dans un rayon de 7 kilomètres, 15 000 hectares, 150 km2 !... et parfois jusqu’à 20 km. Il faut 5 à 7 ans pour constater les premiers dégâts qui vont s’amplifier par la suite.
Un exemple parlant : La France vient de connaitre sa pire récolte de blé depuis 40 ans. La Beauce, grenier à blé français est farcie de forêts d'éoliennes. Les pertes sont de 25% et nous frappent à la fois dans notre autosuffisance alimentaire et dans la performance de nos exportations.
Tout ça pour ça… Une formule provisoire qui a fait son temps
Les éoliennes ne parviennent pas à dépasser 20 à 25% de leur puissance annoncée en raison des jours de vent peu nombreux en France. Paradoxe : Elles consomment par contre 80 % des espaces dédiés à l’énergie. Plus de CO2 et moins de végétation : les éoliennes sont parmi les équipements qui dégradent le plus les terres agricoles.
Vidéo associée: Quelles seront les retombées des chantiers éoliens? (Dailymotion)
Parmi les dommages constatés, citons : la végétation (NDVI et EVI), l'énergie absorbée par les plantes via la photosynthèse (FPAR), la masse foliaire (LAI), et surtout la forte réduction de la capacité de stocker du CO2 dans ce rayon (GPP).
Parc éolien : un « ami » qui vous veut du mal
En d’autres termes, les chercheurs montrent que les parcs éoliens ont un impact NÉGATIF sur la biomasse/végétation de leur environnement, réduisant la couverture végétale et réduisant la capacité de stockage du CO2. Ils expliquent cela de plusieurs manières.
Les éoliennes peuvent détruire les niches de certaines plantes.
Le bruit et les vibrations émis par les éoliennes peuvent avoir un impact négatif sur le climat et les précipitations de la zone environnante ; En fait, il existe déjà un certain nombre d'études montrant que les parcs éoliens affectent la lumière, la température, l'air et l'humidité du sol, que la rotation des éoliennes génère des vents qui ont non seulement un impact négatif sur le cycle de l'eau de l'environnement, mais affectent également la croissance des feuilles, des effets négatifs particulièrement visibles en été et d'ailleurs l’étude Gao et al. (2023) a montré une croissance réduite des plantes, surtout en été.
Conclusion : la construction de nombreux parcs éoliens n’a jamais pris en compte les impacts à long terme de ces parcs dans une précipitation faite de démagogie et d’affairisme. Telles les affaires de l’amiante, ou du sang contaminé, les graves conséquences ne se révèlent que maintenant, sans parler des problèmes non résolus des immenses socles de béton souterrain, ou du recyclage des pales…non recyclables à hauteur de 250 000 tonnes dont personne ne sait quoi faire. La puissance de la communication ne pourra rien contre les faits scientifiques vérifiés sur une longue période, loin de l’affairisme et de l’influence. Il reste aux pouvoirs publics à se défaire de leurs relations ambiguës avec ce milieu hautement spéculatif et éphémère, et de certains organismes opaques, comme l’OFATE par exemple, organisme public entretenu pour desservir ses membres privés.
Post de "Sauvegarde des paysages d'Iroise"
et l'article suivant sur les manœuvres de Mme von der Leyen
pour accroître les importations de GNL en provenance des USA.
@vonderleyen propose à @DonaldTrump de remplacer le gaz par du gaz" Et bien oui, il faut bien backuper les éoliennes quand il n'y a pas de vent ! Faire venir du gaz (de schiste?), énergie haute en carbone, dans des immenses tankers traversant l'Atlantique, c'est écolo!
Électricité, gaz de schiste… Les incohérences de l’Europe
CHRONIQUE. On peut ne pas voir le réel, mais on ne peut pas ne pas voir les conséquences de cet aveuglement. La politique énergétique de l’Union européenne, explique le professeur et essayiste Samuel Furfari, en est un cas d’école.
Par Samuel Furfari
La dernière sortie d’Ursula von der Leyen concernant le gaz naturel américain illustre de manière éclatante l’incohérence de la politique énergétique de l’Union européenne. En proposant à Donald Trump, avant même son entrée en fonction, d’accroître les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) américain pour remplacer le gaz russe, la présidente de la Commission européenne fait preuve d’un opportunisme déconcertant. Comment ne pas voir dans cette démarche une contradiction flagrante avec la politique énergétique que Bruxelles impose depuis des années aux États membres ?
Rappelons que l’UE a systématiquement découragé, voire interdit, l’exploration du gaz de schiste sur son propre territoire. Pendant des années, les écologistes et certains responsables politiques européens n’ont cessé de diaboliser cette ressource énergétique, pointant du doigt ses prétendus risques environnementaux. Cette même UE est pourtant devenue le premier importateur mondial de gaz de schiste américain tant décrié ; la France, qui a été parmi les plus agressifs, en est même le premier importateur.
Cette contradiction s’inscrit dans un contexte plus large d’incohérences. L’UE affirme vouloir sortir des énergies fossiles et vise une réduction spectaculaire de 90 % des émissions de CO2 à l’horizon 2040, comme l’a confirmé le 7 novembre le commissaire Wopke Hoekstra lors de son audition devant le Parlement européen. Ces objectifs, déjà difficilement atteignables dans le meilleur des scénarios, deviennent franchement utopiques dans le contexte géopolitique actuel.
La question climatique, si chère à l’UE, était pratiquement absente des débats de la campagne présidentielle américaine.
Les États-Unis, eux, ont choisi la voie du pragmatisme. La révolution du pétrole et du gaz de schiste a non seulement transformé le pays en exportateur net d’énergie, mais elle a aussi contribué à réduire considérablement ses émissions de CO2 en remplaçant le charbon. Même au sein de l’administration démocrate, des personnalités comme Kamala Harris se sont exprimées en faveur de cette ressource, reconnaissant son importance stratégique et économique.
La campagne présidentielle américaine qui vient de se terminer est révélatrice : la question climatique, si chère à l’UE, est pratiquement absente des débats. Les électeurs américains ont compris une réalité économique fondamentale : toute politique de réduction des émissions de CO2 se traduit inévitablement par une augmentation du coût de l’énergie. Face aux émissions massives de la Chine et de l’Inde, qui continuent leur croissance imperturbable, les efforts européens apparaissent non seulement dérisoires, mais économiquement suicidaires.
L’annonce probable du retrait des États-Unis des accords de Paris sous une nouvelle présidence Trump ne fera qu’accentuer l’isolement de l’UE sur la scène internationale. Pendant que Bruxelles s’accroche à son Green Deal, le reste du monde privilégie le développement économique et la sécurité énergétique. La Chine construit des centrales à charbon, l’Inde encore plus puisque son Premier ministre s’est vanté d’avoir atteint le seuil de production d’un milliard de tonnes de charbon et de lignite, et les pays émergents revendiquent légitimement leur droit au développement.
La démarche d’Ursula von der Leyen soulève des questions cruciales quant à la cohérence de la politique européenne. Comment justifier, auprès des citoyens européens, l’importation massive de gaz de schiste américain, alors qu’on en interdit jusqu’à l’exploration sur notre continent ? Et surtout, comment expliquer que nous préférions enrichir les producteurs américains plutôt que de développer nos propres ressources ?
Les écologistes organisent la perte de compétitivité de l’Union européenne
Il est temps que la Commission européenne sorte de son dogmatisme et adopte une approche plus pragmatique. La sécurité énergétique de l’Europe ne peut se construire sur des contradictions et des utopies. Le Green Deal, dans sa forme actuelle, apparaît de plus en plus comme un programme idéologique déconnecté des réalités géopolitiques et économiques mondiales.
Pendant que nous nous imposons des contraintes toujours plus sévères, nos concurrents internationaux poursuivent leur développement sans entraves, creusant un fossé de compétitivité qui sera très difficile à combler. Le rapport de Mario Draghi a souligné que nous payons notre électricité deux à trois fois plus cher et notre gaz trois à quatre fois plus cher que les Américains. Or, comme le dit le sous-titre de mon livre( Énergie, mensonges d’état. La destruction organisée de la compétitivité de l’UE , L’Artilleur, 2024), cette perte de compétitivité est organisée par des écologistes de tous les partis qui ont pris le pouvoir à Bruxelles et Strasbourg.
L’UE doit urgemment réviser sa politique énergétique en s’inspirant du pragmatisme américain. La sécurité énergétique et la compétitivité économique ne peuvent être sacrifiées sur l’autel d’une idéologie verte déconnectée des réalités mondiales. Il en va de l’avenir de notre industrie, de nos emplois, de notre prospérité, et même de notre liberté individuelle. La proposition faite à Trump n’est qu’un symptôme de plus d’une politique énergétique européenne qui a besoin d’être profondément repensée.
Beaucoup de difficultés pour l'éolien en mer.
Un exemple, celui du projet de Bretagne Sud. Chute en bourse de Bay Wa. Cette société n'est pas la seule à rencontrer des difficultés.
Voir l'article "obstacle à l'éolien en mer"
Éoliennes flottantes en Bretagne : un projet en pleine tourmente avec la chute en bourse de BayWa AG ?
Le projet d’éoliennes flottantes Bretagne Sud AO5, attribué en mai dernier au consortium PENNAVEL, est aujourd’hui au cœur d’une tempête financière et organisationnelle. Composé de l’Allemand BayWa r.e. et du Belge Elicio, le consortium vient de se scinder, un divorce qui soulève des questions majeures sur l’avenir de ce projet emblématique, notamment sur sa viabilité économique et sa capacité à répondre aux exigences du développement durable.
Un consortium qui implose : BayWa r.e. et Elicio prennent des chemins séparés
Le ministère de la Transition énergétique a récemment publié la liste des candidats sélectionnés pour l’appel d’offres AO9, englobant l’extension du projet AO5. Ce qui frappe, c’est que BayWa r.e. et Elicio, initialement associés sous le nom de PENNAVEL, ont décidé de participer séparément : BayWa r.e. en solo, et Elicio en partenariat avec Q Energy et Kansas Electric. Une séparation qui, selon les opposants à ce projet réunis sous l’appellation les Gardiens du Large, trouve sa source dans les graves difficultés financières de BayWa r.e., filiale du géant allemand BayWa AG.
BayWa AG, pilier de l’industrie agricole et de la construction en Allemagne, fait face à une crise sans précédent. Avec une dette colossale de 5,5 milliards d’euros, en grande partie due à sa filiale renouvelable, le groupe est en proie à une chute libre de sa valeur boursière. L’action, qui valait 20 euros en juillet, est désormais tombée sous les 10 euros. Les autorités financières allemandes, via la BaFin, ont ordonné un audit des comptes consolidés de 2023, et la récente démission du vice-président du conseil de surveillance, Wolfgang Altmüller, aggrave l’incertitude entourant le groupe.
Dans ce contexte, on peut s’interroger sur le choix du gouvernement français d’autoriser BayWa r.e. à concourir pour AO9. Sa fragilité financière et son manque de références techniques en matière d’éolien marin posent question. Le communiqué des Gardiens du Large souligne cette incohérence, en évoquant les doutes sur la crédibilité de l’entreprise comme partenaire d’un projet industriel d’une telle envergure.
De son côté, Elicio semble vouloir tourner la page BayWa en s’associant à Q Energy et Kansas Electric, deux entreprises aux profils divers. Ce repositionnement stratégique pourrait renforcer les chances du consortium belge de remporter la confiance des décideurs, mais il n’en demeure pas moins que la division interne de PENNAVEL fragilise l’ensemble du projet AO5 et son extension dans le cadre d’AO9.
Quelles conséquences pour le projet Bretagne Sud ?
Le projet AO5, présenté comme une avancée majeure pour l’éolien flottant en France, se retrouve désormais dans une situation délicate. La scission entre BayWa r.e. et Elicio soulève des interrogations sur la continuité des opérations. Les défis techniques et financiers liés à l’installation des éoliennes en mer nécessitent une coordination sans faille entre les partenaires, une condition mise à mal par le départ de BayWa r.e.
De plus, les doutes sur la capacité de BayWa à tenir ses engagements financiers risquent d’entacher la crédibilité globale du projet. Une extension dans le cadre d’AO9, pourtant cruciale pour pérenniser l’ambition française en matière d’énergies renouvelables, pourrait se heurter à des obstacles insurmontables si les partenaires impliqués ne sont pas à la hauteur.
Ce désaccord interne et la situation de BayWa mettent en lumière une problématique plus large : les fragilités financières et organisationnelles des entreprises impliquées dans l’économie autour de la transition énergétique. Alors que l’éolien offshore est présenté comme un pilier des politiques climatiques européennes, ces projets ambitieux semblent souvent reposer sur des bases économiques fragiles.
Il est également légitime de s’interroger sur la stratégie gouvernementale dans l’attribution de ces appels d’offres. Pourquoi sélectionner des partenaires manifestement en difficulté financière, au risque de compromettre l’avancement des projets ? La transition énergétique, déjà critiquée pour son coût et son impact sur les paysages côtiers, ne peut se permettre de multiplier les échecs.
Enfin, cet épisode soulève une réflexion plus large sur le modèle économique des énergies renouvelables, un modèle qui semble beaucoup trop flou, beaucoup trop imprécis, beaucoup trop à la merci de lobbys, pour être viable.
Illustration : DR[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
Obstacles à l’énergie éolienne en mer : des problèmes de chaîne d’approvisionnement à l’incertitude réglementaire
Principaux renseignements
Business AM le 18/11/24
Les annulations de projets, les dysfonctionnements des turbines et l’escalade des coûts sont les principaux obstacles qui entravent les progrès de l’éolien en mer.
Les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et les incertitudes réglementaires sont également des défis importants auxquels l’industrie est confrontée au niveau mondial.
Il existe des variations régionales, le secteur de l’éolien offshore en Chine connaissant une croissance grâce au soutien du gouvernement et à des conditions de financement favorables.
Les gouvernements du monde entier ont fixé des objectifs ambitieux pour le secteur de l’éolien en mer, afin de l’utiliser comme un outil essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Cependant, le secteur est actuellement confronté à plusieurs défis qui menacent sa capacité à atteindre ces objectifs.
Les annulations de projets, les dysfonctionnements des turbines et l’escalade des coûts figurent parmi les principaux obstacles qui entravent les progrès. Ces revers représentent un risque important pour les efforts visant à augmenter la capacité des énergies renouvelables d’ici 2030, en particulier dans des régions comme les États-Unis et l’Europe, qui ont fortement investi dans l’éolien en mer dans le cadre de leurs stratégies en matière d’énergies renouvelables.
Variations régionales
Alors que le secteur chinois de l’éolien en mer poursuit sa croissance, grâce au soutien du gouvernement et à des conditions de financement favorables, d’autres pays se heurtent à des obstacles tels que des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et des incertitudes réglementaires. Cette disparité des progrès soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’industrie mondiale à atteindre collectivement ses objectifs ambitieux.
Cigogne noire
article France Bleu avec les propos passionnés et passionnants de JF Baeta président du Groupe Cigogne noire en région Centre
Podcast en suivant le lien ci-dessus
Touraine : la cigogne noire gagne encore face aux éoliennes
Produire de l'énergie verte, qui n'impacte pas le Climat, c'est ce que nous voulons tous. Mais si cela se fait au détriment de la biodiversité déjà fort mise à mal par nos pratiques, ce ne sera pas viable pour la biodiversité, ni à terme, pour les humains, sur cette planète.
Nid de cigogne noire (Ciconia nigra) en milieu forestier avec ses jeunes © Getty - @Josef CINK / 500px
Le projet de parc éolien de Charnizay refusé pour protéger la cigogne noireAprès Sepmes, le projet d'installation d'un parc éolien (projet de quatre mâts éoliens et un poste de livraison électrique) à Charnizay dans le Sud-Touraine vient d'être refusé le 12 novembre dernier par arrêté préfectoral "du fait qu'il est de nature à porter atteinte à la conservation de la cigogne noire" (source Arrêté préfectoral SAIPP/BE/N°21370). Nous pouvons ainsi nous interroger sur ce paradoxe qui oppose énergie dite verte (qui a le vent en poupe si je puis dire, du fait de la nécessaire transition écologique) et préservation de la biodiversité, dont nous dépendons en ligne directe pour notre survie. Quelle importance d'avoir de l'électricité si nous n'avons plus de quoi manger ?
La survie de la cigogne noire : un combat de tous les instantsLe Groupe Régional Cigogne Noire (GRCN) est extrêmement vigilant sur tous ces projets qui peuvent potentiellement nuire à la survie de cette espèce protégée, qui figure sur la liste Rouge de l'UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) en France, est considérée comme espèce en danger en tant que nicheur et espèce vulnérable en tant qu'espèce de passage. Le GRCN, composé d'ornithologues chevronnés, recueille sur le terrain, nous explique Jean-Frédéric Baéta du GRCN, grâce à diverses techniques et dispositifs tels que des pièges photographiques et des observations depuis les châteaux d'eau sur la canopée, des données sur la présence de la cigogne noire dont il peut attester. Cela fait à ce jour pas moins de 15 projets de parcs éoliens qui se voient enterrés dans notre région, du fait de la présence de ce grand échassier particulièrement farouche.
Pourquoi production d'énergie éolienne et cigogne noire sont-elles incompatibles ?La présence d'un parc éolien sur le territoire des cigognes noires, essentiellement forestier, qui mesure environ 20 km de rayon autour d'un nid peut, nous explique Jean-Frédéric Baéta du GRCN, compromettre les déplacements, l’alimentation et la reproduction des cigognes noires, autant d'actions vitales pour cet oiseau rare, particulièrement sensible au dérangement humain qui pourrait abandonner sa nichée s'il est dérangé par l'installation des éoliennes. "Cet effet est également particulièrement documenté pour les rapaces, comme l’aigle royal (Aquila chrysaetos) ou le milan royal (Milvus milvus), qui peuvent être équipés de balises et qui sont souvent présents dans des zones fortement ventées du sud de la France propices au développent de l’éolien. Cette sensibilité a également été observée chez d’autres espèces, notamment celles inféodées aux zones humides" (source : Société Nationale de Protection de la Nature)
Cigogne noire en vol © Getty - @ilknur / 500px
L'or vert contre la biodiversité ?La cigogne noire est devenue la "bête noire" des promoteurs de parcs éoliens mais elle représente la partie émergée de l'iceberg car c'est finalement toute la biodiversité présente dans ces zones forestières et les zones humides avoisinantes qui est concernée par ces installations.Les énormes enjeux financiers n'ont pour l'instant pas gain de cause du fait de la précision indiscutable des documents fournis par les défenseurs de la biodiversité (cigognes noires, autres oiseaux mais aussi chauves-souris hachées menues et dispersées à des centaines de mètres des éoliennes). Jean-Frédéric Baéta déplore de la part des promoteurs une terrible mauvaise foi, un désintérêt et un manque de curiosité et de documentation par rapport aux impacts sur la biodiversité de ces installations, l'argent semblant être leur seule motivation nous dit-il.La production d'énergie dite verte doit-elle occulter le vivant ? Nous avons déjà provoqué l'effondrement de 70% de la biodiversité tous milieux confondus, la transition écologique doit-elle se faire au prix d'un sacrifice supplémentaire ? N'oublions pas que notre vie dépend de la richesse des écosystèmes, les mieux à même de nous protéger notamment d'autres épidémies et de nous nourrir. Alors quelle importance si la cigogne noire n'a pas d'argent ?
Deux lectures en plus pour nourrir nos réflexions et nos actions :
Il va falloir suivre l'accueil qui sera fait à la proposition de loi sur l'encadrement du développement éolien.
L’urgence climatique épuise l’opinion et menace la transition
L’urgence climatique épuise l’opinion et menace la transition
par La rédaction
La lassitude de l’opinion, à force de lui annoncer l’apocalypse climatique et énergétique, est devenue aujourd’hui l’un des principaux obstacles à la transition énergétique. Agiter les peurs mobilise mais finit aussi, à force de leçons moralisantes et d’emphase, par être contre-productif. La transition énergétique est ainsi maintenant rejetée par une frange grandissante de la population. Par Éric Leser. Article paru dans le numéro 22 du magazine Transitions & Energies.
La fable d’Ésope est universellement connue, mais sa leçon a été oubliée par bon nombre de militants écologistes et leurs relais médiatiques. C’est l’histoire d’un berger qui sans cesse criait au loup et a fini un jour par se faire dévorer, lui et ses moutons, quand l’alerte a fini par être réelle mais n’a plus attiré l’attention de personnes lassées d’être appelées au secours pour rien.
On la retrouve décrite de façon plus scientifique par l’économiste américain de la Brookings Institution, Anthony Downs, en 1972, avec sa notion d’issue attention cycle (le cycle de l’attention aux problèmes). Il distingue cinq stades de ce cycle.
Alarme et volontarisme
Le premier est celui de l’apparition d’un problème dont la perception reste cantonnée au cercle des experts. La question de l’impact des émissions de gaz à effet de serre a ainsi été débattue par les climatologues tout au long des années 1980 sans que le grand public ne s’en préoccupe outre mesure. Deuxième stade, celui de la découverte du problème soudaine et alarmante par le public et parallèlement d’un certain optimisme sur la capacité de la société, si elle se mobilise, à y faire face. Il a commencé il y a environ trente-cinq ans, lorsque le problème rebaptisé changement climatique a fait irruption dans la sphère publique. La couverture médiatique mondiale du climat et de la transition énergétique a ainsi été plus que décuplée.
Au point d’ailleurs que certains médias qui se veulent exemplaires comme Radio France ont pris l’engagement solennel d’en faire « un axe éditorial majeur » et a même lancé « le plus grand plan de formation de son histoire à destination de ses journalistes, ses producteurs et équipes de production, et ses animateurs, sur les questions climatiques ». Le greenwashing ne concerne pas seulement les grands groupes industriels… Jusqu’à la fin de la décennie 2010, les engagements climatiques ont ainsi été marqués par une réelle ferveur, parfois naïve, pour se mobiliser et trouver les moyens de résoudre le problème.
Un pur mirage
Mais près de dix ans après la COP 21 de 2015 à Paris, qui a été le sommet de cet élan portant la transition, la réalité a balayé l’optimisme et l’enthousiasme. L’engagement unanime pris en 2015 consistant à limiter l’ampleur du changement climatique en éliminant les émissions nettes de gaz à effet de serre d’ici 2050 via la transition énergétique apparaît comme un mirage. Les émissions ont atteint un niveau record en 2023 tout comme la consommation de pétrole, de charbon et de gaz naturel. Et ce sera très certainement encore le cas cette année et les suivantes. Les combustibles fossiles représentent encore plus de 80% de la consommation d’énergie primaire dans le monde et les efforts plus ou moins efficaces des pays développés et notamment européens ont un impact insignifiant, effacés par la volonté, légitime, des pays en développement de faire de l’augmentation du niveau de vie de leurs populations la priorité. Et cela passe par l’accès à une énergie bon marché et abondante, c’est-à-dire en l’état actuel des choses, fossile.
La difficulté de mener la transition énergétique, c’est-à-dire de substituer dans des conditions économiques, sociales et politiques acceptables les carburants fossiles par des énergies bas carbone en l’espace de quelques décennies a été et est sous-estimée par les institutions, les militants, les politiques et les médias. La transition énergétique est d’abord et avant tout une transformation physique. Ce qui est souvent mal compris par les donneurs de leçons qui bâtissent des scénarios et des stratégies imparables sur quelques décennies.
À l’ère numérique, nous nous sommes habitués à des transformations rapides. Il a fallu neuf mois à TikTok et deux mois à ChatGPT pour atteindre 100 millions d’utilisateurs. Mais un système énergétique est une entité physique. Les transitions énergétiques historiques ont pris plusieurs décennies, voire plusieurs siècles. Ceux qui travaillent dans cette industrie le savent bien et ont longtemps prêché dans le désert.
La réalisation progressive du coût réel pour surmonter le problème
Ils sont pourtant les mieux placés pour mesurer la complexité et l’échelle des systèmes énergétiques, le poids des équipements existants construits pour la plupart pour des échelles de temps comprises entre cinquante ans et un siècle, l’importance de la démographie et les limites des technologies aujourd’hui à notre disposition. Sans parler de l’impact sur l’environnement d’une transition qui signifie l’utilisation massive de métaux et de minéraux pour fabriquer les nouveaux équipements. Nous sommes ainsi entrés depuis la pandémie de 2020 et plus encore la crise énergétique de 2022 dans le troisième des cycles décrits par Anthony Downs.
C’est celui de la réalisation progressive du coût réel pour surmonter le problème. Les ambitions proclamées se heurtent aux réalités technico-économiques et politiques. « Vous pouvez ignorer la réalité, écrivait Ayn Rand, mais vous ne pouvez pas éviter les conséquences d’ignorer la réalité. »
Les dernières élections européennes ont ainsi été marquées par un recul parfois spectaculaire, en Allemagne et en France notamment, des scores des partis écologistes. Ils parviennent à rallier à leur cause quand les électeurs s’en tiennent à l’effet souhaité des politiques qu’ils prônent et en ignorent les coûts et les inconvénients. Mais les mêmes électeurs apprécient de moins en moins qu’on leur dise quelle voiture ils doivent conduire, quelle nourriture ils doivent manger, comment il faut la faire cuire et comment ils doivent chauffer leur maison.
Toujours en Europe (et au Canada), les oppositions ne cessent de grandir aux mesures de réduction des émissions, que ce soient les Gilets jaunes en France, les rejets virulents au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas des nouvelles contraintes en matière de chauffage domestique ou les mouvements généralisés dans toute l’Union des paysans face à la nouvelle politique agricole. Sans parler des conséquences de l’accélération de la désindustrialisation qui est directement liée au renchérissement du prix de l’énergie en Europe et à la perte de compétitivité.
Déclin graduel de l’intérêt du public
Même la finance commence à prendre ses distances. La rentabilité des investissements verts dans les renouvelables, l’hydrogène, les véhicules électriques… dépend avant tout des subventions et des aides publiques. Quant au fameux objectif de zéro émission nette d’ici 2050, il est estimé à un coût annuel de l’ordre de 10% de l’économie mondiale que personne ne peut ou ne veut assumer.
Aujourd’hui, nous sommes même sans doute entrés dans le quatrième stade du issue attention cycle qui est celui d’un déclin graduel de l’intérêt du public. « Tandis que de plus en plus de personnes réalisent la difficulté et ce que leur coûterait personnellement une solution au problème… », écrivait Anthony Downs. Au dernier stade, le cinquième, le problème est supplanté par un ou plusieurs autres considérés alors comme plus préoccupants – par exemple la guerre, l’intelligence artificielle, le fanatisme religieux – même s’il peut de temps à autre resurgir et redevenir une préoccupation majeure, d’autant que des institutions et organisations ont été créées pour le mettre en avant.
On peut considérer que le problème se trouve donc aujourd’hui entre les stades 3 et 4. Il faut impérativement éviter qu’il passe au stade 5.
Des stratégies condamnées à l’échec qu’il faut revoir de fond en comble
Pour cela, la recette est facile à décrire, difficile à mettre en œuvre. Les stratégies climatiques actuelles inefficaces et irréfléchies doivent être refondées. Il faut admettre, c’est sans doute le plus délicat, qu’elles sont condamnées à l’échec parce qu’elles ne prennent pas en compte les réalités économiques, sociales, technologiques et politiques et qu’elles doivent aussi obligatoirement répondre aux besoins énergétiques des populations.
La transition ne peut pas être laissée aux seuls universitaires, technocrates et politiques, quelles que soient leurs bonnes intentions. Pour la plupart, ils n’ont aucune compréhension des réalités du monde de la production.
Voilà pourquoi la grande majorité des scénarios que nous assènent et veulent nous imposer bon nombre d’institutions et organismes nationaux et internationaux, d’ONG et d’universités en mal de notoriété n’ont aucune chance de se réaliser. Et tout le monde finit par s’en rendre compte. Ils consistent via des modèles mathématiques plus ou moins élaborés à fixer arbitrairement des objectifs à atteindre d’ici 2030, 2050 ou 2060 et à travailler ensuite à rebours pour intégrer les évolutions et les étapes nécessaires pour y parvenir. Peu importe les réalités économiques, sociales, politiques, environnementales, et encore moins les impératifs techniques…
Les systèmes énergétiques ne peuvent se transformer que lentement
La priorité doit être de développer et de déployer de nouveaux systèmes énergétiques décarbonés mais aussi fiables, pérennes et compétitifs en termes de coûts. Il faut aussi admettre qu’il y a des raisons fondamentales pour lesquelles les systèmes énergétiques construits patiemment sur des décennies ne peuvent être remplacés en quelques années.
Il faut aussi admettre que pour le grand public les bénéfices climatiques de la transition énergétique sont lointains, vagues et incertains, tandis que les coûts et les contraintes liés à une décarbonisation rapide sont immédiats et importants. Et ils le sont plus particulièrement par les populations modestes des régions dites périphériques qui sont les bataillons d’électeurs des partis populistes en Europe comme en Amérique du Nord. Ces derniers ont d’autant plus d’arguments pour contester les politiques actuelles qu’elles n’apportent aucun résultat tangible en matière de climat et d’émissions. Pour la bonne et simple raison que pour la majorité du monde, en dehors de l’Europe et de l’Amérique du Nord, ce n’est pas du tout une priorité.
Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain
Difficile de savoir s’il faut se réjouir ou se lamenter de cette lassitude de l’opinion. Elle contraint à changer le cap et les attitudes. Que les discours apocalyptiques aient de moins en moins d’impact est plutôt une bonne nouvelle. Le fait qu’ils soient encore tenus par les plus grandes institutions internationales, de l’ONU à la Commission européenne, et relayés abondamment par la plupart des grands médias occidentaux ne leur donne pas plus de force et de crédibilité.
Voilà pour le côté positif des choses. La transition sort enfin de l’impasse idéologique et moralisatrice dans laquelle elle s’est fourvoyée. Mais cela ne signifie surtout pas qu’il ne faut pas la mener. Le risque aujourd’hui est que le bébé soit jeté avec l’eau du bain. C’est-à-dire qu’il devienne de plus en plus difficile de convaincre de la nécessité de changer notre système énergétique.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre et se passer des énergies fossiles prendra du temps, de la persévérance, de la lucidité et de la capacité de conviction. Les menaces, la violence et les anathèmes ne mènent nulle part. Les objectifs de 2050 ne seront certainement pas atteints, mais il reste indispensable d’y parvenir, quitte à admettre que ce sera en 2070 ou 2080. Le système énergétique est à l’origine de 85 % des émissions de gaz à effet de serre et les combustibles fossiles de 80%, et nous n’avons qu’une seule biosphère.
Commentaires : Récemment dans météo climat sur la 2, un personnage , soit disant expert, a expliqué que 95% d’énergie renouvelables et 5% de gaz pouvait répondre à l’intermittence de l’éolien et du solaire… !! Rien d’étonnant que ce genre de propos répétés à longueur de temps, finit par donner le sentiment d’être pris pour des sombres crétins.
PROPOSITION DE LOI visant à encadrer le développement de l’éolien
N° 587
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ASSEMBLÉE NATIONALE
CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
DIX-SEPTIÈME LÉGISLATURE
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 19 novembre 2024.
PROPOSITION DE LOI
visant à encadrer le développement de l’éolien,
(Renvoyée à la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement.)
présentée par
M. Corentin LE FUR, M. Thibault BAZIN, Mme Alexandra MARTIN, M. Jérôme NURY, Mme Josiane CORNELOUP, Mme Christelle PETEX, Mme Véronique LOUWAGIE, M. Vincent DESCOEUR, Mme Virginie DUBY-MULLER, M. Nicolas RAY,
députés.
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EXPOSÉ DES MOTIFS
Mesdames, Messieurs,
« Malheureusement, nous avons laissé s’implanter certains projets de parcs éoliens qui sont en covisibilité de monuments historiques ou dispersés au sein de petits parcs de taille et de forme variables, ce qui crée une saturation visuelle et un sentiment d’encerclement autour de certains bourgs parfois insupportable ». Ces mots sont ceux de l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne. Alors ministre de la transition écologique et solidaire, elle les a prononcés au Sénat, le 18 février 2020.
Quatre ans après, en dépit de ce constat qui ne souffre d’aucune ambiguïté, rien n’a été fait pour raisonner le développement de l’éolien.
À l’inverse, une loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables a même été adoptée. Cette dernière va permettre l’installation de toujours plus d’éoliennes, et ce contre la volonté des Français, contre les élus locaux et en dépit du bon sens, simplement pour respecter une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) absurde qui saborde la souveraineté énergétique de la France et conduit à une véritable gabegie de l’argent public.
1. La poursuite du développement anarchique des éoliennes se fait contre les français qui partout où des projets éoliens sont portés font entendre leurs voix, se constituent en association et luttent courageusement pour préserver les paysages, la biodiversité, le patrimoine, leur cadre de vie, leur tranquillité. Ils le font avec des moyens modestes et avec une capacité d’action notamment contentieuse réduite à portion congrue. Les nuisances dont sont responsables les éoliennes sont innombrables (saturation des paysages, bruit, effets stroboscopiques, enlaidissement du patrimoine…). Dans ces conditions, il est nécessaire de rétablir un double degré de juridiction en matière de contentieux éolien.
2. La poursuite du développement anarchique des éoliennes se fait contre les élus locaux qui, bien qu’élus pour gérer les affaires de leur commune, n’ont pas leur mot à dire lorsqu’un promoteur souhaite implanter un parc éolien dans leur commune ou dans une commune limitrophe.
3. La poursuite du développement anarchique des éoliennes se fait en dépit de tout bon sens. À coup de campagnes de promotion, les éoliennes ont été érigées en symbole de l’écologie politique. Il s’agit pourtant d’une énergie non pilotable et intermittente ‑ une éolienne ne fonctionne à plein régime que 21 % du temps. Là où l’éolien est développé, il y a du gaz voire du charbon, l’exemple allemand en est l’illustration. L’énergie d’origine éolienne n’est ni en capacité d’assurer notre souveraineté énergétique, ni efficace pour réduire les émissions de CO2.
4. La poursuite du développement anarchique des éoliennes mine la souveraineté énergétique de la France. La PPE 2019‑2028 fixe des objectifs faramineux en matière de production d’énergie d’origine éolienne avec un objectif compris entre 32,2 GW et 34,7 GW pour l’éolien terrestre et compris entre 5,2 et 6,2 GW pour l’éolien en mer, et ce pour atteindre l’objectif de 15 % de production d’électricité d’origine éolienne en 2028. Cette montée de l’éolien se fait au détriment de l’énergie nucléaire dont la part dans le mix énergétique devrait selon la PPE 2019‑2028 reculer à 50 % à l’horizon 2035 via la fermeture de 14 réacteurs nucléaires. La poursuite d’objectifs aussi déraisonnables ne fera hélas que renchérir davantage le prix de l’électricité pour nos compatriotes.
5. La poursuite du développement anarchique des éoliennes sape les finances publiques de la France. L’installation d’éoliennes est encouragée via un système de financement qui instaure une obligation de rachat par EDF de l’électricité produite par les parcs éoliens terrestres et en mer. À titre d’exemple, le promoteur étranger qui a procédé à l’implantation des éoliennes en baie de Saint‑Brieuc percevra, grâce à cette obligation de rachat, 4,7 milliards d’euros d’aide d’État sur 20 ans. Pour le projet de la baie de Saint‑Brieuc, le tarif de rachat de l’électricité a été fixé à 155 euros le MWh à un moment où le prix du marché avoisinait les 50 euros du MWh. Ce prix a même été réévalué à 196 euros du MWh soit 3 fois le prix du marché. L’électricité produite en baie de Saint‑Brieuc est donc l’électricité, produite par des éoliennes posées, la plus chère du monde.
Au vu de ces éléments, il est urgent de légiférer afin d’encadrer le développement de l’éolien.
L’article 1 a pour objet d’accorder, pour tout projet éolien, un véto aux maires des communes consultées dans le cadre de l’étude environnementale. Ainsi, si une ou plusieurs communes consultées se prononcent contre le projet, l’autorisation d’exploiter ne pourra en aucun cas être délivrée.
Les progrès technologiques permettent de produire des éoliennes toujours plus hautes. Dans ce contexte, la distance minimale entre les habitations et les éoliennes doit évoluer. La hauteur d’une éolienne détermine ses nuisances, il est donc naturel de ne pas appliquer la même distance pour tous les ouvrages. C’est pourquoi, l’article 2 vise à faire appliquer la règle dite des « 10 H » qui permet d’adapter la distance d’éloignement des éoliennes en fonction de leur hauteur et ainsi préserver les paysages et la tranquillité des riverains.
Les articles 3 et 4 visent à rétablir le double degré de juridiction en matière de contentieux pour les éoliennes terrestres et en mer. Il permet de rétablir l’appel au fond.
L’article 5 propose quant à lui de mettre fin à l’obligation de rachat par Électricité de France (EDF) de l’énergie produite par les éoliennes terrestres et en mer.
Tel est l’objet de la présente proposition de loi.
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proposition de loi
Article 1er
L’article L. 181‑3 du code de l’environnement est complété par un III ainsi rédigé :
« III. – L’autorisation environnementale ne peut être accordée pour les projets d’installations de production d’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent, lorsque au moins une des communes consultées en application des articles R. 181‑38 et R. 181‑54‑4 du présent code émet un avis défavorable ».
Article 2
À la fin de la troisième phrase du dernier alinéa de l’article L. 515‑44 du code de l’environnement, les mots : « 500 mètres » sont remplacés par les mots : « une distance égale à dix fois la hauteur de l’ouvrage, pales comprises ».
Article 3
Le chapitre Ier du titre II du livre III du code de justice administrative est ainsi modifié :
1° À la première phrase de l’article L. 311‑13, après le mot : « mer », sont insérés les mots : « , à l’exception des appareils de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent, ».
2° À la fin, il est ajouté un article L. 311‑14 ainsi rédigé :
« Art. L. 311‑14. – Les cours administratives d’appel sont compétentes pour connaître, en premier ressort, des recours juridictionnels formés contre les décisions relatives aux installations terrestres et maritimes de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent ainsi qu’à leurs ouvrages connexes. »
Article 4
I. – L’article L. 211‑2‑1 du code de l’énergie est abrogé.
II. – L’article L. 411‑2‑1 du code de l’environnement est abrogé.
Article 5
Au début du 3° de l’article L. 314‑1 du code de l’énergie, les mots : « Les installations de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent qui sont implantées à terre ou qui sont implantées sur le domaine public maritime ou dans la zone économique exclusive et les installations qui utilisent l’énergie marine, » sont supprimés.
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